Ziane : «Je verrais mon nom barré de la liste des avocats»
Mohamed Ziane, ex-avocat de Nasser Zefzafi, leader du hirak du Rif détenu à la prison locale d’Ain Sebaâ 1 (Oukacha), a été convoqué par le parquet général près la Cour d’appel, pour le 25 janvier courant. Pour cause : une lettre où Zefzafi aurait rejeté fatalement être un séparatiste et que Ziane avait communiquée au juge d’instruction.
LesEco.ma : Que pensez-vous de votre convocation par le parquet général ?
Mohamed Ziane : Il revient de tout droit au parquet général de me convoquer pour comparaître devant le Conseil disciplinaire, et j’ai grandement confiance en la Justice. Toutefois, il aurait été meilleur si ces poursuites judiciaires se faisaient à l’encontre des corrompus.
Maintenant, il faut dire que ce qui se passe est désolant, puisque j’avais communiqué de manière directe la lettre de Nasser Zefzafi au juge d’instruction, contrairement à ce qui a été véhiculé par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).
De toutes les façons, quand on est du côté de la vérité, autant se rassurer et avoir l’esprit sain.
Vous dites être du côté de la vérité. Pourriez-vous expliciter votre propos ?
Écoutez. Le dialogue entre l’avocat et l’accusé fait l’objet d’une liberté absolue. Aberration est donc toute tentative de vouloir aiguiser la manière de défendre que l’avocat adopte et les moyens qu’il met en œuvre pour ce faire !
Pour être plus clair, laissez-moi vous dire une chose. Selon la Loi, même le juge d’instruction, qui détient le plus grand pouvoir dans le pays, n’a pas le droit d’interdire le dialogue entre l’avocat et l’accusé.
La défense ne doit par conséquent jamais se voir conditionnée par un quelconque élément. Et c’est en enfreignant cette loi qu’ils ont cherché à m’évincer de la défense, et me séparer de Zefzafi qui, à l’occasion, restera toujours opprimé.
À votre avis, quel serait le ressort de votre comparution devant le Conseil disciplinaire de la Cour d’appel ?
Si l’on s’en tient à la loi, il faudra que la Cour d’appel commence par sensibiliser le procureur général en lui rappelant que ce qu’il a fait ne relève aucunement de ses fonctions !
Si l’on se base sur d’autres considérations malsaines, je verrais mon nom barré de la liste des avocats…
En général, ce que le Maroc risque à l’issue de l’après 25 janvier est non seulement navrant, mais honteux. On risque de devenir la risée du monde en matière de justice. Nous démontrerons que nous n’avons aucune estime pour les droits de la défense. Ce qui est intolérable aux yeux de la communauté internationale…et navrant pour notre pays.
Une dernière chose que j’aimerais ajouter, il faudra rappeler que nous avions par le passé assuré la défense de personnes qui ont ambitionné de tuer le roi Hassan II. Nous parlons ici d’Oufkir, d’Ababou et d’Amekrane.
Cela dit, je réitère ma confiance en la Loi et espère qu’elle rendra justice à qui la mérite.