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Industrie céramique : Les producteurs font bloc contre les importations espagnoles

Les céramistes nationaux reviennent à la charge et déposent une nouvelle plainte contre les importations espagnoles de céramique. Une décision qui inquiète la filière espagnole et irrite les importateurs marocains.

Les céramistes espagnols qui exportent vers le Maroc retiennent leur souffle. Leurs homologues marocains viennent de déposer, encore une fois, une plainte contre les importations espagnoles de carrelage. Les producteurs nationaux accusent leurs homologues de dumping et veulent que les autorités compétentes bloquent ces envois originaires de la péninsule vers le Maroc. Les céramistes marocains accusent l’industrie ibérique de vendre à des prix plus bas que ceux pratiqués sur le sol espagnol. Les producteurs de la région de Castellon, fief de la production de céramique en Espagne, considèrent le Maroc comme un client important, puisque le royaume figure parmi les neuf pays où cette industrie espagnole dirige sa production. D’ailleurs, les exportations espagnoles vers le marché national totalisent la somme de 70 millions d’euros.

Avec l’Algérie, le royaume est le principal récepteur de ces produits, d’où les inquiétudes du secteur ibérique. La nouvelle plainte de l’Association professionnelle des industries céramiques (APIC) a, semble-t-il, mis le feu aux poudres en dépit des tentatives de rapprochement affirmées de part et d’autre, lors du dernier Salon international de la céramique (CEVISMA), tenu à Valence en Espagne.

Lors de cette foire, le groupe marocain Strapex, spécialiste de la céramique avait réuni tout le gotha international du secteur pour le lancement de son dernier concept, Amabay, une franchise de carrelage et de sanitaire. Le président du groupe Strapex, Youssef Belkaid, qui porte aussi la casquette du président de l’Association nationale des professionnels de la céramique et du second œuvre (APISA) espérait rapprocher les acteurs marocains et espagnols. Vraisemblablement, sa démarche n’a pas apaisé les tensions dans le secteur.  En octobre dernier, rappelons-le, la filière marocaine avait saisi le ministère du Commerce extérieur pour exiger des mesures de protection.

Toutefois, le ministère avait invité les opérateurs marocains à corriger certaines données relatives aux importations espagnoles et leur valeur. Contacté par les Inspirations ÉCO, Belkaid fait part de son désarroi. «Le Maroc va ouvrir une enquête qui va durer au moins une année avant de livrer ses résultats. Or, j’estime que la production nationale a perdu sa crédibilité, en présentant une enquête où il est question de davantage de protectionnisme». Selon Belkaid, c’est l’image du Maroc qui en sera terni car au moment où le gouvernement marocain prône l’ouverture économique et commerciale, certains acteurs du secteur appellent à la fermeture des frontières face à la concurrence.

«Ce secteur se nourrit principalement de l’export. En fait, 90% des intrants de cette industrie sont importés, hormis l’eau et l’argile», explique le patron de Strapex. Or, pour ce professionnel, l’industrie marocaine doit savoir faire face à cette concurrence en se modernisant et en se lançant dans l’export au lieu d’exiger le protectionnisme primaire. Son groupe se sent-il menacé par le prochain verdict du département compétent ? «Absolument pas. Nous avons opté dès le début pour la diversification et nous continuerons à le faire». La céramique espagnole représente 5% de la production mondiale et les importateurs marocains peuvent s’approvisionner ailleurs vu que le secteur connaît une surproduction mondiale.



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