Culture
Festival des Musiques sacrées : une clôture en apothéose
La 26e édition du Festival des Musiques sacrées du Monde s’est clôturée, dimanche soir à Fès, par des spectacles mêlant l’art du Samae et à la musique andalouse, animés par des troupes de renommée nationale et internationale.
La 26e édition du Festival des Musiques sacrées du Monde s’est clôturée, dimanche soir, à Bab el Makina, avec un spectacle dédié à l’art du «Samae» et à la musique andalouse. Au début de cette quatrième et dernière soirée, les frères de l’ensemble Al Zawiya d’Oman ont gratifié le public de chants véhiculant des messages d’amour et de paix et soigneusement sélectionnés, embarquant les mélomanes et les amoureux de cet art soufi dans une expérience spirituelle exceptionnelle.
Lors de cette exposition, l’ensemble Al Zawiya a livré une partie de l’expérience spirituelle omanaise qui glorifie l’humain et fait ressortir sa dimension spirituelle infinie. Par la suite, l’Orchestre de Fès et Chantres de Meknès de Mohamed Briouela a pris le relais avec une voie escarpée et lumineuse entre transitions modulantes et contrastes rythmiques. L’orchestre a puisé dans la musique andalouse marocaine qui est un répertoire traditionnel d’art.
Composé de musiciens venus des quatre coins du Maroc, l’orchestre a enchanté l’assistance avec son répertoire ancestral qui sert aussi bien le profane que le sacré. Le spectacle varié et haut en couleur a réussi à intégrer dans un bel ensemble les deux registres de «Al Ala» et le «Samae».
L’architecture et le sacré
Dans le cadre des activités de cette édition, plusieurs experts et chercheurs ont débattu de la relation entre les espaces, les modes de vie et le sacré dans l’architecture. Réunis dans le cadre du Forum du festival qui se tient sous le signe «L’architecture et le sacré», ces sommités se sont penchés sur l’analyse de la relation entre les espaces et le patrimoine bâti d’un côté et les modes de vie au Maroc, en général, et Fès, en particulier.
Cette rencontre, qui a été l’occasion de présenter des expériences comparées de certains pays dont l’Espagne, l’Italie, la France et Oman, s’est articulée autour des axes «Les espaces et les modes de vie en relation avec le sacré dans l’architecture» et «Les symboles du sacré dans l’architecture».
Lors de cette rencontre, les organisateurs du forum ont expliqué que l’architecture constitue une empreinte, un repère, un cadre et un cheminement des croyances, des religions et des spiritualités. «L’architecture cristallise la relation entre les valeurs, la culture, le culte, la religion et le mode de vie des humains au Maroc et ailleurs, ajoutant que le forum focalise sur la coexistence entre les religions et les civilisations», précise le coordonnateur du forum, Driss Kharrouz.
Et d’ajouter: «Les villes et les agglomérations humaines se développent souvent en fonction de monuments qui déterminent les contours, les orientations et les aménagements des espaces et des modes de vie des populations. La vie des communautés est souvent rythmée par leurs espaces sacrés».
Fès, un cas d’école
La médina de Fès est une des illustrations parfaites de cette imbrication entre les lieux de culte, les mausolées, les cimetières et autres lieux de magie et de quête d’intercession entre les humains et les forces surnaturelles. Il y a les magnifiques appels à la prière qui offrent cette pyramide vocale «chants religieux a cappella» qui monte des différentes mosquées de la médina en sons harmonieux, mystérieux, mystiques et apaisants.
Il y a aussi toutes les médersas, toutes les calligraphies et décorations qui citent, rappellent ou suggèrent des références de l’islam. Ces lieux et ces ornements ne sont pas en marge de la vie des gens, puisqu’ils sont dans le quotidien des populations, ils tracent leurs itinéraires et norment les lieux et les espaces qui déterminent et rythment leur quotidien. Cette sacralité, qui transcende bien le contexte de la pratique cultuelle, de ses calendriers et de ses codes, est la matrice du mode de vie des habitants.
Une connivence qui gravite autour du religieux donne des dimensions spirituelles fortes aux relations entre la société et son architecture. Placée sous le Haut Patronage de SM Mohammed VI, la 26è édition du Festival de Fès des Musiques sacrées du Monde a offert, du 9 au 12 juin courant, une programmation riche mettant à l’honneur une brochette exceptionnelle d’artistes et de formations dans des sites uniques et rares qui célèbrent le patrimoine de la capitale spirituelle.
Le programme de cette édition, axée autour de la thématique «L’architecture et le sacré», a connu la présence de troupes artistiques en provenance de 15 pays, dont le Sultanat d’Oman, le Kazakhstan, l’Inde, la France, l’Italie ou encore le Sénégal.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO