Éco-Business

Gaming et iGaming : des perspectives prometteuses

Porté par une jeunesse connectée, le marché marocain du jeu vidéo et des paris en ligne connaît un essor fulgurant. Entre volonté politique, mutations technologiques et cadre réglementaire en transition, le Royaume entend structurer un secteur à fort potentiel, tout en affrontant de nombreux défis.

C’est une transformation profonde du paysage numérique qui est amorcé. Et parmi les secteurs les plus dynamiques figurent ceux du gaming et du iGaming (paris en ligne). Longtemps perçus comme marginaux, ils s’imposent désormais comme des secteurs dynamiques.

Avec 66% de la population âgée de moins de 35 ans, le pays dispose d’un vivier jeune, connecté, et adepte de nouveaux modes de divertissement. La généralisation des smartphones et l’amélioration de l’accès à Internet ont modifié les habitudes, donnant naissance à une culture ludique mobile et interactive.

Conscient de ce potentiel, le gouvernement a érigé le secteur en axe stratégique de diversification. En témoignent l’émergence de projets, tels que Rabat Gaming City, la multiplication des formations spécialisées ou encore l’organisation d’événements professionnels.

Forte dynamique
Sur le plan législatif, la Loi de finances 2025 a instauré une taxe de 30% sur les gains issus des plateformes étrangères de jeux en ligne, ainsi qu’une contribution de solidarité de 2% visant à financer des projets sociaux. Cette régulation marque un tournant pour un secteur longtemps laissé hors champ juridique. Sur le plan économique, les chiffres traduisent une dynamique de croissance continue.

Selon un rapport d’étude sur le marché du iGaming au Maroc, en 2025, les revenus du marché global des jeux d’argent sont estimés à un 1,14 milliard de dollars. Cette somme devrait croître pour atteindre 1,23 MM$ d’ici 2029, selon un taux de croissance annuel moyen de 1,8%. Le segment des casinos représente le principal moteur de revenus avec une estimation de 700 M$ dès 2025. Les paris sportifs, quant à eux, devraient générer 172 M$, avec une croissance annuelle moyenne de 2,9%. Le rapport note qu’environ 29% des adultes marocains auraient déjà participé à des paris sportifs au cours des 12 derniers mois, preuve d’une démocratisation rapide.

Par ailleurs, le type de jeux les plus plébiscités reflète à la fois les tendances mondiales et les spécificités locales. Les machines à sous dominent largement dans les casinos physiques comme dans les plateformes en ligne, suivies des jeux de table traditionnels.

Dans l’univers des paris sportifs, le football règne en maître. Toutefois, d’autres disciplines comme les courses hippiques, le tennis ou encore le basketball suscitent également un intérêt croissant. La loterie conserve une place stable. L’e-sport, lui, continue sa percée, appuyé par des compétitions locales et la montée d’une communauté structurée.

Défis et opportunités
Côté profil des joueurs, les hommes demeurent majoritaires, mais la participation féminine progresse, en particulier dans les jeux sur mobile. La culture du mobile-first est désormais ancrée dans les usages, avec une préférence marquée pour les contenus en langue arabe, les jeux thématisés autour du football ou ceux offrant des interactions en temps réel. Les régions du nord et de l’est enregistrent les dépenses les plus élevées, tant en matière de paris que d’achats intégrés dans les jeux.

Environ 23% des Marocains déclarent jouer à des jeux vidéo, tandis que près de 30% affirment avoir participé à des paris sportifs au cours de l’année écoulée. Sur le plan réglementaire, le cadre actuel repose sur une dichotomie persistante. Le jeu physique est légal et encadré depuis 1966 par un Dahir spécifique, sous la supervision du ministère de l’Intérieur. Les casinos, bien que gérés par des opérateurs privés, sont soumis à un régime d’autorisation strict, limité aux grandes agglomérations.

À l’opposé, le jeu en ligne évolue dans une zone grise. Aucune disposition juridique ne l’interdit formellement, mais aucune licence locale n’est attribuée aux opérateurs numériques. Cette lacune a permis l’essor de plateformes étrangères qui ciblent les utilisateurs marocains sans encadrement national. Néanmoins, une modernisation du cadre législatif permettrait de légaliser et réguler le iGaming, d’ouvrir la voie à davantage de recettes fiscales et d’attirer des investisseurs internationaux.

La formation et l’encouragement à la création de studios de jeux marocains sont de mise. L’écosystème de l’e-sport, en plein essor, constitue un levier de développement rapide, notamment à travers des partenariats publics-privés, des compétitions internationales et la création de contenu local. Le potentiel d’un marché numérique encore largement inexploité attire davantage l’attention des acteurs du secteur.

Cependant, plusieurs défis subsistent. L’absence de cadre juridique précis et de licences dédiées pour les opérateurs en ligne freine l’émergence d’une industrie locale solide. La fiscalité pourrait s’avérer dissuasive pour certains opérateurs.

Les restrictions en matière de paiement, comme l’interdiction des cryptomonnaies ou les contraintes imposées aux prestataires de services financiers, compliquent les transactions. Les sensibilités culturelles et religieuses exigent une approche mesurée, fondée sur la responsabilité sociale et le respect des valeurs locales. Le Maroc semble toutefois décidé à franchir un cap. La transition réglementaire amorcée marque un tournant vers plus de transparence et de structuration.

À condition de suivre les évolutions législatives de près, d’investir dans des contenus adaptés au public local, de favoriser les formats mobiles et de respecter les contraintes fiscales, les opérateurs disposent d’un environnement prometteur.

D’ici 2029, le pays pourrait adopter une législation spécifique au iGaming, voir émerger des éditeurs de jeux nationaux, positionner ses talents e-sports sur la scène internationale et devenir un pôle de référence pour le jeu numérique régulé en Afrique du Nord. Le potentiel est là, les signaux sont au vert, et les prochaines années seront décisives pour transformer l’essai.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



Parlement : Moudawana et retraites, les dossiers chauds de la rentrée


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page