La plus grande ferme du Maroc ouvre ses portes
Plus de 1.200 exposants de plus de 65 pays prennent part à la 12ème édition du Salon international de l’Agriculture au Maroc qui se tient, du 18 au 23 avril, sur une superficie de 170.000 m2 dont 80.000m2 couverte. L’Italie, l’Espagne et la France sont présentes en force. L’évènement sera animé par une vingtaine de conférences et sera sanctionné par plusieurs conventions.
C’est un rendez-vous devenu il y a des années déjà, incontournable de part sa notoriété et sa rentabilité. Le Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), qui se tient du 18 au 23 avril, est aujourd’hui à sa douzième édition. Une édition qui, placée sous le thème «Pour un Agroibusiness responsable pour une agriculture durable», va mettre en exergue les avancées du pays en la matière mais qui devrait aussi mettre la lumière sur les défis à relever. Là , il faut rappeler que l’agriculture et l’industrie agroalimentaire sont des secteurs très importants pour l’économie marocaine et sa sécurité alimentaire.
Selon les études du ministère des Finances, «les deux secteurs représentaient en 2013 respectivement 15,5% et 5,3% du PIB nominal. Mieux encore et en attendant qu’ils exploitent pleinement leur potentiel, ces deux secteurs ont un apport considérable dans l’amélioration des échanges extérieurs du pays avec une contribution aux exportations globales des biens de plus de 15% en 2013 portée, essentiellement, par des filières phares à l’export». Cela dit, il ne peut y avoir de durabilité sans rentabilité. Et c’est l’équation qu’essaie de résoudre le Plan Maroc Vert qui a donné un nouveau souffle à l’agriculture marocaine et qui a contribué ainsi à booster le secteur de l’agro-industrie.
Toutefois ce dernier semble toujours faire face à deux nombreux obstacles. Le premier étant d’ordre fiscal puisque les opérateurs qui estiment que le niveau de fiscalisation de leurs activités reste très élevé. «C’est le cas notamment du différentiel entre la TVA agricole (nulle) et la TVA agroalimentaire qui est de 20% et qui ne permet la valorisation des produits agricoles en première et en deuxième transformation», note-t-on auprès de la FENAGRI. Selon cette dernière «le surcoût subi par le consommateur des produits transformés favorise la vente en vrac des produits agricoles ainsi que l’informel». Ce n’est pas tout puisque l’agoindustrie locale «n’a pas un accès aux intrants en quantité et en qualité satisfaisante et à un prix équivalent aux cours mondiaux. Ce qui plombe la compétitivité de la production locale face à des produits finis étrangers profitant des accords de libre échanges et de ce fait sont exonérés des droits de douane».
Au delà de cette problématique, le salon est une vitrine pour les produits marocains et étrangers. C’est aussi une plateforme de rencontre entre professionnels de différents pays du globe, un espace de networking d’interconnexion. En clair, il s’agit d’un lieu privilégié pour faire du business. En 2016, plus de 35% du chiffre d’affaires des coopératives a été réalisé durant le salon. Ce dernier, tout au long de sa riche expérience a su fidéliser les exposants de tous bords. A ce niveau, il faut noter que selon le bilan de l’édition 2016 à laquelle avaient pris part plus de 1.200 exposant de 60 pays, le taux de fidélisation des exposants a dépassé les 85% alors que la participation de ceux étrangers a augmenté l’année dernière de 20%. Pour cette année plus de 1.230 exposants de 65 pays sont attendus alors que le nombre des visiteurs devraient dépasser le million, record réalisé durant l’édition précédente. Pour cette édition la surface du salon est de 170.000 m2 dont 80.000 m2 couverte.
Le salon sera animé par une vingtaine de conférences thématiques. Sont également prévus des concours dans différents domaines. L’évènement qui sera aussi l’occasion pour la signature d’une vingtaine de conventions, insistera sur le développement du continent africain. Dans ce sillage, on notera la participation remarquable et significative du président de l’Union Africaine Alpha Condé qui est aussi président de la République de Guinée, aux neuvièmes assises de l’agriculture qui se sont tenues hier 17 avril à Meknes. Condé qui a donné un discours lors de l’ouverture de ces assises et assistera également à l’inauguration aujourd’hui 18 avril à l’ouverture du salon.
L’Italie, la France et l’Espagne en force
Cet évènement sera marqué aussi par la participation d’une quinzaine de ministres de l’agriculture, dont le ministre italien pour les politiques agricoles, alimentaires et forestières, Maurizio Martina, qui représentera l’Italie, invitée d’honneur du SIAM. Le pays sera représenté aussi par pas moins de 44 entreprises qui exposeront leurs produits et services sur un espace de plus de 1200 m2. C’est qui dénote de l’importance du salon à l’échelon international. La participation de ces entreprises, est coorganisée, par l’Ambassade d’Italie à Rabat et l’Institut italien pour le commerce extérieur (ICE) de Casablanca et par la Foire de Vérone . Cette dernière a conclu un «accord stratégique» avec le SIAM qui devrait permettre aux italiens de renforcer leur présence en Afrique du nord dans le secteur de l’agro-alimentaire. Pour rappel, l’Italie est classée 3è pays agricole au sein de l’Union européenne,
Économie et finances
Il n’ y a pas que les Italiens qui sont venus en force puisque les Espagnols tenteront aussi de renforcer leur position aussi bien sur le marché marocain que celui africain via le SIAM. À l’initiative de l’Institut espagnol du commerce extérieur (ICEX), elles sont cette année 27 entreprises qui présentent leurs produits, et leur offres en technologies et services agricoles sur un pavillon qui s’étend sur 432 m2. Il faut noter que seules 10 entreprises des 27 présentes cette année participent pour la première fois au salon. Et puis il y a les grands habitués qui eux aussi mettent les grands moyens pour réussir leur participation. Les entreprises et organismes français qui y participent pour la neuvième fois sont au nombre de 26. Leur pavillon France sur 500 m2 est organisé par Business France (le nouveau nom d’UBIFRANCE depuis sa fusion avec l’Agence Française pour les Investissements Internationaux en janvier 2015), en partenariat avec la CFCIM (Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc). La participation française comprend différents services et offres dans de nombreux secteurs agricoles et agroalimentaires (horticulture, pépinières fruitières et viticoles, équipements et services pour l’arboriculture et les fruits et légumes, analyse de données agricoles, génétique bovine et ovine, animaux vivants, équipements et services pour l’élevage, hygiène, nutrition animale, équipements de pasteurisation de jus de fruits, tonnellerie, eau minérale, bioanalyses….).
Pour rappel, la France jouit d’une position assez confortable dans les relations commerciales avec le Maroc. Elle occupe les premières places en tant que client, fournisseur, bailleur de fonds, investisseur…. Le pays est aussi un grand fournisseur de machines agricoles du Maroc ainsi que en matière de produits comme les appareils de laiterie et les équipements de préparation des aliments pour la filière viande.
Nourrir l’Afrique
«La croissance agricole dans le continent africain est devenue suffisamment importante à partir des années 2000, pour compenser la croissance démographique». C’est ce qui ressort de la note d’orientation politique publiée par l’OCP Policy Center. Cette note, (Relance de la productivité agricole en Afrique : l’espoir d’une sécurité alimentaire), qui décrypte l’évolution de l’agriculture dans le continent sur une longue période, a constaté une reprise de la croissance de la valeur ajoutée agricole. «Cette reprise qui commence à partir de la deuxième moitié des années 1980 est due principalement aux facteurs terre et travail auquel le recours a été et, dans une moindre mesure,à l’amélioration de la productivité globale», souligne-t-on auprès d’OCP Policy Center. Après, il y a eu une croissance qui a commencé au début des années 2000 dont le poids est devenu assez important pour compenser la croissance démographique, en dépit de ses performances qui varient d’un pays à un autre. Si dans des pays développés l’amélioration de la productivité booste le développement du secteur agricole, dans la majorité des pays africains l’expansion des superficies cultivées et la hausse de la main d’œuvre employée dans l’agriculture continuent d’être les principaux moteurs de cette croissance. Là, les rédacteurs de la note estiment que pour atteindre les objectifs de développement en Afrique, il faut accorder une grande attention à l’amélioration de la productivité dans le secteur agricole. Ceci doit passer nécessairement par une intensification «plus raisonnée», par davantage d’efforts dans la recherche, l’éducation et la vulgarisation. «Ceci sans oublier l’environnement du secteur, qui a besoin en plus des infrastructures de base, d’une réflexion approfondie du cadre politique et économique», recommande la note d’OCP Policy Center. Bien entendu l’amélioration des performances du secteur agricole ne peut à elle seule développer le continent. Il faut en parallèle trouver des solutions pour améliorer le rendement des autres secteurs des économies africaines.