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Transporteurs routiers : le spectre de la grève plane toujours

Le gouvernement a décidé de l’octroi d’un nouveau soutien aux professionnels du secteur du transport routier. Le montant en sera fixé sur la base des prix de vente des carburants, conformément à une vieille doléance des professionnels. Pas suffisant cependant pour convaincre les transporteurs qui maintiennent leur menace de grève.

Après la 6e tranche de la subvention exceptionnelle supplémentaire, accordée le 28 septembre aux professionnels du secteur du transport routier, l’Exécutif vient de se prononcer pour l’octroi d’un nouveau soutien à la même catégorie professionnelle. L’annonce en a été faite jeudi par le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas.
Selon ce dernier, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à Rabat, il sera procédé au lancement de l’opération d’inscription via la plateforme électronique dédiée, expliquant que le montant du soutien sera fixé sur la base des prix de vente des carburants.
Pour rappel, le gouvernement avait lancé une opération de soutien exceptionnel aux professionnels du transport routier dans le but de préserver le pouvoir d’achat des citoyens, compte tenu de la conjoncture actuelle marquée par la hausse des prix des carburants à l’échelle nationale et internationale. Il vient ainsi de répondre à une vieille doléance des professionnels du secteur.
Depuis le début de cette opération, les transporteurs ont toujours reproché au gouvernement de ne pas tenir compte de la variation des cours mondiaux du pétrole qui impacte les prix du carburant au niveau local. «La subvention a été lancée au moment où le litre du gasoil se vendait à 12 DH. Aujourd’hui, il faut débourser près de 17 DH», nous disait, dans une précédente édition, un responsable syndical.
Il faut rappeler que le coût en carburant d’un trajet en voiture est loin d’être négligeable car variant entre 30% et plus de 50%, selon les catégories de transporteurs. En annonçant que le montant du soutien sera fixé sur la base des prix de vente des carburants, l’Exécutif «soulage» donc une partie des professionnels, mais une partie seulement.
En effet, les transporteurs routiers, qui menaçaient de déclencher une grève en guise de protestation – alors que le prix du gasoil vient de connaître une nouvelle hausse, dépassant les 16 DH/L – ne comptent pas baisser les bras malgré ce nouvel acquis dont ils minimisent la portée. «En réalité, cette mesure ne nous concerne pas, et d’ailleurs, je pense que nombreux sont les transporteurs qui n’iront pas s’inscrire sur la plateforme gouvernementale dédiée pour bénéficier de cette nouvelle tranche d’aide», s’emporte Ben Azzouz Mounir, secrétaire général national des professionnels du transport au sein de la Confédération démocratique du travail (CDT).
Mot d’ordre de grève maintenu
Approché par les Inspirations Éco, le syndicaliste regrette que «le gouvernement ait pris cette décision de manière unilatérale sans tenir compte ni de leur avis» ni de «leurs principales doléances». «Il n y a aucun dialogue entre le gouvernement et nous.», renchérit Mounir avant de brandir la menace d’une grève imminente. «Nous donnerons une date précise du début de notre grève nationale, lundi ou mardi, si rien n’est fait d’ici là», déclare-t-il aux Inspirations Éco.
Aujourd’hui, les transporteurs – qui ont déjà envoyé une lettre au Chef du gouvernement – dénoncent la «négligence» dont souffre leur secteur qui se trouve «sinistré». Ils veulent non seulement une augmentation des subventions qu’on leur accorde, voire un doublement, mais aussi un plafonnement des prix du carburant. Cette mesure serait «l’unique solution» à la situation critique que traversent les transporteurs urbains, notamment de marchandises, qui parcourent généralement de longues distances.
Pour rappel, en mars dernier, le gouvernement a lancé six rounds de subventions au profit des professionnels du secteur du transport routier. Il a également débloqué cinq MMDH de subventions au secteur du transport, et nous en sommes actuellement à la 7e tranche des aides. Un mécanisme qui continue de diviser les principaux destinataires.
Car en plus de «l’insuffisance» des montants de la subvention, «le système d’aide actuel, tel qu’il a été conçu, ne fait que renforcer l’informel qui gangrène ce secteur», fustigeait récemment, sur nos colonnes, un haut responsable de la Fédération du transport et de la logistique (FTL) affiliée à la CGEM. Et notre interlocuteur, qui requérait l’anonymat, de poursuivre : «Certains transporteurs routiers se sont constitués un système de rente, et utilisent la hausse des prix du carburant pour faire du chantage au gouvernement.»
Pire encore, disait-t-il, plusieurs bénéficient de cette aide sans que leurs véhicules ne bougent d’un seul mètre. «Tant que les prix connaîtront des hausses, nous demanderons des subventions à l’État», affirmait, de son côté, Ben Azzouz, toujours droit dans ses bottes.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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