Éco-Business

Résultats trimestriels : une dynamique portée par l’investissement

À la faveur d’une conjoncture en voie de stabilisation, les sociétés cotées signent un premier trimestre globalement solide. Les revenus agrégés progressent de 7,2% sur un an pour atteindre 81,1 MMDH, portés par les performances des banques, du BTP, des mines et de la santé. Cette dynamique s’accompagne d’un net redémarrage des investissements, signe d’un regain de confiance des opérateurs.

Au premier trimestre 2025, la dynamique des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca affiche un redressement mesuré mais structurant. D’après la dernière note de BMCE Capital Global Research (BKGR), les revenus agrégés des entreprises atteignent 81,1 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 7,2% sur un an. Une performance qui s’inscrit dans un contexte d’anticipation économique prudente, où certains moteurs sectoriels reprennent le dessus tandis que d’autres peinent encore à retrouver un rythme de croisière.

Une croissance portée par la banque et le BTP
Le rapport de BKGR met en évidence le rôle prépondérant du secteur bancaire dans cette progression. Le produit net bancaire (PNB) cumulé des établissements financiers grimpe de 10,9% en glissement annuel, porté à la fois par un bon comportement commercial et un environnement de taux favorable. À lui seul, le secteur financier contribue à hauteur de 43% à la croissance du chiffre d’affaires global.

Dans le détail, plusieurs institutions renforcent leur dynamique. Bank of Africa progresse de 11,3%, CIH Bank de 15,8%, et CFG Bank signe une envolée de 45,7%. BCP tire également son épingle du jeu avec une croissance de 14,9%.

En revanche, Attijariwafa bank affiche une hausse plus modérée de 5,9%, tandis que BMCI et CDM avancent à un rythme de 8,1% et 12,6% respectivement. Autre secteur moteur, le BTP, qui bénéficie de l’accélération des chantiers liés à la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et à la préparation conjointe de la Coupe du monde 2030. Les revenus du secteur progressent de 13,5% sur un an, avec des acteurs comme Jet Contractors (+21,7%) ou TGCC (+8%) bien positionnés.

Une photographie contrastée de l’industrie
Globalement, l’activité industrielle progresse de 5,7% par rapport au T1 2024, mais reste en repli séquentiel (-7,6%), traduisant un certain effet de saisonnalité. BKGR souligne notamment que « la performance des immobilières ressort inférieure aux attentes, en raison de l’entrée en vigueur d’une nouvelle méthode de comptabilisation du chiffre d’affaires».

Côté agroalimentaire, Cosumar affiche une hausse notable de 9,3% et Lesieur Cristal de 10%, mais d’autres poids lourds comme Dari Couspate (-13,6%), Mutandis (-3,8%) ou Unimer (-51,6%) affichent des replis significatifs.

Dans le secteur chimique, la SNEP tire son épingle du jeu avec une croissance de 65,8%, portée par une amélioration de la demande. Quant au segment de la distribution, Label’Vie maintient une progression solide de 8,7%, tandis que la distribution spécialisée pâtit du recul d’Ennakl (-22,9%) et d’une baisse de régime chez Auto Nejma (-11,1%).

Les mines et la santé confirment leur montée en puissance
Avec un chiffre d’affaires de 2,8 MMDH au T1, en hausse de 20,2%, le secteur minier poursuit sa montée en régime. «Cette progression est portée par Managem, dont les revenus atteignent 2,32 milliards de dirhams, en hausse de 20,1% sur un an», détaille BKGR.

L’opérateur consacre 65% de ses investissements à deux projets phares : Tizert au Maroc et Boto au Sénégal. Le secteur de la santé affiche également une progression marquée (+20,3%), notamment grâce à Sothema (+19,2%) et Promopharm (+24,7%), bénéficiant d’une demande soutenue et d’une base industrielle bien établie.

Le rebond des investissements confirme la confiance des opérateurs
Les sociétés cotées reprennent le chemin de l’investissement. Les dépenses d’investissement (CAPEX) cumulées atteignent 4,53 MMDH, en hausse de 17,3% par rapport au T1 2024. Ce signal est particulièrement fort dans les secteurs minier (34,5% du total), télécoms (25%) et transport (près de 20%), ce dernier étant dynamisé par l’initiative de Marsa Maroc, dont le CAPEX explose à 890 millions de dirhams, soit treize fois plus qu’un an auparavant.

BKGR note également que Maroc Telecom continue d’afficher un niveau d’investissement important (1,13 milliard de dirhams), bien qu’en baisse de 11,4%, avec un recentrage vers le très haut débit fixe et mobile, au Maroc comme à l’international.

Des écarts de performance qui se creusent
L’analyse sectorielle met également en évidence des divergences marquées. Parmi les plus fortes hausses de chiffre d’affaires, figurent Stroc Industrie (+173,6%), CTM (+108,8%), Maghrebail (+65,3%) et CFG Bank (+45,7%).

À l’inverse, Unimer (-51,6%), Ennakl (-22,9%), Delta Holding (-16%) et Dari Couspate (-13,6%) figurent parmi les plus fortes baisses. Ces écarts traduisent la nature encore hétérogène de la reprise. Comme le résume BKGR, «la dynamique globale reste positive mais présente des contrastes sectoriels marqués, révélant à la fois des poches de résistance et des fragilités persistantes».

Vers une consolidation progressive des fondamentaux
Malgré une légère baisse séquentielle du chiffre d’affaires global (-0,5%), essentiellement due à la saisonnalité industrielle, les fondamentaux semblent s’orienter dans le bon sens. 23,4% des prévisions annuelles sont d’ores et déjà atteints au T1 pour l’ensemble du périmètre étudié par BKGR, un taux conforme aux standards d’un premier trimestre.

La croissance modérée mais constante du PNB bancaire, le rebond de l’investissement, la solidité du secteur minier et la montée en puissance de la santé signalent une tendance de fond favorable à la consolidation du marché coté.

Pour les trimestres à venir, la capacité des entreprises à maintenir ce cap dépendra autant de la conjoncture nationale (niveau des taux, reprise de la demande intérieure) que de leur faculté à investir dans la compétitivité et l’innovation.

Une dette maîtrisée malgré des poches de tension

La dette nette des sociétés hors secteur financier ressort quasi stable à 63,5 MMDH (-0,4%). Les télécoms concentrent toujours un tiers de l’encours global, suivis des mines (19%) et de l’immobilier (10%).

Le secteur électrique enregistre une réduction significative de son endettement, de 14,7%. Notons cependant que certaines entreprises accusent une détérioration de leur situation bilancielle. C’est le cas de TotalEnergies Marketing Maroc, dont la dette nette a doublé, ou de Delta Holding, impactée par le ralentissement des projets d’infrastructure, lié aux fortes précipitations enregistrées ce trimestre.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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