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Inégalités: Seulement 1% de la population mondiale est le plus riche

L’ONG britannique Oxfam a publié, lundi, son rapport sur les inégalités au niveau mondial pour l’année 2020. Selon cette étude, rien ne semble s’arranger en la matière puisqu’en 2019, les inégalités économiques ont continué à échapper à tout contrôle.

La richesse du monde aux mains d’une petite minorité

Le rapport annuel d’Oxfam est publié juste à la veille du Forum économique de Davos dont la 50è édition ouvrira ses travaux mardi. Le document, qui s’appuie sur les données publiées par la revue Forbes et la banque Crédit suisse, mais reste contestée par certains économistes, affirme que les milliardaires du monde entier sont au nombre de 2.153 personnes. Ils se partagent plus de richesses que les 4,6 milliards de personnes restantes.

Les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus de richesses que l’ensemble de la population féminine d’Afrique. Ces richesses extrêmes côtoient une très grande pauvreté. D’après de nouvelles estimations de la Banque mondiale, près de la moitié de la population mondiale vivrait avec moins de 5,50 dollars par jour, et le rythme de réduction de la pauvreté a ralenti de moitié depuis 2013. «Au sommet de l’économie mondiale se trouve une minorité de personnes incroyablement riches. Leur fortune augmente de façon exponentielle au fil du temps, sans trop d’efforts et indépendamment de la valeur apportée à la société», ajoute le rapport, qui indique également que les deux-tiers des milliardaires tirent leur richesse d’un héritage, d’une situation de monopole ou encore de népotisme.

Les principales victimes: les femmes 

Les femmes et les filles assument chaque jour l’équivalent de 12,5 milliards d’heures de travail de soin non-rémunéré et bien davantage encore pour des salaires très bas. La valeur monétaire du travail de soin non-rémunéré, assuré par les femmes âgées de 15 ans ou plus est d’au moins 10.800 milliards de dollars chaque année, soit trois fois la valeur du secteur des technologies à l’échelle mondiale.

Ainsi, le sommet de la pyramide économique concentre des milliers de milliards de dollars entre les mains d’une élite très minoritaire composée principalement d’hommes. Leurs richesses sont déjà démesurées et notre modèle économique défaillant renforce toujours plus cette concentration extrême.
Le vieillissement de la population, les coupes dans les dépenses sociales et les changements climatiques menacent d’exacerber encore les inégalités économiques entre les genres, et d’accentuer toujours plus la crise qui frappe le travail de soin et les aidant-e-s. Si l’élite riche et puissante parviendra sans doute à se relever de la pire de ces crises, ce ne sera pas le cas des personnes les plus vulnérables.

De la nécessité d’une juste imposition

Pour évaluer l’ampleur des inégalités, le document affirme que si un individu a mis de côté 10.000 dollars par jour depuis l’édification des pyramides en Égypte, il aurait cumulé seulement un cinquième de la fortune moyenne des cinq milliardaires les plus riches. De même, si chaque personne s’asseyait sur ses richesses sous la forme de billets de 100 dollars empilés les uns sur les autres, la plus grande partie de l’humanité serait assise sur le sol. Une personne de la classe moyenne vivant dans un pays riche serait assise à la hauteur d’une chaise. Les deux hommes les plus riches au monde se retrouveraient dans l’espace.

Le rapport ajoute qu’une imposition de 0,5% supplémentaire sur la fortune de l’1% les plus riches sur une période de 10 ans, permettrait de collecter autant que les investissements requis pour créer 117 millions d’emplois dans l’éducation, la santé et l’accompagnement des seniors, entre autres secteurs, et comblerait la carence dans ces domaines. En effet, le rapport explique que ces inégalités sont dues en partie à une baisse de la fiscalité pour les grandes fortunes et les multinationales, avec des taux d’imposition en baisse et une volonté tenace d’échapper à l’impôt. Parallèlement, seulement 4% de la fiscalité dans le monde proviennent de l’impôt sur la fortune.

D’après certaines études, les très grandes fortunes se déroberaient à leurs responsabilités fiscales à hauteur de 30%. Des taux d’imposition très faibles sur les sociétés leur permettent d’engranger des profits auprès des entreprises dont elles sont les principaux actionnaires. Entre 2011 et 2017, les salaires moyens dans les pays du G7 ont augmenté de 3%, alors que les dividendes des riches actionnaires ont bondi de 31%.

«Le fossé entre riches et pauvres ne peut être résolu sans des politiques délibérées de lutte contre les inégalités. Les gouvernements doivent s’assurer que les entreprises et les riches paient leur juste part d’impôts», affirme, dans un communiqué, Amitabh Behar, responsable d’Oxfam en Inde, et qui représentera l’ONG au Forum économique mondial de Davos.

De son côté Pauline Leclère, porte-parole d’Oxfam France, a déclaré dans un communiqué rapporté par AFP que «les inégalités indécentes sont au cœur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde (…). Elles ne sont pas une fatalité [mais] le résultat de politiques (…) qui réduisent la participation des plus riches à l’effort de solidarité par l’impôt, et fragilisent le financement des services publics».

Concrètement, aucune solution ou changement n’est visible à l’horizon, selon le rapport, l’organisation Oxfam propose, afin que cela change, que les gouvernements du monde entier agissent afin de construire une économie centrée sur l’humain qui défend des valeurs féministes et valorise ce qui est réellement important pour la société, plutôt que d’alimenter une course sans fin au profit et à la richesse. Des solutions existent et il y a urgence à les mettre en place : investir dans des systèmes de soin afin de répartir plus équitablement le travail de soin effectué aujourd’hui par les femmes et les filles et mettre en place une fiscalité plus juste et progressive qui taxe davantage les grandes fortunes et qui favorise les aidant.



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