Gigafactory : Tinci Materials mise 2,7 MMDH pour son usine marocaine

Le groupe chinois Guangzhou Tinci Materials Technology, un des plus grands fabricants mondiaux de matériaux et composants de batteries au lithium, a officialisé son investissement de près de 2,7 milliards de dirhams pour la construction d’une usine d’électrolyse au Maroc. Un futur méga-investissement dans une industrie des batteries pour véhicules électriques en gestation.
L’écosystème des gigafactories devrait bientôt s’agrandir au Maroc. Le chinois Guangzhou Tinci Materials Technology, un des plus grands fabricants mondiaux de matériaux et composants de batteries au lithium, a annoncé, le 11 juin, la signature d’un accord d’investissement de 280 millions de dollars (près de 2,77 milliards de dirhams) avec le Maroc, pour l’implantation d’une usine de production d’électrolytes destinée à l’industrie des accumulateurs lithium-ion, selon la presse chinoise.
Le groupe n’a cependant pas livré des détails supplémentaires sur l’emplacement de cette unité industrielle, ni son calendrier de construction.
Une capacité annuelle de 300.000 tonnes
Ce méga-investissement a déjà été annoncé le 28 juin 2023 par le média chinois Yicai Global, citant à l’époque le manufacturier chinois.
«Le Maroc possède d’importantes ressources en minerai de phosphorite. La construction d’une usine dans le pays d’Afrique du Nord aidera également l’entreprise à mieux servir et explorer le marché européen», avait indiqué le groupe chinois.
Il a fallu attendre deux mois pour en savoir plus grâce à un média britannique Kallanish, spécialisé dans le secteur des matières premières, qui avait révélé que la future usine marocaine de Tinci, qui devrait être logé dans le parc industriel de Jorf Lasfar, disposera d’une capacité de production annuelle de 300.000 tonnes de matériaux pour batteries au lithium.
En détail : un volume de 150.000 tonnes d’électrolytes, 100.000 tonnes d’hexafluorophosphate de lithium et 50.000 tonnes de matériaux à base de phosphate de fer et de lithium. La même source annonçait également une levée de fonds de près de 820 millions du fabricant chinois, dont une partie était destinée au financement de l’usine marocaine.
Vers la création d’une seconde usine marocaine
Guangzhou Tinci Materials Technology ne devrait pas se limiter à cet investissement. À en croire Kallanish, le groupe avait décidé, en août dernier, d’annuler son projet de production de 100.000 tonnes d’électrolytes et de produits chimiques d’électrolytes de batteries pour véhicules électriques en République tchèque pour le réorienter au Maroc, à cause de circonstances défavorables dans ce pays d’Europe de l’Est. Le Chinois avait même dissout sa filiale Tinci Materials Technology S.R.O., spécifiquement créée pour ce projet.
Dans le Royaume, Tinci rejoindra d’autres compatriotes qui ont déjà annoncé de lourds investissements dans l’industrie des batteries. On peut citer l’alliance entre le chinois Yahua Industrial group et le coréen LG Energy Solution (LGES), un des fabricants mondiaux de batteries pour véhicules électriques, officialisée début avril 2023, pour la production d’hydroxyde de lithium au Maroc.
Des projets sino-coréens dans le pipe
Cinq mois plus tard, un autre duo sino-coréen, formé par Huayou et LG Chem, avait annoncé la construction d’une usine d’une capacité de 50.000 tonnes de lithium-fer-phosphates (LFP) par an, qui devrait être opérationnelle en 2026.
«Nous répondrons activement au marché émergent des matériaux cathodiques LFP avec l’usine marocaine comme base mondiale», avait délcaré Shin Hak-cheol, PDG de LG Chem.
Avant d’ajouter : «Notre objectif est de créer une chaîne d’approvisionnement en matériaux solides et intégrée, allant des matières premières aux précurseurs et au matériaux cathodiques, et de consolider notre statut de premier producteur mondial de matériaux pour batteries».
Si ces géants de la chimie et de l’automobile ont décidé d’investir au Maroc, c’est pour renforcer leurs chaînes d’approvisionnement des matériaux rares essentiels dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques, particulièrement le lithium dont la demande mondiale connaît une très forte croissance. Mais c’est surtout pour mieux servir le marché américain, en profitant des avantages de l’accord de libre-échange entre le Royaume et les États-Unis, surtout dans un contexte de guerre commerciale entre Washington et Pékin.
Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO