Marché des capitaux : la Bourse de Casablanca confirme son rôle moteur

La Bourse de Casablanca ne s’est pas contentée d’accompagner le redressement du marché actions en 2024. Elle en a été l’un des principaux moteurs, en accélérant sa mutation institutionnelle, technologique et stratégique. Entre lancement du marché à terme, montée en puissance de la digitalisation, et renforcement de son rôle d’acteur éducatif et financier, l’institution casablancaise consolide son positionnement au cœur du financement de l’économie nationale.
La Bourse de Casablanca n’a pas seulement bénéficié du regain d’intérêt pour le marché actions, elle a piloté une transformation d’ampleur en 2024.
Dans un contexte économique mondial encore incertain, l’institution boursière a multiplié les chantiers, couvrant la modernisation des infrastructures, l’enrichissement de l’offre de services, la structuration de nouveaux produits, la digitalisation des outils et la consolidation des partenariats à l’échelle continentale.
Cette montée en régime stratégique accompagne une dynamique de marché en nette reprise. Pour la place casablancaise, 2024 marque à la fois une année de rebond et de repositionnement.
Une gouvernance renouvelée et des avancées structurantes
L’un des faits marquants de l’année a été la nomination de Brahim Benjelloun-Touimi à la présidence du Conseil d’administration, en remplacement de Kamal Mokdad. Sous la direction de Tarik Senhaji, directeur général depuis 2020, la Bourse de Casablanca a poursuivi le déploiement de sa feuille de route en misant sur l’innovation, la formation, la proximité avec les entreprises et le renforcement des fondamentaux du marché.
Le lancement du marché à terme, couplé à la création d’une chambre de compensation dédiée, constitue une avancée majeure. Deux protocoles fondateurs ont été signés en novembre 2024, l’un portant sur la gouvernance de cette nouvelle entité (avec 51% du capital détenus par la Bourse de Casablanca et 49% par les établissements de crédit), l’autre engageant l’ensemble des parties prenantes autour du développement d’un marché des capitaux plus intégré, au service du nouveau modèle de développement.
La Bourse s’est également distinguée par son effort d’éducation financière, avec le lancement d’une plateforme e-learning en partenariat avec TradingView, la tenue d’un championnat national étudiant, la diffusion d’une chaîne d’information boursière sur WhatsApp et l’organisation de multiples ateliers, notamment à destination des entreprises familiales, des PME cotables ou des experts-comptables. Une dynamique confirmée par la 7e édition des Morocco Capital Markets Days à Londres, où 26 sociétés cotées ont été présentées à plus de 100 investisseurs internationaux.
Une institution en croissance financière
En outre, la Bourse de Casablanca affiche des résultats solides. En 2024, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 134 millions de dirhams, en hausse par rapport à 103 millions l’année précédente. Le résultat net atteint 44 MDH, soit une multiplication par quatre en deux ans. Les fonds propres progressent à 191 MDH, pour un capital social inchangé de 387,5 millions. Les charges d’exploitation restent maîtrisées, à 107 MDH, contre 116 millions en 2022.
Un marché du financement en ébullition
La Bourse de Casablanca a retrouvé son rôle d’accélérateur du financement des entreprises. En 2024, les levées de fonds atteignent plus de 7,5 milliards de dirhams, dont 5,17 milliards en augmentations de capital.
Le marché a enregistré une introduction en bourse (CMGP Group pour 1,1 milliard de dirhams), ainsi que trois opérations d’envergure : une OPA de Sanlam (2,08 Mds MAD), une OPV de CDM (1,03 Md MAD) et une OPR de Timar (8,2 millions).
Les opérations les plus notables comprennent celles de Managem (près de 3 milliards en deux tranches), Akdital (999,9 MDH) et Aradei Capital (649,8 MDH cumulés). À elles seules, les augmentations de capital ont représenté 77% des montants levés, contre 53% en 2023, signalant une réouverture plus franche du marché actions.
Une reprise puissante des indices et de la capitalisation
Côté marché, l’année 2024 aura été celle d’un retour en force. L’indice MASI progresse de 22,16%, effaçant définitivement le recul de 2022 (-19,75%) et prolongeant le rebond de 2023 (12,80%). Le MASI.20 suit la même trajectoire, avec une hausse de 20,53%.
Ces performances sont portées à la fois par les valeurs cycliques et les secteurs en forte recomposition. La capitalisation boursière grimpe à 797 milliards de dirhams, contre 752 milliards en 2023, tirée notamment par les banques (34,6% de la capitalisation totale), les matériaux de construction (13,1%) et les télécommunications (9,6%), malgré leur mauvaise performance boursière.
Des volumes en forte progression
Les volumes de transactions suivent la même courbe ascendante. Le volume global atteint 99,05 milliards de dirhams, soit une hausse de 52,3% sur un an. Le marché central représente 60,76 milliards (+82,1%), tandis que le marché de blocs totalise 28,7 milliards (+42,9%). La répartition des transactions reste dominée par les personnes morales marocaines (52,3%), suivies par les OPCVM (22,7%) et les institutionnels étrangers (17,1%). Le nombre total de transactions double quasiment en un an, passant de 316.799 à 659.974.
Une dynamique à consolider
Les performances de 2024 confirment la capacité de la Bourse de Casablanca à jouer un rôle pivot dans le financement de l’économie, la modernisation du tissu productif et la mobilisation de l’épargne longue. Mais au-delà des chiffres, c’est la structuration d’un écosystème plus robuste, plus innovant et mieux connecté aux enjeux de durabilité qui s’amorce. En consolidant ses infrastructures, en diversifiant son offre et en misant sur l’internationalisation, la place casablancaise se positionne comme un levier stratégique du développement économique. L’enjeu de 2025 sera de transformer ce rebond conjoncturel en cycle durable d’attractivité, d’innovation et de confiance.
Les OPCVM confirment leur essor
Les OPCVM, moteur essentiel de la liquidité du marché, affichent une gestion dynamique. L’actif net global atteint 653 milliards de dirhams, en hausse de 16,7%. La gestion obligataire domine (333,4 milliards pour les obligations moyen et long termes, soit 51% du total), tandis que les fonds monétaires et diversifiés poursuivent leur progression. Les fonds actions, bien qu’en hausse, ne pèsent encore que 53,5 milliards (8,2% du total), signalant un potentiel de croissance important.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO