Éco-Business

Finance : l’Afrique tente une énième tentative d’émancipation

Casablanca réunira en novembre, à l’occasion de l’Africa Financial Industry Summit, décideurs et hommes d’affaires africains pour débattre des enjeux d’une autonomie financière durable du continent. La mobilisation de l’épargne locale, la consolidation des marchés boursiers, le rôle stratégique de la réassurance et l’apport mesuré de partenaires internationaux figurent au cœur des discussions, avec en toile de fond l’ambition de réduire la dépendance aux capitaux étrangers.

Avant que l’Afrique ne se rassemble en décembre autour de sa compétition sportive phare, Casablanca accueillera en novembre un autre moment fort, à l’occasion de l’Africa Financial Industry Summit, où décideurs et homme d’affaires du continent placeront la finance au centre des débats. Cette grand-messe de la finance est devenue, au fil des éditions, l’un des lieux où s’expriment les fragilités et ambitions d’un marché africain toujours en quête de cohérence.

Sa vocation n’est pas tant de célébrer la finance, plus qu’elle n’est d’interroger sa capacité à renforcer la résilience du continent et à accompagner son développement. Cette année, la thématique centrale met en avant la souveraineté financière du continent. Elle rappelle l’urgence de réduire la dépendance aux capitaux extérieurs, et d’ancrer la croissance dans des mécanismes endogènes.

Marché en quête d’ancrage régional
Cette autonomie tant convoité trouve d’abord un écho sur les marchés de capitaux. Le franchissement par le MASI du seuil des 20.000 points traduit une vitalité retrouvée, portée par l’élargissement de la base d’investisseurs institutionnels et une mobilisation accrue de l’épargne locale. Mais ce signal renvoie aussi à un enjeu plus large, celui de l’intégration régionale.

Comment faire de la Bourse de Casablanca non seulement un baromètre national mais un relais pour l’ensemble du continent ? Pour nombre d’observateurs, l’enjeu réside dans la capacité à offrir aux entreprises africaines un accès à des financements en monnaie locale, à l’abri des fluctuations des devises étrangères. Mais la solidité du système ne peut reposer uniquement sur les marchés, elle exige aussi des mécanismes de protection capables d’absorber les chocs, au premier rang desquels la réassurance.

Souvent méconnue, la réassurance constitue un instrument central pour préserver les équilibres budgétaires et protéger les économies en cas de chocs majeurs. Comme l’a rappelé Ouafae Mriouah, directrice générale d’Atlantic Re, elle permet de retenir les primes sur le continent, d’accroître la solidité des compagnies d’assurance et de réduire la dépendance aux acteurs internationaux. La souveraineté financière se joue ici dans la capacité à bâtir une industrie de réassurance panafricaine, capable de mutualiser les risques et d’accompagner les investissements stratégiques.

Au-delà des ressources mobilisées localement, la souveraineté se nourrit également d’alliances avec des partenaires internationaux, à l’image de la Société financière internationale. La filiale de la Banque mondiale demeure un acteur incontournable pour soutenir le secteur privé africain. Son engagement, qui a atteint plus de 70 milliards de dollars dans les pays émergents au cours de l’exercice 2025, illustre l’importance d’adosser la souveraineté africaine à des partenariats solides. À Casablanca, sa présence témoigne de la volonté de combiner capitaux locaux et expertise internationale afin de structurer des financements adaptés aux besoins du continent.

Plateau de haut niveau
À en croire les instigateurs de l’AFIS, la souveraineté financière se décline désormais en une série de chantiers concrets, qu’il s’agisse de dynamiser les marchés, de mutualiser les risques ou de structurer des financements adaptés.

La présence conjointe de responsables publics, de dirigeants d’institutions financières et d’acteurs privés illustre que cette souveraineté ne peut se construire qu’au croisement de toutes ces forces. La présence conjointe de responsables publics, de dirigeants d’institutions financières et d’acteurs privés à cet événement de grande envergure rappelle que cette quête vers une souveraineté ne peut se construire qu’au croisement de toutes ces forces.

Amir Ben Yahmed
Président du l’Africa Financial I. Summit

«Cette édition à Casablanca incarne l’urgence de moderniser nos instruments et de mobiliser nos propres capitaux pour les orienter sur les projets stratégiques afin de consolider notre développement économique. Nous devons faire de la souveraineté financière le pilier de la croissance et de l’inclusion sur notre continent.»

Ethiopis Tafara
Vice-président Afrique, IFC

«À l’AFIS 2025, les leaders de l’industrie financière africaine sont réunis afin de mobiliser des solutions innovantes pour lever les capitaux privés nécessaires à la création d’emplois, au renforcement de la résilience et à une croissance économique inclusive, portée par la dynamique démographique du continent.»

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



PLF 2026 : cap sur l’investissement et l’inclusion


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page