Santé privée : Akdital prend le virage international sans ralentir au Maroc

En amorçant son expansion vers les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, Akdital franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de croissance. L’acteur de la santé privée poursuit en parallèle un vaste plan d’investissement national, renforçant son maillage territorial tout en affichant des résultats financiers solides.

C’est une bascule stratégique de grande envergure qu’opère Akdital, moins de trois après son introduction en bourse. Premier opérateur de santé privé au Maroc, le groupe inaugure une nouvelle étape de son développement avec une entrée annoncée sur les marchés du Golfe.

Aux Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite, Akdital entend reproduire un modèle éprouvé, dans un contexte où la demande en soins spécialisés de qualité est en forte croissance. Une extension géographique qui ne se fait pas au détriment du marché domestique : le groupe continue d’y déployer un plan d’investissement massif pour densifier son maillage territorial et améliorer l’accès aux soins dans les régions.

Une internationalisation ciblée et assumée
«Le Maroc reste le socle», comme l’a annoncé le PDG du groupe, Rochdi Talib, lors de la présentation des résultats annuels. Mais les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite deviennent la nouvelle frontière.

D’ici 2027, Akdital prévoit l’ouverture de quatre établissements dans le Golfe, selon un modèle dit «OpCo/PropCo» : l’exploitation des établissements (OpCo) reste entre les mains du groupe, tandis que la détention immobilière (PropCo) est confiée à des partenaires spécialisés. Un schéma souple, qui limite les risques financiers tout en conservant le contrôle opérationnel.

Talib confirme déjà que deux banques marocaines, sans les citer, vont accompagner l’expansion internationale du groupe. Pourquoi le Golfe ? Parce que ces marchés combinent plusieurs atouts stratégiques, à savoir une population majoritairement assurée et une offre hospitalière encore insuffisante, avec moins de deux lits pour 1.000 habitants, et une demande accrue sur le segment dit «mid-to-high».

À Dubaï, Akdital cible la zone sud en plein essor, renforcée par l’extension de l’aéroport Al Maktoum. À Riyad, c’est la croissance urbaine et le soutien affiché des pouvoirs publics aux investissements étrangers qui dictent la stratégie. Dans les deux cas, le groupe promet une tarification maîtrisée, un positionnement différencié et une rentabilité attractive.

Une dynamique nationale maintenue
Sur le plan domestique, Akdital ne ralentit pas, bien au contraire ! Le groupe ambitionne de porter son réseau de 33 à 62 établissements à l’horizon 2027, couvrant 32 villes contre 19 actuellement, avec une capacité litière de 6. 200 lits (+67 % par rapport à 2024). Une quinzaine d’ouvertures sont prévues dès 2025, dont plusieurs hôpitaux dits «Prime», combinant soins multidisciplinaires et prise en charge oncologique. Mais la stratégie de développement va au-delà de l’hospitalisation.

Akdital prévoit d’implanter pas moins de 200 centres de diagnostic dans les petites villes situées dans un rayon de 100 kilomètres autour de ses hôpitaux.

L’objectif est de rapprocher les soins de la population et de créer une dynamique territoriale autour des pôles hospitaliers. Chaque centre représentera un investissement de cinq millions de dirhams, pris en charge via un mix de dette et d’apport de partenaires nationaux, tandis que le foncier sera porté par une société immobilière dédiée.

Une rentabilité renforcée, portée par l’expansion
Cette croissance accélérée, nationale et bientôt internationale, s’appuie sur des fondamentaux financiers solides. En 2024, Akdital a enregistré un chiffre d’affaires consolidé qui frôle les 3 milliards de dirhams (2,95 MMDH), en progression de près de 55% par rapport à 2023. Une performance soutenue par l’effet année pleine des ouvertures antérieures, mais aussi par l’entrée en service de douze nouveaux établissements, représentant à eux seuls 298 MDH de chiffre d’affaires additionnel.

L’EBITDA, indicateur clé de rentabilité opérationnelle, atteint 839 MDH, en hausse de 64%, avec une marge de 28,4% (+1,6 point). La maîtrise des coûts de structure, notamment la stabilisation de la masse salariale sur les sites matures, a contribué à cette amélioration.

Le résultat net bondit de 76% pour s’établir à 348 MDH, portant la marge nette à 11,8%. Le groupe affiche également une capacité d’investissement renforcée, grâce à une augmentation de capital sursouscrite 29 fois en 2024, ayant permis de lever près d’un milliard de dirhams.

Cette opération a élargi l’assise actionnariale, tout en confortant le contrôle du bloc d’actionnaires stable, qui détient encore 51,8% du capital.

Une vision industrielle et territoriale de la santé
La trajectoire d’Akdital, désormais engagée à l’international, ne se limite pas à une logique de croissance organique. Elle repose sur une vision industrielle de long terme. En se dotant d’un robot chirurgical de dernière génération, en renforçant ses accréditations qualité (Qmentum international) et en lançant un programme ambitieux d’accréditation canadienne, le groupe cherche à s’aligner sur les meilleurs standards mondiaux.

Il mise également sur l’innovation digitale via «Akdital innov», en partenariat avec Dassault systèmes et la Long island university, pour faire émerger une médecine 4.0. Une approche centrée sur le patient, articulée autour de la donnée médicale, de la simulation et de l’intelligence artificielle.

Un acteur structurant du paysage sanitaire
Avec 15% de la capacité litière privée au Maroc, plus de 7.000 collaborateurs et 3.500 médecins affiliés, Akdital s’impose comme un acteur structurant du paysage sanitaire. Son ambition affichée est celle d’offrir un accès équitable à des soins de qualité sur l’ensemble du territoire national, tout en préparant son rayonnement à l’international.

Une ambition qui suppose des investissements continus, une gouvernance rigoureuse et une capacité à anticiper les besoins futurs des systèmes de santé. À ce jour, le groupe semble en avoir les moyens, et surtout la vision.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO