Switch Al Maghrib : nouvelle identité, même mission de confiance numérique
Anciennement HPS Switch, la plateforme nationale d’interopérabilité des paiements prend un nouveau visage sous le nom de Switch Al Maghrib (SWAM). Derrière ce rebranding, une transformation profonde aux enjeux technologiques, économiques et souverains.
C’est une mutation qui en dit long sur les ambitions du Maroc en matière de digitalisation financière. Le 28 mai, HPS Switch est officiellement devenu SWAM – Switch Al Maghrib. Une nouvelle identité, mais surtout un repositionnement stratégique pour cette infrastructure de marché financier (IMF) qui traite chaque jour des millions de transactions électroniques dans le pays.
Créée en 2016, et supervisé par Bank Al-Maghrib, SWAM n’est pas une simple brique technologique. L’entreprise incarne un modèle hybride entre innovation privée et mission d’intérêt public, avec un double objectif de garantir la fluidité des paiements tout en renforçant la souveraineté numérique du Royaume.
«Switch Al Maghrib, c’est bien plus qu’un nouveau nom. C’est l’affirmation d’un modèle marocain unique, alliant innovation technologique et gouvernance institutionnelle au service d’une mission d’intérêt public», déclare Hanae Ben Driss, directrice générale de SWAM.
Une infrastructure critique, au cœur du quotidien des Marocains
SWAM joue un rôle silencieux mais essentiel. Derrière chaque transaction par carte ou mobile wallet, c’est son moteur de routage, de compensation et de règlement qui assure le lien entre les banques, les fintechs, les commerçants et les porteurs. Un système aussi complexe que vital, qui est également reconnu comme Infrastructure d’importance économique (IIE).
Dans un écosystème longtemps cloisonné, marqué par une absence d’interopérabilité, la mise en place d’un switch national unifié a permis de surmonter les silos bancaires. Aujourd’hui, SWAM orchestre une interconnexion fluide entre 48 acteurs – établissements bancaires et de paiement –, avec des standards de sécurité alignés sur les meilleures pratiques internationales, de la norme PCI-DSS à la loi sur la cybersécurité.
Du paiement fluide au paiement instantané
Si SWAM est le socle du système actuel, elle se projette déjà dans l’avenir. L’entreprise a déployé une infrastructure Actif-Actif, garantissant une très haute disponibilité avec bascule automatique entre data centers. Elle investit aussi massivement dans l’intelligence artificielle appliquée à la lutte contre la fraude. Mais l’horizon est ailleurs, vers le fast payment, ou paiement instantané.
SWAM veut positionner le Maroc sur un modèle de paiement en temps réel, accessible via mobile, QR code, ou GAB. Une transformation structurelle qui pourrait, à terme, réduire le poids du cash dans l’économie.
Souveraineté, inclusion, résilience
Au-delà de la performance technique, SWAM se veut aussi levier d’inclusion financière. En élargissant les canaux d’accès et en soutenant l’émergence de solutions locales innovantes, la plateforme s’inscrit dans une dynamique nationale de bancarisation et de modernisation des échanges.
Avec plus de 20 millions de cartes en circulation et 10 millions de wallets mobiles (chiffres 2024), les usages évoluent. Mais le cash résiste encore. Le défi est désormais culturel autant que technologique.
En devenant SWAM, le switch national marocain affirme son ambition de structure privée portée par une mission d’intérêt public, capable de porter une infrastructure critique à l’ère du temps réel. Un socle discret, mais décisif, de la transformation digitale du Royaume.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO
