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Fruits et légumes. Alerte sur le perchlorate à l’UE

Alors que l’ONSSA décidera en juillet prochain du sort du chlorpyriphos, insecticide utilisé dans les cultures de fruits et légumes, le règlement de l’Union européenne 2020/685 de la Commission du 20 mai 2020, publié mardi dernier, a modifié le règlement (CE) n°1881/2006. Désormais, Il considère le perchlorate, un contaminant chimique, comme une substance nocive lorsqu’elle dépasse la limite maximale autorisée. De ce fait, à l’instar d’autres contaminants, les teneurs en perchlorate ont été fixées dans certaines denrées alimentaires, y compris pour les fruits et légumes, notamment les cucurbitacées (courgettes, concombres, melons, pastèques…), les légumes feuilles et le chou frisé. Le règlement en question sera applicable à partir du 1er juillet 2020 dans l’ensemble des États membres de l’UE, ce qui veut dire que les exportations marocaines pourraient être affectées par ce règlement si détection il devait y avoir. Selon les professionnels, le perchlorate est présent dans les engrais, notamment dans les produits d’origine chilienne. Il fait partie des engrais de base dits classiques, notamment les nitrates de potasse et le chlore de potasse. Avant la publication de ce règlement, il n’existait pas de teneur maximale légale au niveau européen pour le perchlorate dans les fruits et légumes, alors que les premières notifications ont été faites il y a plusieurs années par les autorités allemandes et belges.

Tolérance pour les produits commercialisés avant le 1er juillet
Selon le règlement, les denrées alimentaires légalement mises sur le marché avant le 1er juillet 2020 peuvent continuer à être commercialisées, selon l’article 3 de cette décision, jusqu’à leur date de durabilité minimale ou leur date limite de consommation. S’agissant de la limite maximale autorisée de résidus (LMR), les teneurs maximales ont été fixées à 0,05 microgramme par kilogramme (μg/kg) pour les fruits et légumes tandis que pour les cucurbitacées/chou frisé et légumes feuilles/fines herbes, la limite maximale autorisée a été respectivement fixée à 0,10 et 0,50 μg/kg. Majoritairement présent dans les denrées précitées, c’est l’utilisation de fertilisants et d’eau d’irrigation contaminée au perchlorate qui peut conduire à des concentrations importantes. De ce fait, cette substance pourrait avoir des effets sur la santé des consommateurs présentant une carence en iode. En effet, le perchlorate est un inhibiteur compétitif de l’absorption d’iode par la glande thyroïde. Cela entraîne, selon les experts, une baisse de la quantité d’iode disponible dans la thyroïde pour la synthèse des hormones thyroïdiennes. Déjà, le groupe scientifique sur les contaminants de la chaîne alimentaire relevant de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA en anglais) a adopté, le 30 septembre 2014, un avis scientifique sur les risques pour la santé publique liés à la présence de perchlorate dans les aliments.

Risques d’exposition au perchlorate
Ce groupe a établi une dose journalière tolérable de 0,3 microgramme par kilogramme de poids corporel par jour, fondée sur l’inhibition de l’absorption d’iode par la thyroïde chez des adultes en bonne santé. Le groupe CONTAM est arrivé à la conclusion que l’estimation actuelle d’exposition chronique par voie alimentaire au perchlorate est potentiellement préoccupante, en particulier pour les consommateurs très exposés des groupes d’âge les moins âgés de la population qui présentent une carence en iode légère à modérée. En outre, il est possible qu’une exposition de courte durée au perchlorate soit préoccupante dans le cas de nourrissons allaités au sein et d’enfants en bas âge qui reçoivent un faible apport en iode. Par la suite, l’autorité a effectué une évaluation de l’exposition humaine au perchlorate en tenant compte des données relatives à la présence de cette substance qui figurent dans sa base de données et qui ont été obtenues à partir d’échantillons prélevés après le 1er septembre 2013. Aussi, l’autorité a publié un rapport scientifique sur «l’évaluation de l’exposition alimentaire au perchlorate dans la population européenne» en 2017. Le même groupe a examiné les résultats du rapport sur le perchlorate lors de sa 87e réunion plénière en novembre 2017 et a noté que les estimations des niveaux d’exposition figurant dans ce rapport correspondaient largement à celles qui sont mentionnées dans l’avis du groupe CONTAM en 2014. Compte tenu de la dose journalière tolérable précédemment établie de 0,3 μg/kg p.c. par jour, le groupe CONTAM a confirmé la conclusion selon laquelle l’exposition chronique et à court terme actuelle au perchlorate est susceptible de poser un risque pour la santé humaine.



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