Walid Sheta : “Le Maroc agit concrètement là où beaucoup de pays se contentent de promesses”

Walid Sheta
Président de la zone Moyen-Orient & Afrique de Schneider Electric
À travers ses projets industriels et numériques au Maroc, Schneider Electric affirme son rôle de catalyseur de la transition énergétique sur le continent. L’entreprise mise sur l’innovation, le capital humain et des partenariats structurants pour accompagner le Royaume dans sa trajectoire de neutralité carbone et en faire un hub régional de formation et de déploiement technologique.
Quels sont les grands projets structurants que Schneider Electric pilote actuellement au Maroc pour accompagner la transition énergétique et industrielle du pays ?
Nous sommes très fiers de contribuer à l’essor économique du Royaume, qui réussit à conjuguer croissance et réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’avenir est, selon nous, électrique, car l’électricité est l’énergie la plus efficace pour transformer et gérer les ressources.
Au Maroc, Schneider Electric intervient sur l’ensemble des segments de marché, l’extraction minière, les infrastructures électriques et hydriques – notamment les projets de dessalement – mais aussi les bâtiments tertiaires, l’industrie et enfin le résidentiel, dont la consommation s’accroît avec la généralisation de la climatisation liée au changement climatique. Nous accompagnons tous ces secteurs grâce à nos technologies et logiciels qui permettent de réduire la facture énergétique.
Le Maroc se distingue particulièrement par son avance dans l’agenda de la neutralité carbone. Là où beaucoup de pays formulent des promesses, le Royaume agit concrètement. Nous participons ainsi aux projets structurants des secteurs minier, industriel et manufacturier. Le Maroc joue un rôle de véritable usine du Sud de l’Europe pour l’automobile, l’aéronautique et d’autres industries, où la maîtrise de la consommation électrique est déterminante pour la compétitivité. Ce qui est bénéfique pour la planète l’est aussi pour la performance financière des entreprises.
Le Maroc s’affirme aujourd’hui comme un hub régional de la transition énergétique et digitale. Quelles innovations concrètes Schneider Electric met-il en avant à travers l’Innovation Day de Casablanca ?
Nous travaillons toujours en partenariat avec les écosystèmes locaux. Schneider Electric s’appuie à la fois sur des fournisseurs marocains, qui produisent et alimentent nos chaînes, et sur des intégrateurs nationaux, véritables champions qui déploient nos solutions. Mais au-delà de la technologie, l’élément humain reste fondamental.
Nous avons un partenariat fort avec l’ENSEM, fleuron de l’enseignement technique et technologique du Royaume, qui nous permet de former des talents marocains et africains. On parle souvent de l’implantation industrielle, mais trop peu de la compétence logicielle. Or, la valeur ajoutée du numérique est encore plus forte que celle des produits physiques. Les logiciels exigent des talents, et ce sont ces talents qui créent de la valeur.
La durabilité et l’efficacité énergétique sont au cœur de votre mission. Comment Schneider Electric accompagne-t-il les entreprises marocaines et internationales dans leur décarbonation ?
Notre démarche commence par le conseil. Nous accompagnons gouvernements et entreprises dans la conception de leur stratégie de décarbonation, couvrant tous les scopes. Là où nous faisons la différence, c’est que nous ne nous limitons pas à la planification, nous exécutons aussi ces stratégies sur le terrain, dans tous les segments où nous opérons.
Prenons l’exemple du dessalement, crucial au Maroc comme ailleurs face au changement climatique. La question est simple, combien de kilowattheures faut-il pour produire un mètre cube d’eau ? Nous avons déjà travaillé sur de tels projets, et, aujourd’hui, il existe des solutions concrètes et accessibles qui permettent à la fois de décarboner et de réduire la facture énergétique. C’est applicable à toutes les ressources et infrastructures, y compris la mobilité électrique.
Par exemple, les véhicules électriques peuvent stocker de l’énergie dans leurs batteries et la restituer via des bornes de recharge lorsque le réseau en a besoin. Cela semble simple, mais cela requiert une gestion fine, rendue possible grâce à nos logiciels et outils digitaux.
L’Afrique est décrite comme un tournant majeur en matière de transition énergétique et digitale. Quelle place occupe le Maroc dans votre stratégie régionale ?
L’Afrique accueillera plus d’un milliard d’habitants supplémentaires dans les 50 prochaines années. La transition énergétique est indispensable pour soutenir ce développement. Le Maroc a déjà fait la démonstration de sa capacité à implémenter cette transition avec succès. Ce modèle peut inspirer et être répliqué ailleurs sur le continent.
Grâce à ses relations privilégiées avec de nombreux pays africains, le Royaume joue un rôle de plateforme. Concrètement, nous formons déjà nos techniciens et ingénieurs africains à Casablanca, dans le centre que nous avons inauguré récemment. Le Maroc est donc non seulement un marché stratégique, mais aussi une base de savoir-faire, de formation et de déploiement pour l’Afrique.
Le capital humain est central dans votre stratégie. Comment Schneider Electric aborde-t-il cette dimension au Maroc ?
La compétence technique est essentielle dans les nouvelles technologies. Nous sommes une entreprise technologique, et nos solutions exigent des ingénieurs hautement qualifiés. C’est vrai pour le développement logiciel, notamment dans les domaines liés à l’intelligence artificielle, où le besoin de compétences de pointe est croissant.
Nous trouvons ces talents au Maroc, et il est intéressant de souligner que de nombreuses femmes occupent aujourd’hui des postes clés dans l’ingénierie et le développement technologique. C’est une richesse pour nous et nous recrutons activement au Maroc pour répondre à cette dynamique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO