Un candidat de la base brigue le poste de secrétaire général
Mohammed Benmoussa, membre du conseil national du parti de la balance, a décidé de se porter candidat à la fonction de secrétaire général du parti lors du 17e congrès prévu le 29 septembre. Une demande a été adressée au président de la commission préparatoire du congrès en vue d’apporter des amendements aux statuts du parti avant de pouvoir valider la candidature.
À l’instar du secrétaire général sortant Hamid Chabat et de Nizar Baraka, un troisième candidat a officialisé son intention de briguer la tête de la formation historique lors du prochain mandat. Mohammed Benmoussa, membre du conseil national du parti, a en effet annoncé dans un communiqué de presse que la démarche de dépôt de sa candidature a été achevée le 26 septembre, chose qui a été précédée d’une demande d’amendement des statuts du parti pour que sa candidature puisse répondre aux exigences imposées par le règlement intérieur de l’Istiqlal. Seuls les membres du bureau exécutif du parti peuvent briguer un mandat de SG du parti. Une norme qui jusqu’à maintenant empêche les membres du petit Parlement du parti de se porter candidats. «Vu que cette candidature ne s’accommode pas avec les dispositions de l’article 54 des statuts de notre parti, je présente ma demande d’inscrire l’amendement de cette disposition dans l’ordre du jour du congrès», peut-on lire dans la lettre adressée par Benmoussa au président de la commission préparatoire.
La demande semble dépasser l’enjeu des élections pour le nouveau candidat qui vise avant tout à «ouvrir la possibilité de candidature à tous les membres du conseil national qui désirent se porter candidats»; autrement dit, de démocratiser l’accès au leadership de l’Istiqlal.
Le 3e candidat devra également exposer les grandes lignes du projet qu’il a préparé «en tant que contribution aux travaux du congrès», précise-t-il. L’ouverture de la brèche souhaitée par le candidat «surprise» des élections du parti de la balance témoigne du besoin des militants du parti d’avoir des candidats représentant les différentes composantes de l’Istiqlal, notamment les jeunes. Reste à savoir si la demande principale de Mohammed Benmoussa sera acceptée par la commission préparatoire du 17e congrès qui s’annonce décisif pour le parti historique, pour son positionnement au sein de l’échiquier politique comme pour le volet de la relance attendue à l’issue de ces élections.
Mohammed Benmoussa
Candidat au poste de SG de l’Istiqlal
Les Inspirations ÉCO : La demande de révision du règlement interne du parti, en vue de valider votre candidature, a-t-elle des chances d’aboutir ?
Mohammed Benmoussa : Franchement, je n’en sais rien à l’heure où je vous parle. Pourtant, une telle question devrait être une pure formalité dans tout parti politique moderne qui se respecte, où les règles de démocratie interne sont appliquées. L’Istiqlal traverse une crise profonde, probablement la plus grave de son histoire. Rester prisonniers de ce duel artificiel Chabat/Baraka sans débat de fond et sans permettre aux cadres les plus expérimentés de participer à la rénovation intellectuelle, politique et programmatique du parti serait le pire scénario pour l’Istiqlal. En tout état de cause, j’ai officiellement posé le problème au secrétaire général du parti, au président de la Commission préparatoire du congrès et au président du congrès. Et si la raison ne venait pas à l’emporter sur cette question d’ici vendredi prochain, la décision finale devrait appartenir aux congressistes.
Certains observateurs avisés de la scène politique vous qualifient «de candidat trouble-fête». Comment comptez-vous changer cette «appréhension» ?
C’est plus un jugement de valeur qu’une appréhension. Et puis, êtes-vous sûr qu’il s’agit d’observateurs avisés? Ne seraient-ils pas plutôt des apparatchiks formatés? Ma démarche pourrait paraître inhabituelle dans le contexte politique national. J’en conviens volontiers. Mais au-delà des apparences, elle me semble, au contraire, tout à fait légitime et adaptée à l’ampleur de la crise du parti. Je pense que la responsabilité politique n’est ni une Commedia dell’arte, ni une joyeuse fête entre copains. C’est, avant tout chose, une profession de foi, une charge et un engagement vis-à-vis des citoyens. Ce n’est pas non plus un orchestre philharmonique où l’on vient jouer une symphonie préalablement écrite par des orfèvres de la partition musicale. C’est un lieu d’expression libre et de débats, de confrontations d’idées et de projets et, in fine, de compétitions entre personnalités. Je pense que beaucoup d’entre nous refusent un choix kafkaïen entre un leadership populiste et un autre à caractère familial et patrimonial. Je suis convaincu que les vrais militants et les sympathisants de l’Istiqlal, ainsi que l’opinion publique, mesurent à quel point le pluralisme de l’offre politique que j’incarne à travers ma candidature est fondamental pour la respiration démocratique du parti.
Enfin, quel est le principal message à l’origine de votre candidature ?
Nous devons mettre un terme à nos penchants idéologiques et faire cesser les postures victimaires ou professorales. Proposer une journée par mois de bénévolat, c’est de la tarte à la crème. Soyons sérieux! Nous devons traiter les problèmes concrets des citoyens et de la jeunesse prioritairement, de son accès à l’éducation, à la santé, au logement, à l’emploi, à la culture et au sport. Nous devons produire des idées politiques, élaborer un projet de société, construire une offre programmatique et fédérer une équipe de direction compétente, loyale, indépendante et intègre. Nous devons mettre l’Istiqlal en ordre de marche au service des citoyens et des institutions de notre pays. Je suis parfaitement conscient de cet enjeu et je me suis préparé pour le relever avec une nouvelle génération de militants émérites qui partagent la même vision et le même sens à donner à l’engagement politique et qui, comme moi, souhaitent assumer leurs responsabilités face aux citoyens et face à l’histoire de leur parti.
