Éco-Business

Mines : Managem consolide sa stratégie

Porté par la hausse des cours de l’or et du cuivre, le groupe minier marocain Managem boucle un exercice 2024 en nette progression. Mais c’est surtout la montée en puissance de ses projets structurants en Afrique, l’ouverture à l’énergie gazière et son positionnement sur les métaux critiques pour batteries qui dessinent les contours d’un groupe en mutation, à la croisée des enjeux industriels et énergétiques.

Dans un monde où les métaux stratégiques dessinent les lignes de force géopolitiques et industrielles, Managem confirme son ambition d’en être un acteur clé. En 2024, le groupe minier, adossé au fonds panafricain Al Mada, a franchi un cap décisif qui se concrétise à travers une croissance robuste, une expansion géographique accélérée et une diversification énergétique. Une dynamique qui propulse l’entreprise dans une nouvelle phase de sa transformation.

Avec un chiffre d’affaires consolidé en hausse de 18 %, à 8,86 milliards de dirhams (MMDH), Managem clôt l’exercice 2024 sur des indicateurs au vert. Portée par l’essor des cours de l’or, de l’argent et du cuivre, ainsi que par la reprise d’activité au Soudan et la montée en puissance du projet congolais Pumpi, cette performance masque en partie les vents contraires, notamment la chute brutale du cobalt (-33 %), qui a conduit le groupe à ajuster sa production.

L’excédent brut d’exploitation, en progression de 11 %, s’établit à 2,65 MMDH, tandis que le résultat net part du groupe bondit de 21 %, à 620 millions de dirhams, malgré un alourdissement de la charge fiscale. Ces résultats témoignent d’une gestion rigoureuse et d’une solidité opérationnelle qui ont rassuré les marchés. L’augmentation de capital de 3 MMDH, réalisée avec succès en 2024, vient conforter cette confiance et renforcer les marges de manœuvre financières.

Expansion africaine et virage énergétique
Mais au-delà des chiffres, c’est surtout la réorientation stratégique du groupe qui retient l’attention. Managem confirme son ancrage dans les grands projets à fort potentiel. Deux chantiers structurants entrent dans leur dernière ligne droite,Tizert, en plein cœur du Souss, et Boto, au Sénégal, tous deux appelés à renforcer la production de cuivre et d’or dès le second semestre 2025. À cela s’ajoute une avancée notable dans l’ouest africain avec l’acquisition du projet aurifère Karita, en Guinée.

Doté de près de 2 millions d’onces de ressources, cet actif renforce la présence du groupe dans une zone devenue stratégique pour les majors du secteur.

Dans une Afrique de l’Ouest convoitée pour ses richesses minières mais soumise à une instabilité croissante, Managem parie sur la profondeur de son expérience régionale pour sécuriser ses investissements.

Surtout, 2024 aura marqué un tournant avec la création d’un pôle gaz naturel au Maroc. L’intégration de Sound Energy Morocco East Ltd, désormais Mana Energy, élargit le périmètre d’activité du groupe au-delà du secteur minier traditionnel. Une diversification énergétique qui s’inscrit dans une vision de long terme, à l’heure où la transition énergétique pousse les industriels à repenser leur modèle.

Des métaux critiques pour l’ère des batteries
L’avenir se dessinera aussi dans la chaîne de valeur des batteries. La finalisation prochaine du projet de sulfate de cobalt au Maroc, combinée au développement de nouveaux projets dans le graphite et le manganèse, illustre la volonté de Managem de monter en gamme.

Le groupe ne se contente plus d’extraire, il veut désormais raffiner, transformer et fournir des métaux de haute pureté aux écosystèmes industriels stratégiques tels que l’automobile.

Cet alignement avec les besoins du marché, notamment européen, en matériaux critiques pour les batteries, pourrait faire du groupe un partenaire de choix dans les chaînes d’approvisionnement sécurisées. Un enjeu d’autant plus important que l’Europe cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine dans ce domaine.

Gouvernance renforcée, cap affirmé
Le conseil d’administration, présidé par Imad Toumi, a arrêté les comptes de l’exercice et proposé la distribution d’un dividende de 40 dirhams par action. Une décision qui témoigne de la confiance de l’organe de gouvernance dans la trajectoire du groupe.

En parallèle, Managem poursuit une politique de rationalisation avec la cession d’actifs non stratégiques ou en fin de vie, comme Samine ou Oumjrane. L’année 2025 s’annonce comme celle de la concrétisation. Mise en production des projets Tizert et Boto, homologation industrielle du sulfate de cobalt, consolidation du pôle gazier, mais aussi maturation de nouveaux projets dans les matériaux stratégiques.

Managem joue sur plusieurs tableaux, avec une vision affirmée et un calendrier resserré. Si Managem reste solidement enraciné dans son ADN minier, il opère depuis plusieurs années un élargissement de son périmètre et de son positionnement. De l’Afrique de l’Ouest à l’est marocain, du cuivre à l’or, du cobalt au gaz naturel, le groupe se projette en acteur intégré des ressources critiques.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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