Éco-Business

Majd Guebbas : “La dynamique actuelle n’est pas conjoncturelle, mais bien structurelle”

Majd Guebbas
Directeur général BMCE Capital Bourse

Organisée par BMCE Capital, la 4e édition de l’Annual Investor Conference réunit investisseurs institutionnels et sociétés cotées du Maroc, de Tunisie et de la zone UEMOA, et s’impose comme un carrefour stratégique de l’investissement panafricain, au service d’une finance plus intégrée, plus transparente et résolument tournée vers l’avenir.

Quelle est l’importance d’un événement comme l’Annual Investor Conference pour vous et pour les émetteurs ?
Nous en sommes aujourd’hui à la quatrième édition de notre Annual Investor Conference, un rendez-vous qui est devenu très attendu, aussi bien par les investisseurs que par les émetteurs. Ces derniers y voient une plateforme de référence pour communiquer non seulement sur leurs réalisations, mais aussi sur leur stratégie de développement et d’investissement.

Il faut rappeler que, pour pouvoir investir de manière éclairée, l’accès à l’information est fondamental. Cet événement répond donc à un besoin réel de part et d’autre, en facilitant un échange direct, structuré et de qualité entre les acteurs du marché. En tant qu’organisateurs, nous sommes ravis de contribuer à cette dynamique.

Qu’attendez-vous concrètement de cette édition 2025 ?
L’objectif principal est d’apporter un éclairage contextualisé sur la situation de chaque entreprise participante, en particulier sur leurs perspectives de croissance dans un environnement économique que nous estimons très porteur.

Le marché boursier marocain, comme on le constate, évolue dans une dynamique haussière remarquable. Il est donc essentiel d’accompagner cette tendance par des analyses solides et de fournir aux investisseurs les clés nécessaires pour asseoir leurs décisions.

Cette édition s’ouvre davantage aux entreprises africaines. Quel regard portez-vous sur la compétitivité de la Bourse de Casablanca par rapport aux autres marchés de la région, notamment ceux de Tunisie ou de l’UEMOA ?
Le Maroc ambitionne clairement d’être une locomotive régionale en matière de finance de marché. À titre d’exemple, la Bourse de Casablanca a récemment signé un protocole d’accord avec la Mauritanie pour l’accompagnement au développement de sa place boursière. Ce type d’initiative illustre bien la volonté de créer des passerelles régionales solides.

Dans ce sens, les investisseurs marocains seront probablement amenés, à l’avenir, à élargir leur champ d’action au-delà des frontières nationales, d’autant que la nouvelle réglementation sur les OPCVM prévoit une ouverture vers ces marchés. L’événement de cette année leur offre une occasion concrète de mieux connaître les marchés de la Tunisie et de l’UEMOA, des zones où plusieurs grandes entreprises marocaines sont déjà actives ou cotées.

La question de la faible présence d’investisseurs étrangers revient régulièrement. Comment comptez-vous favoriser leur retour sur le marché marocain ?
C’est une préoccupation ancienne, mais les choses évoluent. Deux freins principaux étaient souvent évoqués. D’une part, la liquidité, et, d’autre part, le manque de dynamique. Or, aujourd’hui, la liquidité du marché marocain a connu une nette amélioration. Le volume moyen quotidien avoisine les 500 millions de dirhams en 2025, ce qui est inédit. Nous caressons désormais l’espoir de voir le Maroc retrouver le statut de marché émergent, tant la dynamique est positive.

Par ailleurs, la croissance du MASI dépasse les 26 %, et les résultats bénéficiaires agrégés attendus s’orientent vers une hausse de près de 29 %. Lors d’un récent webinaire organisé avec BKGR, une quinzaine d’investisseurs étrangers ont exprimé leur étonnement devant cette performance marocaine dans un contexte international pourtant instable.

Comment gérer l’écart entre les fondamentaux économiques et la perception du marché, notamment en période d’euphorie boursière ?
C’est une vraie question. Les marchés ont toujours leur part d’irrationalité, qu’elle soit haussière ou baissière. Notre rôle, en tant qu’intermédiaire financier et bureau de recherche, est d’anticiper les tendances et d’éclairer les investisseurs avant les publications de résultats.

Les excès font partie intégrante des marchés. Mais le moment de vérité, c’est bien celui des publications. C’est à ce moment-là que l’on confronte les anticipations aux réalisations, et que les cours s’ajustent. Entre-temps, il y a un libre jeu de spéculations, ce qui est naturel dans un marché qui fonctionne avant tout sur l’échange d’informations et de perceptions. Le « juste prix » n’est jamais fixe — il est, par nature, mouvant.

Le lancement des produits dérivés est imminent. Comment comptez-vous accompagner cette évolution ?
C’est une avancée majeure que nous attendions depuis longtemps. L’introduction de produits dérivés, notamment des contrats à terme sur le MASI 20, permettra aux investisseurs d’anticiper aussi les phases de baisse ou de couvrir leurs portefeuilles. Le chantier est en cours, les textes sont publiés, et nous pensons que les premiers produits seront opérationnels très prochainement. Il s’agira d’un outil structurant qui contribuera à la liquidité et à la maturité du marché.

Pour conclure, quelles tendances ou signaux clés attendez-vous à l’issue de ces deux journées ?
Nous évoluons dans un contexte naturellement volatil, où les marchés montent et descendent en fonction des anticipations. Mais malgré cette volatilité, les fondamentaux du marché restent solides. Notre conviction est que la dynamique actuelle n’est pas conjoncturelle, mais bien structurelle. Elle s’inscrit dans une trajectoire de transformation profonde, qui trouvera un point d’inflexion majeur à l’horizon 2030. Ce que nous vivons aujourd’hui en est la prémisse. Nous pensons même que 2030 ne sera pas un aboutissement, mais plutôt un point de départ pour un nouveau cycle économique marocain.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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