Croissance, pas croissance ?
EDITO. Le Conseil de la Banque centrale, tenu hier, était très attendu, eu égard au contexte actuel. En effet, voilà quelques semaines que le gouvernement fait miroiter un début d’espoir quant à un semblant de reprise dans les principales branches économiques. Nombreux sont les analystes qui attendaient d’avoir le son de cloche de Abdellatif Jouahri pour savoir ce qu’il en était réellement. Passé cette réunion, le diagnostic économique de la Banque centrale qui a été rendu public ne rassure pas plus qu’avant. Il faut dire que les pronostics formulés par Bank Al-Maghrib, au titre de sa dernière réunion trimestrielle pour l’année 2020, ont de quoi laisser mitigé même le plus serein des observateurs.
D’une part, l’institution confirme l’ampleur de la récession annoncée auparavant pour l’actuel exercice financier (-6,6%) et, de l’autre, elle table pour 2021 sur une performance de 3,3% dans les activités non-agricoles et de 13,8% sur la valeur ajoutée agricole. Plus qu’un pas de géant, ce serait là une prouesse que notre économie nationale réussirait. Une économie pour laquelle Bank Al-Maghrib prévoit un taux de rebond de la croissance à 4,7% en 2021 et une consolidation à 3,5% en 2022. Après une année passée à subir et à s’inquiéter des répercussions de la crise sanitaire, et même si, auparavant, pareils scores laissaient sur leur faim les politiques et les économistes, chacun de nous ne demande aujourd’hui qu’à voir ces prévisions se concrétiser rapidement.
Néanmoins, dans ce jeu de hasard économique, Jouahri joue la prudence, les aléas liés à la Covid-19 semblant détenir toutes les autres cartes. D’ailleurs, et comme pour se dédouaner, BAM souligne que «ce scénario reste entouré d’un degré élevé d’incertitudes». Puis, une virgule plus loin, l’institution estime que «les développements récents dont essentiellement l’initiative de la vaccination anti-Covid-19 à grande échelle au niveau national, mais également dans plusieurs pays partenaires, ainsi que la mise en place d’un fonds stratégique dédié à l’investissement, suggèrent que la balance des risques serait orientée à la hausse». Que doit-on en déduire, optimisme ou prudence, Monsieur Jouahri ? Peut-être les deux à la fois…
Meriem Allam / Les Inspirations Éco