Éco-Business

Scénarios post-Covid-19: Ces secteurs qui en sortiront gagnants

Une analyse d’Attijari global research a mis en exergue les facteurs de risque mais aussi d’assurance pour un certain nombre de secteurs clés avec des exemples concrets. Il en ressort que le Covid-19 ne porte pas uniquement les germes d’une crise insurmontable. Le contraire pourrait être vrai…

C’est l’heure des pronostics et des projections dans l’ère post-Covid-19 car il y aura bien un avant et un après Coronavirus. La pandémie ne manquera pas de marquer au fer rouge l’ensemble des économies du monde ainsi que les habitudes et les convictions des personnes. Un rapport analytique d’Attijari global research, intitulé «Covid-19 : des lueurs d’espoir au bout du tunnel», apporte un regard profond, quasi-exhaustif sur les implications financières et économiques de cette crise.

Le point de départ est une conviction partagée que le monde post-Covid-19 en gardera des marques indélébiles : des États plus endettés, un développement accéléré du digital, une reconsidération de la question de la sécurité alimentaire et un changement dans les mœurs du consumérisme moderne. Aujourd’hui, nul ne peut lire dans une boule de cristal tant les enjeux peuvent être diamétralement opposés d’un pays à l’autre. Si au Maroc, même les pronostics de croissance peuvent varier entre -3,7 et +2,3%, ceci d’un point de vue macro, la vision reste embuée. Une approche sectorielle s’avère donc indiquée.

Ainsi le rapport susmentionné, sans omettre les aspects liés à l’évolution économique mondiale, s’est appuyé sur un nombre de secteurs clés et des entreprises cotées en Bourse pour présenter des tendances.

Télécoms : le digital à la rescousse
Dans le secteur des Télécoms, représenté en Bourse par l’opérateur historique Maroc Telecom qui pèse plus de 23% de la capitalisation du marché, soit 110,4 MMDH, le prolongement de la crise sanitaire risque de peser sur le budget de consommation des ménages et par conséquent sur la part allouée aux dépenses en télécommunication. Par ailleurs, la fermeture des frontières n’est pas sans impact sur l’activité du roaming. Toutefois, l’expérience a montré qu’en situation de crise, le trafic des opérateurs télécoms augmente. Pour 2020, l’étude anticipe une croissance du CA de Maroc Telecom à son plus haut niveau depuis 2008. De manière générale, le secteur sortira renforcé de la crise à moyen terme grâce à la pénétration du digital aussi bien dans l’administration que dans le secteur privé.

Agroalimentaire : les nouvelles habitudes sauveront les secteurs
L’on retrouve presque la même configuration pour le secteur de l’agroalimentaire quand bien même des sources de risques existent liées principalement au repli de la demande à cause du confinement. Au Maroc, l’étude redoute que la baisse de la demande sur le marché des huiles puisse engendrer une guerre des prix sur un marché fortement concurrentiel. L’avantage au Maroc, c’est que des dispositions ont été prises dès le déclenchement de la pandémie pour garantir un approvisionnement normal des marchés en produits alimentaires. C’est justement cette résilience du secteur via le maintien d’un niveau décent de l’offre et de la demande qui le mènera à bon port une fois que les effets de la crise vont s’estomper. Ainsi, l’étude prévoit que le secteur agroalimentaire gagnera en importance stratégique. En effet, les opportunités à l’export iront crescendo, liées à la nouvelle prise de conscience mondiale de l’importance de la sécurité alimentaire. Les exemples de Cosumar et de Lesieur Cristal sont à ce propos judicieux dans la mesure où les deux sociétés totalisent plus de 68% dans la capitalisation du secteur et environ 70% des bénéfices agrégés. Le scénario proposé en 2020 s’appuie sur une prévision positive pour la compagnie sucrière avec des rendements des premières cultures qui ressortiraient meilleurs que prévus au niveau de l’ensemble des régions à l’exception de Doukkala. Aussi, la capacité à l’export atteindrait les 600.000 tonnes en fonction des opportunités à l’international. Pour Lesieur Cristal, l’opérateur devrait bénéficier d’un effet volume positif limitant la baisse des prix de vente de l’huile de table. Le scénario d’une consolidation des résultats est envisageable en 2020.

Distribution : résilience et reprise attendue
La grande distribution est un secteur qui a montré aussi sa capacité à s’adapter à une crise aussi forte que celle du Covid-19. Certes, l’activité a été impactée par l’arrêt des magasins situés au sein des centres commerciaux et des malls à cause du confinement mais cela a été compensé par une plus grande pénétration. Celle-ci a été renforcée par la fermeture des grossistes et certains magasins de proximité, entre autres. Le secteur aussi gagera grâce à la place que les services de commandes en ligne occuperont désormais. S’y ajoute la prévalence des produits locaux en cette période face à ceux importés. Pour 2020, le secteur qui a bénéficié d’un effet de stockage pré-confinement, connaîtra une légère hausse de l’activité due au décalage du planning des ouvertures de magasins qui a été compensé par l’effet volume. Le scénario post-crise se présente à travers une hausse du taux de pénétration de la distribution moderne au Maroc dont la marge de progression est importante.

Ciment : un secteur au pied du mur
Le secteur du ciment trouvera son salut selon l’étude dans l’auto-construction et les infrastructures. La chute des ventes est estimée à -70% pour le mois d’avril car les principales activités qui consomment le ciment sont à seulement 10 à 30% de leurs capacités. Pour cause, l’arrêt de plusieurs chantiers relatifs aux projets immobiliers et aux travaux publics est lié à une pénurie de main-d’œuvre. Cette dernière, comme expliqué par la FNBTP, devient peu disponible en raison du risque sanitaire actuel et du confinement. Néanmoins, un effet de rattrapage est très attendu après la fin du confinement dans la mesure où lamain-d’œuvre serait disponible immédiatement et les cimentiers pourraient développer davantage leurs exportations de clinker vers certains pays africains. Ceci étant, l’étude prévoit un repli de la consommation du ciment au Maroc de près de -20% passant de 13,6 MT en 2019 à 10,9 MT en 2020.

Automobile : une lente remontée de la pente
Si certains secteurs vont pouvoir rebondir facilement après la crise, l’on ne peut en dire autant pour l’automobile. L’on constate à ce propos une chute des ventes de voitures de 61,7% en mars 2020 avec une perspective de baisse encore plus prononcée à compter d’avril 2020. Il faut savoir aussi que la pression subie par les avoirs à l’extérieur peut se traduire par des restrictions sur les importations de certaines gammes de voitures. Ceci étant, quelques lueurs d’espoirs pointent à l’horizon. Il s’agit notamment du fait que les distributeurs ont constitué des stocks importants pour le Salon de l’automobile prévu initialement pour le mois de juin 2020. En cas de reprise de l’activité, ces derniers pourraient faire face rapidement à un retour de la demande. Le pronostic de l’étude penche vers un éventuel retour à la normale des ventes de véhicules à compter du T2-2021. Ainsi, les ventes totales pourraient êtres divisées par deux fois passant de 170.000 à 90.000 en 2020. Il s’agirait d’un repli important de 47%.


L’impact sur Taqa Morocco à relativiser

Le secteur de la production électrique est traité par l’étude à travers Taqa Morroco, l’unique représentant de la filière en Bourse. Le groupe est aujourd’hui confronté au risque de volatilité des cours du charbon à l’international qui l’expose à des pertes ou des gains potentiels en raison de ses contrats d’approvisionnement LT. S’ajoute à ce facteur celui de réorganisation des effectifs en interne suite à la crise sanitaire risquant de provoquer des perturbations au niveau de la production. Or, le contexte n’est pas aussi difficile pour le groupe qu’il n’y parait. À ce jour, aucune perturbation n’a été relevée au niveau de l’approvisionnement en charbon tandis que les difficultés financières que pourraient connaître l’ONEE, unique client de Taqa Morocco, sont à relativiser, explique l’étude. Cette année ne dérogera donc pas à celles qui l’ont précédé avec un taux de disponibilité global des unités de production de 92,5% contre 92,9% en 2019 et des revenus consolidés de 8,8 MMDH, en baisse de 3% par rapport à l’année écoulée.


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