Marché actions : pas de pause estivale en bourse

La Bourse de Casablanca tutoie les 20.000 points en plein mois d’août. Un élan nourri au fil des mois par les anticipations du Mondial 2030 et, tout récemment, par des arbitrages indiciels ainsi qu’un appétit des institutionnels pour les valeurs phares, TGCC en tête. Décryptage.
Le mois d’août est, d’ordinaire, une parenthèse calme sur les marchés. Les volumes y ont tendance à s’effriter et les arbitrages se raréfient ce qui justifie l’atonie des principaux indices. Cette année, la Bourse de Casablanca fait exception.
Au terme de la séance du mardi 12 août, le MASI continue de flirter avec la barre des 20.000 points, prolongeant une euphorie qui hisse déjà la performance annuelle au-delà de 34% ! La montée progressive du principal indice doit tout, ou presque, aux perspectives du Mondial 2030, lesquelles ont nourri au fil des mois les anticipations, permettant à la capitalisation boursière de franchir le seuil symbolique — avec un record à la clé, qui plus est— des mille milliards de dirhams.
Douce euphorie
Au-delà des performances, la vitalité de la cote s’apprécie surtout à l’aune des volumes traités. La place ne connaît pas de répit cet été, portée par une succession d’arbitrages et de prises de position qui maintiennent la pression acheteuse. En témoigne la volumétrie des échanges au cours de la séance du jour, avec plus de 222 millions de dirhams (MDH) de transactions.
En tête des valeurs les plus actives, figure Vicenne, qui continue de susciter l’engouement des petits porteurs post-IPO, autour de 61 MDH et un cours à 455 DH. CFG BANK suit, pour près de 39 MDH échangés à 244 DH l’action. Dans le même courant acheteur, TGCC (1.072 DH au terme de la séance) continue de tirer la volumétrie vers le haut, portée par l’augmentation de capital de juillet qui a servi de catalyseur.
Pour rappel, l’opération, ouverte du 14 au 18 juillet à 725 dirhams l’action, a porté sur 3.034.482 titres pour un montant d’environ 2,2 MMDH. La demande a été massive avec 127,8 millions d’actions sollicitées et 92,6 milliards d’ordres, soit une sursouscription supérieure à quarante fois. Les résultats officiels confirment aussi 82.080 souscripteurs, signe d’un élargissement marqué de la base d’investisseurs.
Carnet de commandes additionnel
Au milieu de cette euphorie estivale, le major du BTP continue de retenir l’attention des investisseurs. Les professionnels du marché attribuent ce mouvement à la volonté des institutionnels et des gérants d’actifs OPCVM d’accroître leur exposition à la valeur afin de rester alignés sur l’indice.
«Suite à l’accroissement de la pondération, les gérants ont cherché à coller l’indice en augmentant leur exposition à TGCC», confie un analyste.
Le relèvement du flottant consécutif à l’augmentation de capital de juillet — 3.034.482 actions nouvelles au prix de 725 dirhams pour un montant de 2,2 milliards — a précisément facilité ces arbitrages, l’objectif affiché portant le flottant autour de 39%.
Sur le terrain commercial, un signal récent entretient également le biais acheteur. Le vendredi 8 août, le président-directeur général du groupe TGCC a été reçu par le président du Gabon pour évoquer des chantiers prioritaires dans le logement, la santé et l’aménagement urbain, une information bien accueillie par les marchés. «C’est une visite appréciée qui laisse entrevoir un carnet additionnel en Afrique centrale, que le marché évaluera si les annonces se concrétisent», précise un professionnel des marchés.
Changement d’échelle
Ceci étant, il ne faut pas perdre de vue que le dossier s’appuie sur des fondamentaux solides, portés à la fois par un carnet de commandes bien orienté et par une capacité opérationnelle sensiblement renforcée.
La reprise de STAM, acteur historique du BTP marocain, fondé en 1965 et spécialisé dans les grands chantiers d’infrastructures publiques, marque un changement d’échelle. Actionnaire majoritaire de VIAS, STAM opère aussi dans les travaux routiers, autoroutiers, aéroportuaires et de voirie. Cette intégration donne désormais au groupe une puissance d’exécution accrue dans le génie civil et les grands travaux.
«Depuis cette opération, la courbe d’exécution n’est plus la même. Auparavant, TGCC avait recours à la sous-traitance. Le rachat de STAM va permettre de réduire sensiblement les délais et d’améliorer la maîtrise des coûts tout en sécurisant la qualité d’exécution», souligne la même source.
Cette évolution structurelle ouvre la voie à une croissance potentiellement plus rapide, que les investisseurs attendent toutefois de voir confirmée par l’étoffement du carnet de commandes.
TGCC améliore son profil de risque
Comme mentionné dans le document officiel de l’augmentation de capital des Travaux généraux de construction de Casablanca, la levée de 2,2 milliards de dirhams ne se limite pas à l’élargissement du flottant. Elle répond à deux objectifs précis, à savoir solder l’intégralité de la dette contractée lors de l’acquisition de 60% de STAM, tout en donnant accès au capital aux investisseurs institutionnels comme au grand public.
Cette levée de fonds, saluée par les investisseurs, réduit ainsi sensiblement l’endettement et assouplit la structure financière, offrant au groupe une marge de manœuvre accrue pour ses projets futurs.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO