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Risques systémiques : le système financier est solide, il faut rester vigilant

Selon le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, l’évolution des conditions macroéconomiques ne fait pas ressortir jusqu’ici de risques majeurs pouvant menacer la stabilité financière, mais les vulnérabilités découlant de l’environnement externe et interne appellent à la vigilance. Détails.

C’est dans un contexte encore entouré de fortes incertitudes que le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques a tenu, jeudi dernier, sa seizième séance au siège de Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat. Composé des représentants de la Banque centrale, l’Autorité marocaine du marché des capitaux et celle du contrôle des Assurances et de la prévoyance sociale, en plus de la Direction du trésor et des finances extérieures, le comité a fait le point sur l’état d’avancement de la feuille de route inter-autorités de stabilité financière couvrant la période 2022-2024.

Il a en même temps examiné, d’une part, le projet de circulaire conjointe des autorités de supervision du secteur financier relative aux conglomérats financiers, et, d’autre part, la cartographie des risques systémiques pesant sur le système financier national.

A ce titre, il est ressorti des conclusions de l’examen de la situation du système financier, au regard des tendances économiques et financières, que l’évolution des conditions macroéconomiques ne fait pas ressortir jusqu’ici de risques majeurs pouvant menacer la stabilité financière, mais les vulnérabilités découlant de l’environnement externe et interne appellent à la vigilance et continuent de faire l’objet d’une surveillance rapprochée.

Selon les projections de Bank Al-Maghrib, la croissance de l’économie nationale devrait ralentir à 1,1% en 2022 avant de s’accélérer à 3% en 2023 et à 3,2% en 2024. Quant à l’inflation et après une forte accélération en 2022 à 6,6%, elle s’atténuerait tout en restant à un niveau élevé aux alentours de 4% en moyenne en 2023 et 2024.

Concernant la position extérieure, le déficit du compte courant devrait, selon les conclusions du comité, s’atténuer pour avoisiner 2% au cours des deux prochaines années, tandis que les avoirs officiels de réserve se situeraient à 362,9 milliards en 2023, puis à 371 MMDH en 2024, soit l’équivalent de 6 mois d’importations de biens et services. S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire s’allégerait graduellement, passant de 5,3% du PIB en 2022 à 4,6% en 2023 et 4% en 2024. La dette du Trésor, quant à elle, s’atténuerait à 67,7% du PIB en 2023 et à 66,1% en 2024.

Secteur non financier : le crédit bancaire devrait s’accélérer à 5,1% en 2022
Dans le cadre de ce contexte, le crédit bancaire destiné au secteur non financier devrait s’accélérer à 5,1% en 2022 tiré principalement par les facilités de trésorerie accordées aux entreprises privées. Il devrait revenir à 3,3% en 2023 avant de se redresser à 5,5% en 2024. Le taux des créances en souffrance s’est stabilisé à 8,7% pour un taux de provisionnement de 67% à fin octobre 2022.

Pour le secteur bancaire, il a enregistré, au terme du 1er semestre 2022, une bonne tenue des résultats d’intermédiation et un repli du coût du risque. La hausse des taux d’intérêt a néanmoins impacté les résultats sur activités de marché induisant une baisse de 7,5% du résultat cumulé des banques. Le secteur bancaire est solide avec des ratios moyens de solvabilité et de fonds propres de catégorie 1, se situant sur base individuelle à 15,3% et 11,8% respectivement pour des minimas réglementaires de 12% et 9%. Sur base consolidée, ces ratios s’établissent à 13,3% et 10,8%.

Les banques disposent de coussins de liquidité supérieurs au minima réglementaire. L’exercice de macro stress test réalisé par Bank Al-Maghrib sur la base des projections économiques de décembre 2022 continue de montrer à cette date la résilience des banques face aux scénarios de choc simulant une forte détérioration des conditions économiques. S’agissant des infrastructures des marchés financiers, elles continuent de faire preuve d’une forte résilience aussi bien sur le plan financier que sur le plan opérationnel et présentent toujours un niveau de risque faible pour la stabilité financière.

Secteur des assurances : des fondamentaux solides
Pour sa part, le secteur des assurances a continué à afficher des fondamentaux solides et à démontrer sa résilience malgré la conjoncture internationale difficile marquée par de fortes incertitudes. Sur le plan technique, le secteur a maintenu, au terme des trois premiers trimestres de cette année, un bon rythme de croissance de l’ordre de 7,7% par rapport à la même période de l’année précédente, pour atteindre 42,4 MMDH. Concernant le secteur de la retraite, les principaux régimes de base connaissent une situation financière difficile marquée globalement par l’importance de leurs dettes implicites et par l’épuisement de leurs réserves à divers horizons. La réforme systémique de la retraite devrait permettre d’instaurer une tarification équilibrée, mais également de résorber, dans des proportions importantes, les engagements passés non couverts, et, partant, de rétablir les équilibres financiers dans le futur.

En ce qui concerne la Bourse de Casablanca, l’indice MASI enregistre, au 9 décembre 2022, une baisse de 15,73% par rapport au début de l’année contre une hausse de 18,35% enregistrée en 2021. La volatilité moyenne ressort en repli à 9,4% contre 10,8% au premier semestre 2022. Dans ce contexte, la valorisation globale de la Bourse est en baisse sensible à 17,2x contre 19,8x en moyenne pour les 5 années d’avant-crise Covid. Le volume d’émission sur le marché boursier à mi-décembre 2022 est quasiment stable en glissement annuel, avec un volume de 2,35 milliards de dirhams. Aussi, le ratio de liquidité du marché boursier, à fin novembre, ressort à 8,51%, en recul de 13,2% en glissement annuel.

OPCVM : le secteur impacté par la baisse
Au niveau du marché obligataire, les taux ont emprunté en 2022 une trajectoire haussière, en particulier sur le marché secondaire. Cette hausse des taux s’est accompagnée d’une augmentation de la volatilité qui a atteint des niveaux élevés. L’encours de la dette privée, à fin octobre 2022, s’élève à 254 milliards de dirhams, en hausse de 4,1% en glissement annuel. S’agissant des émetteurs non-financiers, leur endettement net, à fin juin 2022, ressort à un niveau 3 globalement maîtrisé et en baisse à 66% des capitaux propres contre 68% à la fin de l’année 2021 et 86% à la fin de l’année 2020. Pour sa part, la gestion d’actifs a connu des évolutions contrastées au cours de l’année 2022. Le secteur des OPCVM a ainsi été impacté par la baisse du marché boursier et par les tensions haussières sur le marché des taux. Le Comité a, par ailleurs, fait le point sur les travaux préparatoires de la visite sur place des évaluateurs du GAFI, sous la coordination de l’Autorité nationale du renseignement financier. Il recommande de maintenir les efforts de toutes les parties prenantes pour la réussite de cette visite.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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