Maroc: un climat des affaires « très dégradé »
Euros/Agency Africa, en partenariat avec Insightek, lance l’indice CAM, premier indice trimestriel du climat des affaires au Maroc. Au 2e trimestre 2020, le cabinet annonce un sentiment de confiance «très dégradé» des milieux d’affaires.
Dans un contexte économique marqué par une crise sanitaire et économique engendrant des mutations sans précédent, il est plus que jamais nécessaire de mettre en place des outils de suivi de l’état de santé des entreprises, des secteurs, des régions et de l’économie dans son ensemble.
À cet effet, et à l’instar de ce qui se fait aujourd’hui dans la plupart des économies avancées, l’agence d’affaires publiques, d’influence et de communication stratégique Euros/Agency Africa, s’est associée à Insightek, cabinet spécialisé dans les études de marché, pour lancer l’indice trimestriel CAM (Climat des affaires Maroc). L’indice mesure la confiance des milieux d’affaires marocains dans leur activité actuelle et à moyen terme, ainsi que leurs perspectives pour les 6 prochains mois.
«Il a pour finalité de fournir aux décideurs, privés et publics, et aux marchés financiers un outil de suivi, d’évaluation, de pilotage et de décision», explique le management d’Euros/Agency Africa.
Pour le lancement de ce nouvel indice, dont les résultats du deuxième trimestre 2020 sont disponibles, près de 1.000 chefs d’entreprises marocaines de tailles variées, représentant l’ensemble des secteurs d’activités, ont été interrogés. Avec un taux de réponse de 15% et représentant 80% des secteurs d’activité, les premiers résultats reflètent «une situation de quasi-arrêt de l’économie, sur fond de blocage lié à la pandémie du coronavirus». À noter dans ce sens que les résultats peuvent varier de 0 (la confiance de tous les décideurs économiques dans la situation de leur activité actuelle et prévisionnelle est pessimiste) à 200 (la confiance de tous les décideurs économiques dans la situation de leur activité actuelle et prévisionnelle est optimiste). Au 2e trimestre 2020, l’indice CAM (indice agrégé de la situation actuelle et des perspectives à 6 mois) est de 40,8. Sur leur situation actuelle, les décideurs économiques émettent une évaluation très défavorable (indice 25,0). Toutefois, ils sont moins pessimistes quant à leurs perspectives à 6 mois (indice 58,6). Si les entreprises marocaines ont fortement souffert du blocage de l’économie lié à la pandémie de Covid-19 et ne voient pas encore le bout du tunnel, l’assouplissement progressif du confinement leur offre une lueur d’espoir. Le cabinet Euros/Agency Africa compare par ailleurs son indice CAM à son homologue allemand IFO Index, utilisant la même méthodologie d’évaluation, et dont le plus bas score a été de 74,3 en avril 2020, score qui a été décrit par Clemens Fuest, président de l’IFO, comme «une économie allemande en état de choc». En effet, le score encore plus bas de l’indice CAM (40,8) montre combien les décideurs marocains semblent inquiets du fait de la crise.
Enfin, «ce score reflète les projections d’évolution du PIB sur la période, quand Bank Al-Maghrib annonce une contraction du PIB de 5,2% en 2020, la plus forte depuis 1996», explique le cabinet dans son analyse.
Comment ça marche ?
Pour ce qui est la méthode de calcul de l’indice CAM, Euros/Agency Africa utilise une méthodologie inspirée de celle de l’indice IFO du climat des affaires allemand. L’indice CAM est basé sur des réponses trimestrielles à des enquêtes menées auprès d’entreprises de tous les secteurs d’activité au Maroc. Les entreprises sont invitées à donner leur évaluation de la situation actuelle des affaires et leurs perspectives pour les six prochains mois. La mesure de la situation actuelle est basée sur deux critères: l’activité actuelle et le carnet de commandes (tous deux en comparaison avec le trimestre précédent). La mesure des prévisions d’activité pour les six prochains mois est également basée sur deux critères: l’activité prévisionnelle et les investissements prévisionnels (les deux en comparaison au semestre actuel). Les entreprises peuvent qualifier tous ces critères d’«en hausse», «stable» ou «en baisse». Par la suite, les réponses sont pondérées en fonction de l’importance du secteur dans le PIB marocain et agrégées. Sont ensuite calculés des soldes de la situation actuelle et des perspectives (la différence entre les pourcentages des réponses «en hausse» et «en baisse»). Les entreprises ayant évalué leur situation comme «stable» sont considérées comme «neutres» et n’affectent donc pas les résultats de l’évaluation de la situation des entreprises. Le climat des affaires est une moyenne pondérée et normalisée des soldes de la situation actuelle et des perspectives.
Sanae Raqui
Les Inspirations ÉCO