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Pôles régionaux : quelle reconfiguration économique en 2030 ?

À l’heure où le Maroc appuie sur l’accélérateur pour être fin prêt pour le Mondial 2030, se pose la question de savoir comment ces chantiers vont pouvoir accompagner le développement régional des villes sélectionnées pour abriter la compétition. Plus globalement, il s’agit de voir la configuration économique que représenteront nos régions au cours des prochaines années.

Le constat est quasiment le même à chaque publication du Haut-commissariat au Plan (HCP) sur le poids économique des régions. On retrouve une poignée de pôles régionaux qui concentrent l’essentiel de la production de richesses dans le Royaume. Et là, on se pose la question de savoir si cette configuration est appelée à se confirmer, ou à évoluer positivement en faveur des régions défavorisées.

«À l’horizon 2030, je ne vois pas vraiment d’autres régions qui vont damer le pion à celles actuellement en tête dans la production de la richesse nationale», répond l’analyste économique et politique, Driss Aissaoui, en commentaire aux derniers chiffres du HCP sur le PIB régional et par habitant.

Selon l’économiste, «les investissements entrepris à ce jour, et dans le moyen terme, devraient être plus favorables à ces régions qui sont déjà inscrites sur une dynamique d’accélération industrielle que celles qui peinent encore à démarrer». Et ces régions qui sont appelées à rester en tête dans la production du PIB sont celles que le HCP place bien loin devant les autres. Il s’agit du trio composé de Casablanca-Settat (31,4%), de Rabat-Salé-Kénitra (16,1%) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (10,4%). Ces trois régions ont produit 57,9% du PIB.

Impacter l’ordre établi
Se pose alors la question de savoir comment inverser la tendance. Pour notre économiste, il faut d’abord attendre à ce que l’expérience en cours sur le développement de pôles régionaux de développement donne ses fruits.

«Je pense que le Maroc est déjà en train de mener cette politique, en mettant en valeur les spécificités de chaque région, ainsi que son potentiel et ses atouts. C’est une bonne chose, mais il faudra encore attendre pour que cela puisse considérablement impacter l’ordre établi», renchérit Aissaoui.

Dans ce cas, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima pourrait être un bel exemple à suivre, surtout avec le développement rapide de pôles industriels portés par la construction d’infrastructures de classe mondiale, qui créent un véritable effet de levier et tirent vers le haut l’ensemble de cette partie du Royaume.

Cela pourrait être le cas de régions comme Marrakech-Safi, qui contribue à hauteur de 8,3% du PIB, mais aussi de Fès-Meknès avec ses 7,9%, ainsi que Souss-Massa avec 6,6%, ou encore de Béni Mellal-Khénifra (6,1%) et l’Oriental (5,1%). D’ailleurs, ces 5 régions réunies, pointent avec une contribution de 33,5% du PIB. Il faudrait probablement compter sur la réussite de stratégies locales de développement bien pensées.

Croissance
Par ailleurs, il faut relever, selon les chiffres du HCP, que les disparités quant à la création de la richesse entre les régions se sont accentuées. L’écart absolu moyen (la moyenne des écarts absolus entre le PIB des différentes régions et le PIB régional moyen) est passé de 72 MMDH en 2021 à 73,1 MMDH en 2022. Et ce n’est pas tout, cet écart est également perceptible en termes de croissance réalisée. Quatre régions ont pu enregistrer des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale (un PIB en hausse 1,5% en volume). Il s’agit de la région de Souss-Massa (7,5%), de Rabat-Salé-Kénitra (5,2%), de Marrakech-Safi (4,6%) et de Laâyoune-Saguia al Hamra (2,9%).

Enfin, et c’est assez parlant également sur les dynamiques régionales : selon le HCP, six régions ont enregistré des taux de croissance positifs inférieurs à la moyenne nationale (1,5%), allant de (1,3%) dans la région de Guelmim-Oued Noun et la région de Drâa-Tafilalet à (0,2%) dans la région de Casablanca-Settat. Deux régions ont enregistré une croissance négative, il s’agit des régions de Béni Mellal-Khénifra (-4,7%) et de Fès-Meknès (-1,9%). Ce qui prouve qu’il y a encore du travail à mener à ces niveaux, afin d’accélérer leur développement et ne pas rater le train des investissements, surtout dans ce contexte de grands chantiers.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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