L’ONEE repense son modèle économique
L’Office national de l’électricité et de l’eau potable balise les contours de son nouveau modèle économique. À travers la signature d’un protocole d’accord avec la Fondation de recherche, de développement et d’Innovation en sciences et ingénierie, l’office compte favoriser le transfert de technologie vers les compétences nationales.
L’intelligence artificielle appliquée à la gestion optimale de l’électricité, à l’amélioration de la performance ou encore à la réduction des pertes. Telle est l’ambition affichée par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et la Fondation de recherche, de développement et d’Innovation en sciences et ingénierie (FRDISI) à travers la signature du protocole d’accord, le 15 janvier dernier, par les deux parties.
Ce partenariat entre dans le cadre du renforcement de la recherche scientifique et de l’innovation ainsi que du développement de la formation. Concrètement, cet accord va consister en la réalisation commune d’un centre de haute technologie en matière de digitalisation et d’intelligence artificielle. Notons que l’intelligence artificielle, composante intégrante des orientations stratégiques de l’ONEE, représente pour l’office un réel apport afin de développer de nouveaux outils d’aide à la décision aux impacts multiples tels que la performance des opérations de maintenance des installations, la digitalisation des réseaux, la qualification du capital humain et l’optimisation de la gestion automatisée des process. Implanté dans l’enceinte du Centre des sciences et techniques de l’électricité (CSTE) de l’ONEE à Casablanca, ce centre abritera des plateformes expérimentales qui permettront la réalisation de projets de formation, d’expertise et de R&D traitant de multiples applications d’intelligence artificielle dans des secteurs pointus favorisant le transfert de technologie vers les compétences nationales. Grâce à de telles collaborations, l’office pourra apporter à ses clients des réponses nouvelles et innovantes pour relever les défis énergétiques et environnementaux actuels, mais aussi augmenter la valeur ajoutée de ses produits et services. La R&D contribuera au renforcement de la compétitivité de l’office.
Pour l’heure, rien ne filtre sur ce que va coûter la réalisation de ce centre, ni même sur l’horizon de son ouverture. Selon le chef de gouvernement, Saad Dine El Otmani, le volume des investissements de l’ONEE pour l’année 2020 s’élève à 7,1 MMDH, dont 3,5 MMDH dans le secteur de l’électricité et 3,6 MMDH pour l’eau potable et l’assainissement liquide. Ce nouveau partenariat bénéficiera également à divers secteurs de l’industrie nationale ainsi qu’aux pays d’Afrique subsaharienne auxquels l’ONEE est lié à travers une coopération, notamment dans le domaine de la formation au CSTE, sélectionné comme centre d’excellence au sein du Réseau africain des centres d’excellence en électricité (RACEE). Plusieurs employés des opérateurs du continent suivent régulièrement des formations dans les métiers de l’électricité. Comment ce projet s’inscrit-il dans la feuille de route de redressement de l’ONEE ? Dans un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) publié en septembre dernier dans le Bulletin officiel n°6914, ce dernier appelle à accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte. Afin d’assurer le bon fonctionnement du réseau dont la complexité va aller en augmentant, le conseil économique recommande que des flux d’information sur l’électricité produite et consommée en tous points soient produits et centralisés au niveau d’une structure sous la responsabilité de l’autorité de régulation. Ce réseau intelligent (smart grid) verra le jour à travers le remplacement progressif des compteurs électriques classiques par des compteurs intelligents qui pourront être conçus et fabriqués par des industriels marocains sur la base d’un cahier des charges et de normes d’interopérabilité édictées par l’autorité de régulation. L’accès à ces informations, dont la protection des données personnelles sera assurée, permettra en outre de développer des services à valeur ajoutée basés sur les technologies de big data et d’intelligence artificielle.
Feuille de route pour le redressement de l’ONEE :
Comme mentionné dans le Bulletin officiel n°6914, un programme de redressement prévoit des ajustements tarifaires, des subventions d’investissement et d’exploitation pour le dessalement, le recouvrement des dettes d’assainissement et d’eau, l’appui au recouvrement des créances, la titrisation des actifs et la cession des actifs non nécessaires. Parallèlement au contrat-programme avec l’État, une feuille de route a été élaborée par la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP). Celle-ci comprend la définition d’un nouveau modèle économique viable, l’amélioration de la gouvernance, le recentrage de l’ONEE sur son cœur d’activité, la séparation des activité de production, transport et distribution, la mise en œuvre du transfert des actifs renouvelables vers MASEN, la diversification des sources de financement, l’amélioration de la performance avec la réduction des pertes, la lutte contre les fraudes, la transformation digitale avec les compteurs numériques, l’automatisation des processus de facturation et de recouvrement, le recours à des outils innovants de couverture de risque, notamment les salles de marchés et l’externalisation de la Caisse centrale de retraites.
Modeste Kouame / Les Inspirations Éco