Maroc

Projets en suspens et budget rejeté : Fès paie le prix de l’impasse politique

Privé du soutien de sa majorité, le maire de Fès, Abdeslam El Bekkali, fait face à un blocage institutionnel. Cette crise de gouvernance a conduit au rejet du budget et à la mise en suspens de projets essentiels, faisant peser une lourde hypothèque sur l’avenir administratif et le développement de la ville.

La commune de Fès fait face à une situation de blocage administratif qui entrave son fonctionnement et compromet son développement. L’incapacité du Conseil communal à délibérer de manière constructive a pour conséquence directe la suspension de décisions importantes pour l’avenir de la ville.

Cette paralysie est la manifestation d’une crise politique profonde, le maire Abdeslam El Bekkali ayant perdu le soutien de sa majorité. La session ordinaire d’octobre, prolongée à quatre reprises, illustre cette difficulté à gouverner et plonge la gestion municipale dans une phase d’incertitude préjudiciable aux services publics et aux projets d’investissement.

Budget 2026 : un rejet par 15 voix et une administration à l’arrêt
Le point culminant de cette impasse a été le rejet du projet de budget pour l’année 2026. La proposition n’a obtenu que 12 voix favorables, contre 15 voix de l’opposition. Cet échec met en péril la planification financière de la commune. Sans budget de fonctionnement et d’équipement approuvé, les capacités d’action de l’administration locale sont limitées, ce qui pourrait retarder le financement de services essentiels et geler les nouveaux investissements.

Conformément à la réglementation, le maire dispose d’un délai de 15 jours pour convoquer une session extraordinaire afin de soumettre à nouveau le budget, mais le dénouement reste incertain dans un climat de défiance politique.

27 votants sur 91 membres présents
La faible mobilisation des conseillers lors des votes critiques révèle une fracture au sein de l’institution. Durant la délibération sur le budget, seuls 27 des 91 membres du conseil ont participé au vote. L’absentéisme marqué, y compris au sein des partis de la coalition majoritaire, démontre l’érosion de la discipline et du consensus nécessaires à la prise de décision.

Cette démobilisation transforme les sessions du conseil en une enceinte stérile où les points à l’ordre du jour peinent à être adoptés. La continuité de l’action municipale est ainsi directement menacée par l’incapacité du conseil à exercer pleinement ses prérogatives.

Projet place Florence : une validation par 22 voix remise en cause
L’impasse actuelle ne fait pas que bloquer les décisions futures. Elle jette également un doute sur la légalité de délibérations antérieures. Le projet d’aménagement de la place Florence, prévoyant un jardin et un parking, en est un exemple.

Adopté lors de la première séance avec seulement 22 voix, ce vote ne respecte pas les exigences de la loi organique 113.14 sur les communes. Ce texte impose une majorité absolue des membres en exercice, soit 46 voix, pour les décisions relatives à la gestion des services publics.

Des membres de l’opposition qui ont voté pour ce projet ont souligné que cette non-conformité procédurale fragilise le projet et expose la commune à des recours, illustrant comment l’instabilité politique génère une insécurité juridique pour les projets de développement.

Conflits internes et risque de tutelle administrative
Les causes de ce blocage sont à chercher dans les dissensions qui traversent la coalition au pouvoir. Des membres de partis alliés ont publiquement critiqué une «gestion unilatérale» et un manque de concertation, expliquant la défection d’une partie des conseillers de la majorité.

Face à une telle situation de paralysie durable, où le conseil ne parvient plus à adopter son budget ni à garantir la légalité de ses décisions, une intervention des autorités de tutelle est envisageable. Le nouveau wali de la région Fès-Meknès pourrait être amené à appliquer les procédures légales prévues pour assurer la continuité des services publics et rétablir le bon fonctionnement de l’institution communale.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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