Canicule ibérique : l’économie sous pression climatique

L’Espagne et le Portugal font face à une intense vague de chaleur, avec des températures dépassant les 43°C et un risque extrême d’incendis. Ce stress climatique, de plus en plus fréquent, menace les infrastructures, le secteur agricole et le tourisme, piliers économiques majeurs de la péninsule ibérique.

La péninsule ibérique est entrée, depuis le début de la semaine, dans un nouvel épisode caniculaire. Selon l’AEMET, l’agence météorologique espagnole, les températures sont supérieures de 5 à 10°C aux normales saisonnières dans la majeure partie du territoire.

L’alerte orange a été déclenchée dans douze communautés autonomes, avec des pointes à 43°C attendues, notamment, en Estrémadure et en Andalousie, deux régions clés pour l’agriculture et l’exportation.

Au Portugal, le gouvernement a placé le pays en vigilance face à un «risque très élevé» d’incendie jusqu’au jeudi 7 août. Le district de Vila Real est particulièrement touché, mobilisant plusieurs centaines de pompiers pour contenir les feux de forêt.

Risques pour les cultures et la production d’énergie
Les températures extrêmes fragilisent directement la production agricole, en particulier dans le sud de l’Espagne. Les cultures de fruits, légumes et oléagineux sont menacées par le stress hydrique, tandis que les exploitations bovines et ovines doivent composer avec des pénuries d’eau et des coûts énergétiques accrus pour la climatisation des installations.

Par ailleurs, les centrales hydroélectriques, qui dépendent du niveau des barrages, voient leur rendement compromis. Cette vulnérabilité énergétique accroît la dépendance aux importations et met en lumière le besoin urgent de renforcer les capacités solaires et de stockage.

Le tourisme en surchauffe
Traditionnellement, l’Espagne et le Portugal accueillent des millions de touristes européens en juillet-août. Mais les épisodes de chaleur prolongée pourraient changer la donne. «Les clients écourtent leur séjour ou décalent leurs vacances vers des zones plus tempérées», observe un responsable d’agence de voyages à Séville.

La perspective d’un tourisme estival sous 40°C n’est plus un atout, mais un frein. L’adaptation devient donc une priorité pour les acteurs du secteur. Certains hôtels investissent dans des infrastructures à haute efficacité énergétique ou réorientent leur offre vers les mois d’avril, mai et septembre. Le modèle de croissance touristique des deux pays pourrait devoir être repensé à moyen terme.

Incendies : un risque systémique en hausse
Le Portugal a déjà perdu plus de 25.700 hectares en 2025 selon le système européen Effis. Les feux de forêt affectent non seulement les ressources naturelles, mais aussi les chaînes logistiques, les infrastructures routières et l’image touristique des régions touchées.

L’incendie de Vilardevós en Galice, qui a déjà consumé plus de 570 hectares, en est un exemple récent. La multiplication de ces événements extrêmes pose également la question de la soutenabilité des budgets publics. Entre dépenses pour la lutte contre les incendies, réparations des dommages, indemnisation des agriculteurs et investissements en prévention, le coût du climat pour les États s’envole.

Vers une redéfinition des priorités climatiques ?
Ce nouvel épisode extrême confirme que les vagues de chaleur ne sont plus des anomalies mais des tendances structurelles. L’Espagne et le Portugal, en première ligne, doivent accélérer leur adaptation : infrastructures résistantes à la chaleur, plans de continuité d’activité pour les entreprises, mécanismes d’assurance climatique, etc.

Le Pacte vert européen prévoit des ressources pour l’adaptation au changement climatique, mais les États membres devront plaider pour une répartition plus équitable, en fonction du degré d’exposition. À court terme, le coût économique des canicules devrait entrer dans les paramètres des politiques budgétaires et fiscales.

J.G. avec agences / Les Inspirations ÉCO