Maroc

Blanchiment d’argent : pourquoi le Maroc est dans la liste grise du GAFI

Le royaume est placé sous surveillance pour ses défaillances dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, en compagnie de trois autres pays. Selon l’Unité de traitement du renseignement financier, relevant du Chef du gouvernement, ce sera bientôt un mauvais souvenir.

Du nouveau dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le Maroc, le Sénégal, le Burkina Faso et les îles Caïmans ont été placés sous surveillance par le Groupe d’action financière (Gafi). Le verdict est notamment tombé jeudi dernier, à l’issue d’une réunion plénière des délégués représentant les 205 membres du Réseau mondial et les organisations ayant le statut d’observateur (FMI, Nations Unies et Banque mondiale) de cet organisme intergouvernemental. Ces quatre pays ont été ajoutés à la «liste grise» des pays présentant des «déficiences stratégiques», notamment au niveau de leurs normes techniques mais également d‘efficacité. Néanmoins, les quatre nations ont pris l’engagement de mettre en oeuvre des plans d’action dans des délais impartis pour améliorer leur situation.

Faiblesse dans les jugements et condamnations
Dans le cas du Maroc, pays membre fondateur du GAFI Moyen Orient et Afrique du Nord (GAFI MOAN), «le royaume a été épinglé surtout à cause de la faiblesse de ses résultats immédiats». Entendez que l’évaluation de son efficacité a fait apparaître un nombre de jugements et de condamnations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme encore en deçà du niveau recommandé par le GAFI. Contactée par les Inspirations ECO, l’Unité de traitement du renseignement financier (UTRF), qui est la cellule marocaine de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), explique que «cette situation due à un vide juridique sera bientôt réglée. En effet, le projet de loi 12/18 amendant la loi 43-05 relative au blanchiment de capitaux est très bien avancé dans le circuit d’adoption».

Un plan d’action pour y remédier
D’ailleurs, c’est ce qui a encouragé «le Maroc à s’engager de plein gré sur un plan d’action dont la mise en œuvre permettra, d’ici décembre prochain, de remédier à toutes ses lacunes» . En effet, le 21 février dernier, donc quatre jours avant la sentence du GAFI, le Maroc a pris un engagement politique de haut niveau à travailler avec le GAFI et le MENAFATF (GAFI MOAN) pour renforcer l’efficacité de son régime de LBC/FT. Depuis l’achèvement de son Rapport d’évaluation mutuelle (REM) en 2019, le Maroc a progressé sur ses lacunes en matière de REM pour améliorer la conformité et l’efficacité techniques, notamment en coordonnant les activités et les objectifs de toutes les agences LBC / FT concernées afin d’être cohérent avec les risques de BC /FT identifiés et ajusté en fonction de l’évolution des risques.

En attendant, l’UTRF, qui est rattachée au chef du gouvernement, tempère les résultats en soulignant d’abord que «l’évaluation du GAFI est un processus cyclique normal visant à voir périodiquement dans quelle mesure ses pays membres appliquent sa méthodologie et ses normes». Ensuite, l’on nous y explique que «depuis 2013, marquant la fin de son premier cycle d’évaluation, le royaume était sortie de la liste grise du GAFI. Cela veut dire que d’importants efforts ont été menés pour parvenir à ce résultat ». Mais, depuis, le GAFI a opéré une réforme de sa méthodologie, c’est-à-dire que tous ses indicateurs sur la base desquels il évalue les pays ont été modifiés, ceci après la réforme totale de ses normes en 2012. Bien entendu, poursuit l’UTRF, «nous n’avons cessé de nous battre pour être au taquet. D’ailleurs, notre tout premier rapport de rating portant sur 13 recommandations a été adopté à 100% en novembre dernier. Ceci, sans oublier que le rapport du Maroc a été également adopté en avril 2019. Et tous ces efforts ont été salués». 

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco

 


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