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HCP : la croissance ne dépassera pas les 4% en 2025

Le HCP a dévoilé ses prévisions économiques de 2025 dans le cadre de la publication du Budget économique prévisionnel (BEP). L’institut table sur une croissance du PIB de 3,8% en 2025, tenant compte de la hausse des recettes ordinaires , mais aussi de l’appui de la demande intérieure qui devrait continuer de soutenir l’activité économique. Par contre, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique devrait rester négative alors que le taux d’endettement est toujours alarmant.

La Banque mondiale prévoit une croissance au Maroc qui devrait atteindre 3,9% en 2025 et 3,4% en 2026, dans l’hypothèse d’une amélioration des conditions météorologiques et l’augmentation de la production agricole.

Dans son Budget économique prévisionnel (BEP) 2025 le HCP reste des prévisions proches, avec une croissance du PIB attendue à 3,8% en 2025 après une progression de 3% estimée en 2024. Des prévisions qui se basent sur la hausse des recettes ordinaires en 2025, mais aussi de l’appui de la demande intérieure qui devrait continuer de soutenir l’activité économique.

Dans le détail, cette prévision de croissance économique devrait se consolider en 2025 grâce à la reprise modérée du secteur agricole et à la poursuite des performances du secteur non agricole qui devrait accroître de 3,6% en 2025.

Des motifs d’espoir, malgré la sécheresse
Le secteur primaire devrait enregistrer une croissance de 4,2% en 2025, après une baisse de 4,6% estimée en 2024, contribuant de 0,4 point à la croissance du PIB après une contribution négative de 0,5 point en 2024. Il va sans dire que la campagne agricole 2024/2025 devrait se caractériser par des conditions climatiques relativement plus favorables que celles de la campagne précédente qui a connu un déficit pluviométrique sévère, menant à une production céréalière limitée à 31,2 millions de quintaux.

Le démarrage de la campagne courante a été marqué selon le HCP par un bon niveau des précipitations, bien que suivi par des chocs thermiques. En outre, la reprise des précipitations au début de l’année en cours devrait profiter à la production végétale.

Par ailleurs, les activités de l’élevage, quoique soutenues par diverses mesures gouvernementales, devraient rester confrontées à l’impact négatif de la récurrence des années de sécheresse, et au défi de la reconstitution du cheptel national.

Ainsi, la valeur ajoutée agricole devrait évoluer de 4,1% en 2025, sous l’hypothèse d’une production céréalière inférieure à la moyenne, après un repli de 5% estimé en 2024. Aussi, le secteur de la pêche maritime devrait s’accroître de 6,5% en 2025 après 3,8% estimé en 2024

Le textile en souffrance
Le secteur secondaire devrait afficher une valeur ajoutée en hausse de 3,8% en 2025, contribuant ainsi de 0,9 point à la croissance économique nationale. Cette hausse serait imputée à la reprise du secteur du BTP, des activités minières et des activités industrielles, ainsi qu’à la poursuite de la bonne tenue des activités du commerce, du tourisme et du transport.

À cet égard, l’activité industrielle, représentant 59% de la valeur ajoutée secondaire en moyenne entre 2019 et 2023, devrait s’accroitre de 3,7% en 2025. L’activité des industries chimiques, stimulée par une augmentation de la demande extérieure, aurait connu un rebond de 12,9% en 2024, grâce au raffermissement de l’industrie des engrais chimiques orientée vers l’export.

Celle-ci aurait tiré profit de la limitation des exportations chinoises et russes en engrais phosphatés face à une demande accrue en provenance de l’Inde et du Brésil. En 2025, les industries chimiques devraient maintenir leur dynamique quoiqu’en ralentissement.

Par ailleurs, les industries du matériel du transport auraient enregistré une croissance de 14,4% en 2024, grâce à l’implantation de nouveaux équipementiers et l’extension des usines de l’automobile qui auraient permis d’accroître les capacités de production.

De plus, la hausse des ventes dans l’assemblage et les systèmes d’interconnexion du câblage électrique auraient soutenu l’industrie aéronautique. En 2025, ces industries devraient poursuivre leur dynamisme avec une croissance de l’ordre de 9,6%, profitant des investissements directs étrangers dans le secteur de l’automobile, qui devraient permettre d’introduire de nouvelles technologies et de renforcer la production nationale, notamment celles des batteries électriques.

En revanche, l’industrie textile devrait continuer de pâtir de la faible compétitivité sur le marché mondial, de la forte dépendance aux marchés européens et de la prédominance des activités informelles, dans un contexte des coûts élevés de l’énergie et de la faiblesse de l’amont textile local.

De ce fait, sa valeur ajoutée aurait connu une croissance négative de 3% en 2024 avant de s’améliorer légèrement de 1,7% en 2025. De son côté, l’activité de l’industrie agroalimentaire, représentant 27,5% de la valeur ajoutée industrielle en moyenne entre 2019 et 2023, devrait enregistrer une croissance modérée de près de 1,3% en 2025, suite aux retombées relativement favorables de l’amont agricole.

En 2025, les activités du secteur du BTP devraient poursuivre leur progression avec une croissance de 3,8%. Cette dynamique devrait être soutenue par la diminution progressive des prix des matériaux de construction et par l’allègement des conditions de financement, encourageant l’investissement des promoteurs immobiliers.

En outre, elle devrait bénéficier de l’accélération des projets d’infrastructures hydrauliques et énergétiques et ceux liés à l’organisation de grandes manifestations sportives, ainsi que de la poursuite des mesures en faveur de l’accès au logement et du programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées.

Par ailleurs, l’activité minière, fortement liée à l’industrie des produits chimiques, aurait rebondi de 17,9% en 2024, marquant un retournement positif après deux années consécutives de recul de 23% et 2,7% respectivement en 2022 et 2023.

+3,5% dans le tertiaire
Le secteur tertiaire, qui est principalement orienté vers le marché intérieur, devrait continuer de soutenir la croissance économique en 2025, avec une progression de 3,5%. Cette évolution devrait être attribuable à l’amélioration de 3,2% des services non marchands, et 3,6% des services marchands.

L’activité du commerce, dont la valeur ajoutée représente 19% du secteur tertiaire en moyenne de la période 2019-2023, devrait s’accroître à un rythme soutenu de près de 2,5%, en lien avec la croissance de l’activité économique. S’agissant de l’évolution des services rendus aux entreprises, elle devrait s’établir à 3,8% en 2025, grâce à la reprise de l’activité du secteur secondaire.

De plus, les activités immobilières devraient s’améliorer de 2,2% en 2025, profitant de la relance de l’activité de construction. Concernant la valeur ajoutée du secteur touristique, elle devrait s’améliorer de 7,4% en 2025, suite à la performance exceptionnelle des arrivées et des recettes touristiques.

Cette dynamique devrait être soutenue par l’accroissement continu du trafic aérien et maritime, grâce notamment à la poursuite de la performance des exportations du phosphate roche, de ses dérivés et des
produits du matériel de transport.

L’investissement bruT toujours sur la pente ascendante
La consommation des ménages en 2025 devrait augmenter de 3% après 3,2% estimé en 2024. Cette tendance s’explique notamment par un niveau maîtrisé de l’inflation et par une amélioration des revenus suite aux augmentations salariales décidées dans le cadre du dialogue social, à la bonne tenue des transferts des MRE, et à la poursuite de l’attribution des aides sociales directes.

Ainsi, la contribution de la consommation des ménages devrait atteindre près de 1,8 point à la croissance du PIB en 2025. Ainsi, en tenant compte de la consommation des administrations publiques, qui devrait enregistrer une évolution de 4,1% en 2025 après une hausse attendue de 3,9% en 2024, la consommation finale nationale devrait afficher un accroissement de près de 3,3% en 2025, contribuant à hauteur de 2,6 points à la croissance du PIB.

L’investissement brut devrait continuer sa reprise entamée en 2023, profitant de l’impact positif des différents chantiers prévus et en vigueur, notamment dans le cadre de la poursuite de l’orientation favorable de la politique budgétaire en matière d’investissement, des préparatifs pour l’organisation des manifestations internationales et de la tendance évolutive des IDE.

Demande extérieure : une contribution négative
Notons que la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique en 2025 devrait rester négative (-0,8 point), après -2,3 points en 2024. Pour les exportations des métiers mondiaux, elles auraient connu une dynamique positive en 2024, en particulier dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique, et devraient maintenir leur performance en 2025.

En outre, les exportations de phosphate et de ses produits dérivés auraient enregistré une progression notable en 2024, portée par une forte demande des principaux partenaires. Elles devraient toutefois ralentir en 2025 sous l’effet de base. En revanche, les expéditions du secteur du textile devraient afficher une croissance modérée, limitée par une faible demande étrangère et par la persistance d’une concurrence rude sur les marchés internationaux.

Dans ce contexte, le volume des exportations des biens devrait enregistrer une hausse de 7,4% en 2025. De leur côté, les importations des produits alimentaires devraient maintenir leur tendance pour répondre à la demande locale. De même, les importations en animaux vivants devraient poursuivre leur trajectoire haussière dans l’objectif d’alléger la pression sur le cheptel national.

Par ailleurs, les biens d’équipement et les demi-produits devraient connaître une croissance marquée, soutenue par la dynamique de l’investissement et la bonne performance des secteurs exportateurs dépendants des intrants importés. Les produits finis de consommation devraient maintenir leur tendance haussière en 2025, portée par une demande intérieure renforcée.

Dans ces conditions, le volume des importations des biens devrait croître de 7,9% en 2025. Concernant les échanges des services, la performance de l’activité touristique aurait significativement contribué à la croissance des exportations des services de voyage et de transport.

Cette tendance devrait se maintenir en 2025 en raison du renforcement de l’attractivité touristique. Ainsi, le volume des exportations des biens et services devrait évoluer de 7,7% en 2025. Parallèlement, le volume des importations des biens et services devrait afficher une hausse de 7,9% en 2025.

Maintien des niveaux élevés d’endettement
Après avoir culminé en 2020 sous l’effet des répercussions de la pandémie, en passant de 75,5% du PIB en moyenne entre 2016 et 2019 à 84,8% entre 2020 et 2023, le taux d’endettement global de l’économie nationale devrait se maintenir à des niveaux supérieurs à ceux observés avant la crise.

La reprise de la dynamique économique et la trajectoire favorable de l’investissement public devraient contribuer à l’évolution de la dette publique globale qui devrait se stabiliser autour de 83,3% du PIB en 2024 et 2025 après 82,1% en 2023. La dette du trésor devrait poursuivre sa trajectoire haussière en 2025 pour atteindre près de 69,9% du PIB, niveau quasi-similaire à celui prévu en 2024. La dette intérieure, composante prédominante de la dette du Trésor, devrait augmenter pour se stabiliser à près de 52,4% du PIB en 2025.

De son côté, la dette extérieure du trésor devrait atteindre un ratio aux alentours de 17,5% du PIB en 2024 et 2025, après un ratio de 12,9% en moyenne de la période 2016-2019. S’agissant de la dette extérieure garantie, elle devrait progresser pour avoisiner 13,4% en 2024 et 2025, après avoir connu des fluctuations depuis 2018.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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