Radouane Mrabet : “La généralisation du préscolaire est considérée comme prioritaire”

Radouane Mrabet
Professeur émérite et ancien président d’université
Le Conseil des ministres du 19 octobre 2025 a clairement confirmé que l’éducation demeure une priorité nationale, au même titre que la santé et la protection sociale. Le communiqué du Cabinet Royal annonce une enveloppe budgétaire globale de 140 milliards de dirhams pour les secteurs de la santé et l’éducation.
Ce chiffre traduit manifestement un engagement fort de l’État à investir dans le capital humain, qui est le véritable moteur du développement de notre pays. Le communiqué annonce également la création de 27.000 postes budgétaires dans ces deux secteurs dont une grande partie ira au recrutement de nouveaux professeurs des écoles.
Ces derniers seront formés dans les 12 écoles normales supérieures relevant des universités publiques marocaines. À l’issue d’une formation de trois années, ils complèteront leur formation durant deux années dans les CRMEF (Centre régional des métiers de l’éducation et de la formation) relevant du ministère de l’éducation nationale. Le communiqué évoque plusieurs chantiers prioritaires dont la généralisation du préscolaire, l’amélioration des services d’appui à la scolarité et la mise à niveau territoriale.
La généralisation du préscolaire est considérée comme prioritaire car c’est un levier fondamental pour réduire les inégalités dès la petite enfance. Elle conditionne la réussite future de l’élève. Quant aux zones rurales et reculées, le texte du Conseil des ministres met en avant un principe capital : la justice territoriale. On ne peut plus concevoir une réforme éducative qui ignore les disparités régionales.
Les zones de montagne, les oasis ou encore les régions enclavées doivent bénéficier d’un traitement différencié et prioritaire, avec des infrastructures adaptées, un accompagnement social et des incitations pour attirer les enseignants. Cela dit, il faut être lucide, le défi réside dans la mise en œuvre. Il est impératif d’améliorer la gouvernance du secteur en accélérant les procédures administratives et en procédant à des évaluations régulières et ciblées.
Par ailleurs, la réforme éducative doit être pilotée en ayant un œil sur un ensemble d’indicateurs d’impact mesurables tels que le taux de décrochage et le niveau de maîtrise des compétences fondamentales. Je pense qu’un élément important doit être pris en compte : il s’agit de la transformation numérique de l’école.
Il est impératif d’accélérer la digitalisation de l’enseignement pour qu’il devienne un levier essentiel pour rehausser les apprentissages des élèves. Il ne faut surtout pas oublier que le monde est entré dans l’ère de l’intelligence artificielle qui bouleverse tous les secteurs, y compris l’éducation. Je termine en rappelant qu’il ne faut pas considérer l’éducation comme une dépense mais plutôt comme un investissement majeur pour notre pays et le futur de nos citoyens.
Abdelhafid Marzak & Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO