Maroc

Le Maroc va limiter l’exportation de l’huile d’argan

Dans le contexte actuel de resserrement des budgets, de rareté de certaines matières premières et de fragilisation de certains tissus productifs, le Maroc ne veut perdre aucun dirham de la chaîne de valeur de l’huile d’argan. Surtout pas laisser cet argent entre les mains des reconditionneurs et autres détaillants, quand on est l’unique producteur  de “l’or liquide”.

Le Maroc coupe l’herbe sous les pieds des détaillants et reconditionneurs d’huile d’argan basés hors de ses frontières. En effet, désormais les exportations d’huile d’argan en vrac sont soumises à licence d’exportation. Du moins, à compter du 1er juillet, donc très bientôt.

Dans la circulaire n°6312/311 datant du 6 avril dernier, les services de la douane prennent acte de la publication au Bulletin officiel n°7078 du 31/3/2022 de l’arrêté du ministre de l’Industrie et du commerce n°109-22 du 12/1/2022 complétant l’arrêté n°1308-94 du 19/04/1994 fixant la liste des marchandises faisant l’objet de mesures de restrictions quantitatives à l’importation et à l’exportation.

Ainsi, aux termes de l’article 1er du nouvel arrêté, l’exportation de l’huile d’argan torréfiée et non torréfiée, en récipients contenant plus de cinq litres, sont désormais soumise à licence d’exportation à compter du 1er juillet prochain. Soulignons que les produits concernés relèvent des positions tarifaires «EX 1515.90.92.00», «EX 1515.90.98.00» et «EX 3304.99.00.10».

Le pourquoi de la décision ?

À travers cette mesure, le gouvernement vise à contrôler les quantités exportées, quelle que soit la contenance, et de maintenir les emplois des personnes travaillant dans la filière au Maroc, notamment les emplois intervenant tout le long de la mise en bouteille, a expliqué Mustapha Baitas.

Très prisé dans le secteur de la cosmétique et généralement reconditionné dans des petites bouteilles à destination, l’huile exportée en vrac ne profite pas au Maroc. Alors, pour conserver une part non négligeable de la valeur-ajoutée, la décision est la bienvenue. Soulignons que les exportations d’huile d’argan enregistrent une augmentation significative depuis le lancement du plan Maroc Vert (+35.4%).

L’UE est la principale destination des exportations d’huile d’argan avec une part en volume de 86% en 2017- 2018. La valorisation et le conditionnement de la production de l’arganier est réalisée via 235 unités de valorisation, essentiellement basée dans les régions de Souss-Massa, Marrakech-Safi et Guelmim-Oued Noun.

La filière de l’arganier joue un rôle socio-économique important grâce à ses usages multiples et diversifiés (emploi, productions, exportations, etc.), ses propriétés environnementales confirmées pour le maintien de l’équilibre écologique ainsi que ses vertus sanitaires, alimentaires et cosmétiques reconnues.

Sur le plan socio-économique, la filière génère un chiffre d’affaires total national de 1.139 MDH, 11 millions de journées de travail par an, 12.000 emplois et une valeur d’exportation de 273 MDH. Souvent appelée «or liquide», l’huile d’argan est produite à partir des noyaux du fruit de l’arganier, qui pousse uniquement au Maroc. Depuis 1998, ces arbres font même partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Comment s’y prendre pour exporter quand même ?

Dès le 1er juillet, les exportateurs désirant bénéficier de licences d’exportation des produits susmentionnés devront déposer leurs demandes sur la plateforme PortNet accompagnées d’une copie de la facture pro-forma. Beaucoup apprécié pour ses vertus, le prix moyen de l’huile d’argan a grimpé de 25% entre 2012 et 2019.

Et avec la limitation de l’exportation en vrac, les prix vont encore grimper. La raison est que cette huile est riche en ingrédients naturels tels que la vitamine E, la vitamine A et beaucoup d’antioxydants. Ses composants sont particulièrement précieux pour la peau et les cheveux en raison de leurs vertus hydratantes. Par conséquent, elle est de plus en plus utilisée au sein des produits cosmétiques.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO

 

 


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