Éco-Business

Les sidérurgistes marocains s’inquiètent

Le secteur de la sidérurgie retient son souffle suite à la décision du président américain d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium. Le volume des exportations marocaines d’acier vers les USA est encore faible mais le marché américain est stratégique. La capacité de production locale et de 3 millions de tonnes, contre une demande ne dépassant pas la moitié de ce chiffre.

La décision de Donald Trump d’appliquer une taxe sur les importations américaines d’acier et d’aluminium a suscité l’inquiétude outremer, notamment en Europe et en Chine. Mais pas seulement. Au Maroc, où les exportations de ces deux minerais vers les États-Unis revêtent un intérêt particulier, quoiqu’elles soient dans un stade embryonnaire, les opérateurs sont inquiets. En attendant d’en savoir plus sur les pays concernés par cette mesure, seuls le Canada et le Mexique sont déjà exclus de cette décision protectionniste. Tous les autres partenaires économiques, y compris le Maroc, devraient éventuellement en payer les frais. Selon David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC), le président américain est bien parti pour mettre en place les mesures déclarées et cela risque de faire des remous. «Les réactions ne se sont pas fait attendre. Étant liés par des accords commerciaux avec la plupart de leurs partenaires économiques, les États-Unis devront s’expliquer sur cette décision unilatérale. En ce qui nous concerne, le Maroc commence à peine à exporter aux USA. Nous ne savons pas encore si nous ne sommes concernés par cette décision, mais, nous nous inquiétons beaucoup», a-t-il souligné. Qu’en est-il de la réaction concrète des entreprises si le Maroc est touché officiellement par la décision du président américain ? «Les opérateurs marocains se défendront sans aucun doute, car le marché américain est prestigieux. Si les accords signés entre les deux parties ne sont pas respectés, une compensation devrait avoir lieu. Par ailleurs, le Maroc suivra à son niveau l’évolution de cette situation, en l’occurrence le résultat des négociations entre Américains et Européens», nous répond Toledano. Pour rappel, des pourparlers devront avoir lieu aujourd’hui et demain entre la Commission européenne et Washington (voir encadré). À ce propos, David Toledano n’exclut pas des actes de rétorsion, et même un recours à la justice internationale.

Commerce international et capacité de production
L’ALE signé entre le Maroc et les États-Unis ne protégera pas – éventuellement – l’industrie marocaine de la décision de Donald Trump. De manière générale, les accords de libre échange libéralisent les échanges et permettent de faciliter la circulation des produits en instaurant une exonération des droits et taxes, tout en donnant la possibilité aux partenaires économiques de se protéger. Quoiqu’il en soit, les producteurs nationaux sont – sans exception – constamment à la recherche de nouveaux marchés. L’industrie locale se caractérise en effet par une capacité de production qui dépasse de loin la demande nationale. «La capacité de production du secteur est de 3 millions de tonnes, pour un marché qui ne dépasse pas la moitié de ce chiffre (1,5 million). Ce constat engendre deux situations. Soit les opérateurs sont en sous-capacité d’utilisation de leurs unités de production. Soit, l’effort de l’entreprise est concentré sur la prospection et les nouveaux débouchés», nous explique le président de la FMC. Pire, l’aciérie subit déjà la concurrence des importations, une situation qui a poussé les opérateurs à encourager des mesures protectionnistes, au même titre de ce qui s’est passé aux États-Unis.

Opportunité
Le marché africain offre des perspectives intéressantes pour l’acier marocain. En ce sens, l’adhésion du royaume à la CEDEAO pourrait faire bénéficier les opérateurs nationaux des différences de droits de douane, «une vraie bouffée d’oxygène», selon Toledano. En tout cas, le surplus de production devra être écoulé dans d’autres marchés, comme cela est de mise dans les secteurs des matériaux de construction, où la capacité de production dépasse également la demande locale. C’est notamment le cas du ciment qui connaît un recul de consommation depuis plusieurs années. Ce secteur produit 20 millions de tonnes annuellement, contre une demande de 14 millions. Seule l’ouverture aux nouveaux marchés est ainsi salutaire. 


Contexte international

Début mars, Donald Trump a annoncé l’imminente application de tarifs élevés sur les importations d’acier et d’aluminium aux États-Unis. Ces tarifs douaniers sont de l’ordre de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium. Si le président américain n’a pas donné de détails sur les pays ciblés par ces mesures, il a expliqué les raisons pour lesquelles cette décision mesure protectionniste a été adoptée. Les industries de l’acier et de l’aluminium ont été «décimées» par les importations, selon les propres termes du président. En ligne avec les promesses électorales de Trump, ayant annoncé à maintes reprises sa volonté de protéger les industries américaines, cette décision a suscité l’ire des officiels européens et chinois, touchés de plein fouet. Selon l’AFP, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, doit se déplacer aujourd’hui et demain à Washington pour rencontrer son homologue américain Wilbur Ross. Au menu, «discuter des taxes douanières que les États-Unis veulent appliquer sur l’acier et l’aluminium», lit-on sur une dépêche de l’agence.


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