Culture

Agadez, un style ensoleillé

Des accessoires ethnico-chics, qui puisent dans le vintage et l’héritage amazigh : c’est que propose la jeune créatrice Jihane Kabbaje, qui a imaginé la marque Agadez. 

Quand la plupart des adolescentes se contentaient de chiner dans les magasins en essayant de copier les idoles et les tendances du moment, Jihane Kabbaje customisait ses vêtements, des jeans aux t-shirts, ne trouvant pas chaussure à son pied. La créatrice d’Agadir a vite compris que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même: elle décide alors de créer ses propres vêtements, à son goût, selon ses envies. «À Agadir, je ne trouvais pas mon bonheur côté fringues, alors j’ai appris à les «créer» en quelque sorte. L’idée de créer ma marque a grandi en moi petit à petit. J’ai toujours été attirée par l’art, je dessinais beaucoup, adolescente. Après avoir travaillé dans la communication et l’événementiel un petit moment, j’ai décidé de tout plaquer et d’entreprendre un voyage en Asie. Un voyage qui m’a permis de me reconnecter avec mon moi intérieur. C’est à mon retour que j’ai décidé de me lancer et de créer Agadez». La créatrice aventureuse a quitté la ville folle de Casablanca, où elle s’était installée pour commencer une carrière carrée dans la communication, la troquant volontiers pour un quotidien au soleil, face à la plage de Taghazout où la jeune femme vient d’ouvrir son concept store, y exposant sa marque et celles de quelques consœurs.

La marque Agadez est un choix de vie, et tout un symbole. La croix derrière la marque porte une histoire puisée d’une légende touareg populaire qui raconte qu’un jeune guerrier nomade voulait déclarer sa flamme à la jeune fille de son cœur. Mais cette dernière est enfermée chez elle, il ne peut ni la voir ni lui parler, ni même lui faire parvenir des messages sans la mettre en danger. Le forgeron du village, qui avait à l’époque une place très importante dans la société touareg puisqu’il fabriquait les instruments de cuisine, usinait toutes les pièces métalliques et concevait les bijoux des femmes, avait le droit d’entrer dans toutes les maisons des familles avec qui il commerçait. Le jeune fit alors forger un bijou qui combine les deux syllabes du mot tamashek «T(o)R(a)» signifiant «amour» et confia au forgeron la mission de transmettre le message d’amour à sa bien-aimée dans la plus grande discrétion. «Je pense que cette histoire d’amour m’a inspiré pour créer et transmettre de l’amour à travers chacune de mes créations. Chaque marque est différente et a une histoire à raconter», continue celle qui crée en écoutant de la musique, après avoir visionné les vidéos des défilés de marques. Une inspiration qui lui permet de se saisir de son crayon et de commencer à esquisser des croquis de modèles en laissant libre cours à son imagination. «Ça, c’est la première étape, la deuxième étant d’aller sillonner les marchés, souks, pour voir les tissus, les broderies, sfifa, les tapis, les cuirs … j’adore l’odeur des souks, les couleurs; m’y balader m’inspire de nouvelles choses». De nouvelles matières qu’elle travaille ensuite dans son atelier, où elle combine les tissus avec des accessoires, où elle choisit les peaux de cuirs pour les pochettes et sacs pour ensuite commencer la confection.

L’artiste gadirie puise beaucoup dans l’esprit ethnique, les cultures lointaines, tout en gardant un esprit marocain et berbère. «Je reprends les symboles berbères, j’essaye de les comprendre. Dans mes recherches, j’ai trouvé énormément de ressemblances entre notre culture berbère et la culture amérindienne», confie une Jihane Kabbage citoyenne du monde, qui jette des ponts artistiques entre différentes régions. Résultat: des accessoires fins et sophistiqués, qui respirent le style et l’authenticité, où les renvois aux tapis et les symboles tissés sont très présents. Un style épuré et bohémien très frais. La marque gadirie compte voyager en Australie où elle sera bientôt disponible. Elle compte s’exporter en Amérique, notamment aux États-Unis, histoire de faire voyager la culture berbère dans le monde. «C’est un héritage que l’on doit préserver mais aussi essayer de moderniser».


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