Marhaba 2025 : la douane ajuste son dispositif pour mieux accueillir la diaspora

Face aux critiques récurrentes sur la rigidité administrative, l’administration douanière publie une circulaire introduisant plusieurs mesures d’assouplissement. Objectif annoncé : faciliter le retour temporaire ou définitif des Marocains résidant à l’étranger.
Chaque été, des millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE) rentrent au pays dans le cadre de l’opération Marhaba. Un moment de retrouvailles attendu par des milliers de familles, mais qui demeure marqué par des contraintes administratives parfois jugées trop lourdes par les principaux intéressés. Consciente de ces critiques, l’administration douanière publie une circulaire introduisant plusieurs mesures destinées à simplifier certaines procédures.
Parmi les mesures phares annoncées, la circulaire prévoit un assouplissement notable pour les MRE âgés de plus de 60 ans et justifiant d’une résidence d’au moins dix ans à l’étranger. Ceux-ci bénéficient toujours d’un abattement de 90% sur les droits de douane des véhicules importés. Nouveauté toutefois, l’administration accepte désormais d’autres justificatifs de séjour que la seule attestation consulaire couvrant les dix dernières années. Des documents, tels qu’une carte d’identité étrangère, un certificat de résidence à l’étranger ou même un historique détaillé délivré par une autorité locale compétente deviennent ainsi recevables, sous réserve de leur authentification.
L’administration entend ainsi mettre fin aux blocages liés à la rigueur excessive d’une preuve unique, tout en maintenant intacte la condition fondamentale du séjour à l’étranger. Autre évolution majeure, celle concernant les MRE de retour définitif. Ces derniers bénéficient historiquement d’un «vieillissement» fiscal de trois ans sur la valeur taxable des véhicules qu’ils importent.
Jusqu’à présent, l’octroi de cet avantage était conditionné à la présentation systématique de fiches de paie ou de justificatifs fiscaux couvrant les deux années précédant leur retour. Désormais, cette exigence, perçue comme obsolète, est levée par souci de fluidité administrative. Une simplification bienvenue qui répond à une attente largement exprimée par la communauté expatriée.
Dispositif contraignant
Si ces avancées sont saluées, la réalité demeure cependant contrastée. L’importation temporaire de véhicules reste soumise à un régime strict d’Admission temporaire (AT), limité à 180 jours par année civile, non renouvelable sauf exception.
Les situations imprévues, comme un retour précipité à l’étranger ou un décès du titulaire du véhicule, entraînent souvent des démarches administratives compliquées pour les ayants droit, sans véritable flexibilité prévue par le dispositif. En filigrane, le rapport insiste sur la nécessité de «renforcer la coopération» avec les différents acteurs institutionnels impliqués dans l’opération Marhaba.
Pourtant, cette ambition peine encore à trouver une traduction pratique, notamment en raison de la multiplicité des interlocuteurs administratifs et de l’absence réelle d’un guichet unique, un manque que la circulaire entend par ailleurs combler.
Malgré des progrès tangibles, le modèle administratif appliqué aux MRE reste empreint d’une logique de contrôle strict avec des exigences déclaratives perçues comme contraignantes par les Marocains du monde. La simplification promise, bien qu’engagée, semble encore loin de combler pleinement les attentes d’une diaspora aux profils toujours plus diversifiés et dont l’aspiration première demeure une relation plus fluide avec l’administration de son pays d’origine.
Admission temporaire des véhicules, un régime «rigide» pour les MRE
Si la circulaire apporte des ajustements positifs, elle maintient inchangées certaines contraintes importantes liées au régime de l’admission temporaire (AT). Celui-ci reste limité à 180 jours par an et par véhicule, sans prorogation possible, sauf rares exceptions. Le dépassement du délai entraîne automatiquement des pénalités financières pouvant atteindre jusqu’à 10.000 dirhams pour un retard de plus de 180 jours.
Cette rigidité se traduit par des difficultés récurrentes pour les familles confrontées à des situations imprévues. Même en cas de décès du titulaire de l’AT, la régularisation auprès des services douaniers reste obligatoire, imposant une charge administrative lourde aux proches déjà affectés.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO