Tourisme CAN 2025, une opportunité, de nouveaux records !

En quelques saisons, le Maroc a vu s’intensifier son attractivité touristique, comme en témoignent les records affichés au niveau des principaux indicateurs. Une embellie qui doit beaucoup aussi à l’engouement suscité par les Lions de l’Atlas. La Coupe d’Afrique des nations, prévue en décembre, promet de prolonger cette dynamique.
L’élan né de l’épopée des Lions de l’Atlas au dernier Mondial a propulsé le Maroc, en l’espace de quelques saisons, parmi les destinations phares de la carte touristique mondiale. Depuis, l’économie des vacances tourne à plein régime, engrangeant plus de 112 milliards de dirhams de recettes et attirant un nombre record de 17,4 millions de visiteurs en 2024. Ce dynamisme nourrit cependant la crainte d’un emballement uniquement porté par l’effet d’image ou la conjoncture que par des fondamentaux solides. Pourtant, selon la dernière revue de conjoncture de Bank Al-Maghrib, la tendance se confirme au premier semestre 2025, avec près de 8,9 millions de touristes recensés et 14,3 millions de nuitées dans les établissements classés. À fin juin, les recettes de voyages frôlaient déjà 54 milliards de dirhams (MMDH), avec une avance perceptible dès mai. Le panier moyen s’est maintenu, malgré une clientèle estivale dominée par la diaspora. «L’enjeu est désormais d’éviter une course aux prix qui fragiliserait la compétitivité de la destination. Si la ligne de la qualité l’emporte sur la flambée tarifaire, les recettes dépasseront le sommet atteint en 2024», estime un hôtelier de Marrakech. Le hasard du calendrier offrira un prolongement inattendu de la prochaine haute saison. La Coupe d’Afrique des nations, qui débute le 21 décembre, transformera en effet les fêtes de fin d’année en un cycle prolongé. Disputée sur neuf stades répartis entre Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès et Tanger, la compétition verra ces villes accueillir simultanément supporters, délégations, touristes de loisirs et membres de la diaspora en séjour au pays.
Une aubaine pour l’économie locale
Il faut souligner l’effet d’entraînement qu’un évènement de cette ampleur imprime à l’économie locale. Dès l’annonce de l’organisation, les projections évoquaient une hausse de 10 à 20% du tourisme international, portée à la fois par les supporters, les délégations et la presse étrangère. Cette dynamique irriguerait directement l’hôtellerie, la restauration, le transport et les services urbains, générant entre 200 et 400 millions de dirhams de chiffre d’affaires additionnel concentré sur la durée du tournoi. À cela s’ajouterait un surcroît d’emplois temporaires, mobilisant plusieurs lignes de métiers (chauffeurs, hôteliers, restaurateurs, agents de sécurité, techniciens et prestataires de l’événementiel). Les retombées prendraient aussi la forme d’investissements structurants, des stades modernisés aux réseaux de transport et équipements urbains améliorés, de nature à rehausser la qualité de vie et à soutenir l’économie à moyen terme.
Économie à part entière
Désormais, le tourisme ne se réduit plus à un simple relais de croissance, mais s’affirme comme un pilier central de l’économie nationale. En effet, l’industrie du voyage génère aujourd’hui plus d’un emploi sur dix, avec un effet d’entraînement sur l’artisanat, la restauration et les services connexes. «Nous sommes passés d’un secteur de soutien à une véritable économie du voyage, mais cette dépendance accrue impose une vigilance face aux chocs externes», analyse un consultant en stratégie touristique. Les fragilités de fond persistent. La ville ocre continue de concentrer l’essentiel des nuitées, tandis que des régions comme l’Oriental ou le Souss-Massa peinent à trouver leur place. «Le défi n’est pas seulement d’accueillir davantage de visiteurs, mais de répartir les flux et de bâtir des infrastructures à même de résister à l’épreuve du temps», rappelle un professionnel du secteur. Ce déséquilibre se heurte à la réalité du marché de l’hébergement. Sur les plateformes internationales comme Booking, Tripadvisor ou Airbnb, l’offre reste accessible pour la fin d’année, malgré l’afflux attendu avec la CAN. Un signal rassurant pour les voyageurs de dernière minute, mais aussi l’indice d’une capacité d’absorption encore solide. L’hébergement se révèle disponible, mais les billets de la compétition tardent à être mis en vente. À mesure que l’échéance approche, cette absence nourrit la crispation et entretient l’incertitude chez les supporters.
La CAN, prochain rendez-vous de la diaspora
La Coupe d’Afrique des nations rebat les cartes du calendrier touristique. Une partie des Marocains résidant à l’étranger a choisi de différer son retour au pays, préférant décembre et les fêtes de fin d’année pour assister à la compétition. Cela se fait d’abord sentir dans les chiffres, avec un début d’été moins agité. Selon les données de Bank Al-Maghrib, les transferts des MRE se sont établis à 55,9 milliards de dirhams à fin juin 2025, en recul de 2,6% sur un an. Mais ce n’est pas le signe d’un essoufflement puisque ces dépenses devraient être reportées sur l’hiver, avec la CAN pour horizon. L’effet d’entraînement promet d’être majeur. En 2024, les recettes de voyages avaient culminé à 112 milliards, portées par la présence estivale massive des MRE. Si la dynamique se déplace vers décembre à l’occasion de la CAN, le Maroc s’apprête à vivre une haute saison prolongée, où la diaspora pèsera à la fois par sa ferveur sportive et par le poids de son portefeuille.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO