Éco-Business

Hassan Cherif Kettani : ‘‘ Les promoteurs immobiliers sont confrontés au quotidien à des lenteurs administratives ’’

Hassan Cherif Kettani.
Président de Kettani Immobilier

Comment se porte le secteur de l’immobilier après plus d’une année de crise sanitaire et économique ?
Après la Covid-19, nous vivons une période assez particulière où nous avons connu une hausse entre 15 et 30% sur les prix des intrants principaux. Le cuivre a connu une hausse de 40% à 50%. Les prix du bois et de l’aluminium sont également en hausse. Résultat: nous sommes dans une impasse et le pire, c’est que nous ne savons pas si la crise actuelle est d’ordre conjoncturel ou structurel. Est-ce que la crise va durer encore quelques mois ou est-ce que les choses vont se calmer, nous permettant de revenir à des prix anciens ? Si c’est conjoncturel, nous avons les moyens d’amortir la crise et pondérer à la baisse nos coûts. Mais si jamais cela perdure, nous risquons d’assister à une tension inflationniste au niveau du marché, impactant ainsi les coûts de production, les prix de vente et les salaires.

Que vous inspirent les solutions proposées par la Commission spéciale sur le modèle de séveloppement pour sauver le secteur ?
Il faut applaudir le travail qui a été abattu par la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement. Je pense que globalement, le diagnostic est clair ainsi que la feuille de route qui a été proposée. Cependant, concernant le secteur de la promotion immobilière, nous estimons qu’il faudra approfondir certaines choses que nous ne jugeons pas assez percutantes, à commencer par l’allégement des procédures administratives qui est devenu aujourd’hui une priorité absolue. Les promoteurs immobiliers sont confrontés au quotidien à des lenteurs administratives qui freinent l’investissement et augmentent les coûts de production, impactant ainsi les prix de vente. Il faut 6, voire 9 mois, et une centaine de signatures différentes pour la validation de certains gros dossiers. C’est énorme ! Tant que nous aurons des procédures administratives lourdes et coûteuses du point de vue temps, nous allons perdurer dans cette léthargie en matière de conception, de construction et de livraison. Il est également temps de revoir nos règles d’urbanisme dans les grandes villes de notre pays. À Casablanca, par exemple, sur des grands axes, on a des voies de 40 m à 50 m voire 80 m, à l’entrée, et à côté, vous avez du R+5. C’est d’une absurdité ! Si on avait du R+10 ou du R+15 à la place, on aurait économisé du foncier, gagné davantage d’espaces verts et de zones de vie, et proposé des prix plus abordables. Nos règles d’urbanisme sont obsolètes et ne répondent plus au goût des clients.

Des voix s’élèvent pour demander au gouvernement de prolonger les exonérations sur les droits d’enregistrement. Êtes-vous d’accord ?
La réduction des droits d’enregistrement à hauteur de 50% a permis de limiter la casse au niveau des transactions immobilières. Vous savez qu’au Maroc, sur les dernières années, nous avons à peu près 1.000 transactions par jour au niveau de l’immobilier et le prix moyen par transaction se situe autour de 330.000 DH. Donc, nous avons un volume de 340 MDH par jour en moyenne et l’État tire 4 ou 5% de recettes de ce montant. Au vu de tout cela, il serait bénéfique de prolonger les exonérations sur les droits d’enregistrements pendant au moins six mois ou un an, juste le temps qu’on sorte de la crise, car beaucoup de gens ont du mal à avoir des crédits à cause de la crise.

Beaucoup déplorent l’inefficacité des conventions signées entre l’État et les opérateurs immobiliers pour la construction de logements destinés à la classe moyenne marocaine. Êtes-vous de ceux-là ?
Depuis maintenant six mois, aucune convention n’a été signée pour la construction de logements sociaux au Maroc. Or, il y a des études du Haut-commissariat au plan qui révèlent qu’en 2050, nous aurons, par la combinaison de deux facteurs, à savoir l’exode rurale et l’accroissement démographique, un surplus de 11 millions d’habitants dans les 7 plus grandes villes du Maroc. Si on n’anticipe pas sur les défis à venir à travers une politique volontariste, on aura, malheureusement, autour des grandes villes, des bidonvilles et tout ce qui aura été construit pendant des années n’aura servi à rien.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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