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La contrefaçon inquiète les professionnels

Le thème de ces deuxièmes assises a mis le doigt sur un fléau qui représente 75 milliards de dollars et touche particulièrement le continent africain. Plaidoyer pour des actions communes afin de faire barrage aux réseaux de la contrefaçon et durcir les lois contre les contrevenants.

Un médicament sur dix vendus dans le monde est probablement un faux. La contrefaçon de médicaments contre le paludisme et la tuberculose serait à elle seule responsable de 700.000 morts par an. C’est avec ce constat alarmant qu’Anass Doukkali, ministre de la Santé, a ouvert les deuxièmes assises du médicament, vendredi à Skhirat. La thématique choisie pour cette rencontre, à laquelle ont assisté plusieurs ministres et responsables de la santé en Afrique et au Moyen-Orient surtout, est d’une actualité pressante. Certes la problématique de l’accès au médicament est tout aussi prioritaire, mais la falsification médicale représente une menace pour la santé mondiale avec des ramifications encore plus dangereuses. Selon l’OMS, le chiffre d’affaires mondial du trafic de faux médicaments aurait atteint 75 milliards de dollars en 2010. Un immense manque à gagner pour les laboratoires pharmaceutiques. Plus préoccupant, un médicament sur deux acheté sur des sites internet dissimulant leur adresse physique serait une contrefaçon ou pour le moins non-conforme alors qu’en Afrique, les taux de médicaments falsifiés varient entre 30% et 70% selon les pays. Il est donc plus qu’urgent de réfléchir à une feuille de route pour une stratégie conjointe en matière de lutte contre les médicaments falsifiés, comme souligné par le ministre. Nancy Biyeah Yang, officier de santé publique du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est allée dans le même sens en mettant l’accent sur l’harmonisation des politiques nationales et un partenariat plus poussé pour faire face à la menace des médicaments contrefaits. «La lutte contre ce fléau constitue un vrai challenge pour les pays africains qui demeurent les plus touchés par ses conséquences, en accusant jusqu’à 60% de contrefaçons au niveau des marchés pharmaceutiques de certains pays», a-t-elle précisé.

C’est la raison pour laquelle un nouveau programme de l’agence NEPAD et l’Union africaine (UA) vise l’unification des lois en matière de santé à l’échelle africaine et l’harmonisation des lois africaines avec les normes internationales. Dans ce sens, ajoute Biyeah Yang, l’UA et le NEPAD ambitionnent de créer un système africain pour le contrôle des médicaments sur le continent. Pour sa part, Marc Gentilini, délégué général du programme pour l’accès à des médicaments et à une santé de qualité à la Fondation Jacques Chirac a tonné que le trafic des médicaments falsifiés constitue un double crime d’une part contre la santé et d’autre part contre la société. Ceci dans la mesure où il frappe, non seulement les malades, mais aussi les plus pauvres qui n’ont pas accès aux médicaments de qualité.

Le ministre délégué chargé de la Santé au Conseil de coopération des États arabes du Golfe, Mouhssine Doussari, a relevé que ce problème universel exige une synergie des efforts, une volonté politique et un engagement de toutes les composantes de la société. À l’issue de la séance inaugurale de ces deuxièmes assises, quatre protocoles d’accord bilatéraux dans le domaine de la santé ont été signés entre le Maroc, d’une part, et le Bénin, le Cap vert, le Burkina-Faso et la République centrafricaine, d’autre part. Une résolution baptisée «Résolution de Rabat sur la lutte contre les médicaments falsifiés en Afrique» a été signée par le Maroc et plusieurs pays africains. Cette résolution vise à renforcer les efforts en matière de lutte contre les médicaments et les produits de santé falsifiés à l’échelle du continent africain et à prôner les engagements à prendre.


Omar Bouazza,
Directeur des médicaments  et de la pharmacie au ministère de la Santé

L’Afrique est l’un des continents les plus touchés par la contrefaçon des médicaments au niveau international. Pour le Maroc, grâce à un circuit de distribution bien verrouillé, il n’y a pas de contrefaçon. Mais aucun pays au monde n’est à l’abri de ce fléau. Dans les pays occidentaux, il y a la problématique de la vente par internet qui fait, selon des statistiques, qu’un médicament sur deux vendu sur le net est faux. Au Maroc, la vente de médicament via internet est interdite mais il ne faut pas confondre contrefaçon et contrebande telle qu’on la connaît au Maroc au niveau des zones frontalières. Certains avaient l’habitude de s’approvisionner de la sorte quand le produit était cher mais aujourd’hui, les prix des médicaments au Maroc sont très abordables. Aujourd’hui, nous sommes classés deuxième au niveau du continent africain et nous travaillons en réseau avec les différentes instances internationales notamment Interpol pour lutter contre ce genre de fléaux. En effet, il s’agit d’un trafic international qui dans certains cas peut même financer le terrorisme.


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