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Hydrogène vert : le Maroc, destination la plus compétitive en Afrique

Affichant le coût du capital le plus bas en Afrique et offrant des coûts nivelés de production parmi les plus faibles sur le continent, le Maroc se positionne comme une destination privilégiée pour l’investissement et l’exportation d’hydrogène vers l’Europe. C’est ce que révèle une étude du prestigieux magazine Nature energy. Décryptage.

Voilà une nouvelle qui devrait rassurer les nombreux investisseurs dans la filière hydrogène vert au Maroc. Dans une étude publiée le 2 juin, le magazine Nature energy, l’une des publications scientifiques les plus prestigieuses au monde dans le domaine de l’énergie, révèle que le Royaume affiche le coût moyen pondéré du capital (CMPC) le plus bas en Afrique, estimé à 8,1% dans un scénario commercial standard et à 10,6% dans un scénario dé-risqué (à faible risque).

Son CMPC est plus compétitif que ceux de la Mauritanie (8,6% et 13,6%), de l’Algérie (8,4% et 11,8%), de la Namibie (8,6% et 12,9%), et du Kenya ou de l’Égypte (9,2% et 15,2%). Intitulée «Mapping the cost competitiveness of African green hydrogen imports to Europe», ce rapport – rédigé par sept chercheurs dont quatre de l’École polytechnique fédérale de Zurich et trois de l’université d’Oxford -, évalue la faisabilité économique de l’exportation d’hydrogène vert depuis l’Afrique vers l’Europe à l’horizon 2030, avec un focus sur les six pays.

Parmi les pays à faible coût de production en Afrique
Le coût moyen pondéré du capital est un facteur crucial dans la rentabilité des projets d’hydrogène vert. Il reflète le coût moyen des capitaux utilisés pour financer un projet, que ce soit par endettement ou par actions. Un taux plus faible permet aux projets d’hydrogène vert d’être plus viables économiquement, en rendant les financements plus accessibles et moins coûteux.

Commentant ces résultats dans son réseau social professionnel, Badr Ikken, managing partner du cabinet de transition énergétique Gi2, indique que le Royaume se positionne comme un territoire attractif, crédible et stable pour les investisseurs engagés dans la transition énergétique.

«Le Maroc offre aujourd’hui l’un des environnements les plus compétitifs du continent pour les investissements dans l’hydrogène vert, en combinant rentabilité des projets et stabilité des conditions d’investissement», souligne-t-il.

D’après Ikken, également président du Conseil d’affaires Maroc-Allemagne de la CGEM, le Royaume «démontre qu’un cadre clair, une vision de long terme, et des usages industriels prioritaires (comme l’ammoniac vert) constituent une base solide pour bâtir une filière souveraine et compétitive».

Rabat s’illustre également sur les volets relatifs à la production et au transport de l’hydrogène vers l’Europe, en figurant parmi les pays ayant les plus faibles coûts nivelés de production d’hydrogène vert (LCOH) en Afrique, avec un coût total estimé à 4,4 euros/kg.

Une étude publiée dans l’International journal of hydrogen energy avait révélé que le Maroc devrait figurer parmi les pays les plus compétitifs en Afrique du Nord, avec un LCOH oscillant entre 1,73 € et 3,28 euros par kg d’ici 2050.

Des atouts et des défis
Si le Maroc a su se distinguer, c’est parce qu’il dispose de plusieurs atouts, d’après ces experts. D’abord, un fort potentiel solaire et éolien, notamment dans le sud du pays, ainsi qu’un environnement favorable pour la production d’hydrogène vert. Ensuite, sa proximité avec l’Europe, qui favorise des coûts de transport réduits pour les exportations, notamment vers des marchés comme l’Allemagne et les Pays-Bas.

Enfin, des infrastructures portuaires et ferroviaires avancées, facilitant la logistique nécessaire à l’acheminement de volumes importants vers le Vieux continent. Bien que le Maroc se positionne comme une destination privilégiée pour la production et l’exportation d’hydrogène vers l’Europe, il devra tout de même miser davantage sur la construction d’infrastructures dédiées et dans la formation d’une masse critique de compétences locales pour accompagner la mise en œuvre des grands projets en cours. Cela lui permettra de renforcer sa concurrence avec, notamment, l’Égypte ou encore la Namibie qui attirent de plus en plus d’investisseurs internationaux.

Cette étude rassurante survient trois mois après l’annonce par le gouvernement, le 6 mars, des cinq structures sélectionnés pour la réalisation de six projets d’hydrogène vert et dérivés dans le cadre de l’ «Offre Maroc», pour un montant d’investissement de 319 milliards de dirhams (MMDH). Il s’agit du consortium ORNX, composé de la société américaine Ortus, de l’Espagnol Acciona et de l’Allemand Nordex, du consortium formé par l’émirati Taqa et l’Espagnol Cepsa, le Marocain Nareva, le Saoudien Acwa Power, et du groupement composé des sociétés chinoises UEG et China Threee Gorges.

Un projet de transport d’hydrogène vert vers l’Europe dans le pipe

Le 4 mai 2023, le groupe américain CWP Global, un des leaders mondiaux dans le développement de projets d’énergies renouvelables, avait signé un accord avec l’allemand Hydrogenious, spécialisé dans le transport d’hydrogène organique liquide (LOHC), pour la réalisation d’une étude de faisabilité conjointe qui explorera une chaîne de transport de 500 tonnes d’hydrogène vert par jour du Maroc vers l’Europe.

Cette énergie verte proviendra du projet de production de 15 gigawatts (GW) d’hydrogène vert près de Tan-Tan, dans la région de Guelmim-Oued Noun, développé par CWP Global, qui ambitionne aussi d’y produire de l’ammoniac.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO



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