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Hicham El Habti : « Nous voulons aider les chercheurs universitaires » (OCP-UM6P)

Le Groupe OCP s’allie au ministère de l’Éducation nationale pour dynamiser la recherche appliquée et l’innovation dans les universités et centres de recherche du royaume. C’est ainsi que sa Fondation et l’Université Mohammed VI Polytechnique ont signé, vendredi à Rabat, une convention-cadre avec ce ministère. Le Secrétaire Général de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), Hicham El Habti, nous en livre les détails.

Le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la Fondation OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique viennent de signer une convention-cadre de partenariat. Quels en sont les objectifs ?
La convention –cadre qui a été signée, vendredi dernier, entre ces trois partenaires s’articule autour de plusieurs finalités stratégiques et innovantes. La première finalité est la promotion de la R&D et des dispositifs de transfert technologique, en partenariat avec toutes les universités, institutions et centres de recherche. La deuxième finalité stratégique, c’est le développement de l’excellence et de l’innovation en matière d’enseignement supérieur et d’enseignement à distance. La troisième finalité stratégique porte sur comment développer des projets communs qui vont favoriser, d’ici deux ans, l’utilisation de nouvelles méthodes d’enseignement adaptées à la formation numérique et digitale.

Concrètement, ce partenariat va donner lieu à trois initiatives opérationnelles. La première, c’est le lancement d’un fonds R&D centré sur les priorités nationales et destiné à l’ensemble des universités marocaines. L’idée est de mobiliser leurs chercheurs sur les mêmes thématiques de développement économique et technologique. La deuxième initiative opérationnelle consiste en le lancement d’un premier fonds de transfert technologique dédié à la valorisation des résultats des recherches menées par l’ensemble des équipes universitaires de recherche. C’est vraiment un accompagnement de ces chercheurs dans la valorisation des résultats de leurs recherches. L’objectif est en fait d’accompagner ces innovations vers le marché. La troisième initiative opérationnelle, c’est la création d’un centre national de digitalisation et d’enseignement à distance, qui sera basé à l’Université Mohammed 6 Polytechnique et connecté à l’ensemble des universités publiques. Ce projet prévoit la définition d’une stratégie marocaine de l’enseignement supérieur à distance, la mise en place d’un réseau regroupant tous les partenaires du centre national de digitalisation et d’enseignement à distance, l’aménagement et l’équipement de studios d’enregistrement et de plateformes HTI et le développement de l’ingénierie pédagogique de l’enseignement à distance et la formation des intervenants et la dernière partie porte sur la production de contenus pédagogiques pour alimenter le centre.

Quel est le montant du nouveau fonds R&D et que financera-t-il au juste ?
Pour le montant, il est actuellement en cours de finalisation. Il sera communiqué dès la signature de la convention spécifique qui aura lieu dans quelques jours. Ceci étant, pour ce qui est des types de recherche, il faut savoir que le fonds va financer tous les domaines et thématiques qui intéressent aujourd’hui l’économie marocaine et le développement nationale, à savoir : la biotechnologie, les nanomatériaux, l’agriculture intelligente, l’intelligence artificielle, les sciences de la santé, la gestion durable des ressources minières, etc… L’idée à travers ce fonds est de donner l’opportunité aux chercheurs marocains de contribuer à pousser le Maroc vers ces axes de développement là.

Eu égard à la convention-cadre, vers quels types de recherches appliquées seront orientés le savoir-faire et les ressources de l’UM6P ?
Dès la création de l’UM6P, son cahier des charges a été discuté pour répondre aux défis auxquels est confronté le continent africain, à savoir : la gestion durable des ressources minières, le développement du capital humain, l’industrialisation, la sécurité alimentaire et le développement des énergies renouvelables. Dès le départ, l’UM6P avait donc pour mandat de déployer de la recherche appliquée pour répondre à ces défis là. C’est-à-dire que si l’on prend chaque défi, celui-ci donne lieu à des thématiques et puis à des sujets de recherche. C’est à travers cette démarche que nous avons développé des compétences sur les ressources humaines, que nous avons également mis en place des living lab, c’est-à-dire des sites d’expérimentation à échelle réelle qui sont des fermes expérimentales. Nous en comptons deux à Benguerir, que nous avons développées, en partenariat avec l’Iresen. Il s’agit notamment du Green Energy Park qui est une ferme spécialisée dans l’expérimentation de technologies solaires; du Green and smart building park qui est une ferme sur les matériaux de construction durable et le smart city ; et enfin une mine expérimentale. Dans le cadre de la convention-cadre, toutes ces plateformes seront mises à la disposition de l’ensemble des chercheurs pour leur permettre de pousser la recherche jusqu’à l’accès au marché. Parce qu’à travers ces plateformes ils vont pouvoir tester les résultats de leurs recherches sur une échelle réelle. L’UM6P apporte aussi son réseau de partenariat au niveau international où elle compte plus de 70 partenaires. Ce réseau sera également mis à la disposition des chercheurs, notamment s’ils ont besoin d’une compétence ou d’une expertise spécifique dans le cadre de leurs travaux de recherche.

Outre l’importance de la digitalisation pour développer, entre autres, l’enseignement à distance, la crise sanitaire du Covid-19 a également montré l’importance de l’intelligence artificielle. Quelle sera la place de l’IA parmi les thèmes de recherche qui seront mis en œuvre ?
Effectivement, il y aura une part très importante de l’Intelligence artificielle dans l’éducation et la santé. Oui, l’IA est maintenant une discipline incontournable pour le développement, scientifique et économique dans n’importe quel domaine. Aujourd’hui, nous avons de plus en plus de données disponibles dont l’utilisation peut avoir un effet très positif sur les politiques et sur les démarches. Le data center de Benguerir qui sera opérationnel à partir de la rentrée scolaire prochaine sera mis à la disposition des chercheurs pour stocker leurs données mais également disposer de capacités de calcul pour parfaire leurs modèles.

Et l’Afrique, comment la positionnez- vous par rapport à l’UM6P, d’une part, et par rapport aux thèmes phares de cette convention de partenariat, d’autre part ?
Comme je l’ai déjà dit, l’Afrique est au cœur des préoccupations de l’UM6P, qui a tout imaginé en termes de formations et de thèmes de recherche pour répondre aux défis du continent. Par exemple, en matière d’agriculture durable, on sait que demain l’Afrique sera la solution pour ce qui touche à la sécurité alimentaire. Il faut donc travailler à développer des technologies qui permettent d’assurer cette sécurité alimentaire du continent. Mais pas que ça. Il y a aussi les sciences humaines. À l’UM6P, nous travaillons aussi à préparer les décideurs africains pour qu’ils puissent intégrer ces dimensions technologiques et digitales dans les politiques publiques. 

Aziz Diouf
Les Inspirations ÉCO


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