Ecosystème de l’Arganier : l’aspect “non marchand” au centre des préoccupations
A l’occasion de la seconde célébration, ce mardi 10 mai 2022, de la Journée internationale de l’arganier initiée concomitamment avec les travaux de la 6e édition du Congrès international de l’arganier, l’ensemble des intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de maintenir l’équilibre entre l’aspect marchand, ayant généré plus de 31 millions de dollars d’exportations en 2021, et l’aspect non marchand avec ses multiples aspects immatériels.
Générant plus de 31 millions de dollars d’exportations au titre de l’année 2021, la dynamique de protection et de valorisation de l’écosystème de l’arganier et sa réserve de biosphère (RBA) étalée sur près de 2,5 millions d’hectares doit aller de pair avec la protection de son aspect non marchand et immatériel au cœur duquel se trouve l’élément féminin.
A titre d’exemple, entre 1972 et 2022, plus de 201 articles scientifiques ont été publiés sur l’arganier dont 80% ont été realisés uniquement sur l’huile d’argan, d’où la nécessité d’orienter la recherche scientifique sur les multiples aspects immatériels de cet arbre emblématique qui est le symbole de résilience face aux changements climatiques et le dernier rempart face à l’avancée de la désertification.
A l’occasion de la deuxième célébration, ce mardi 10 mai, de la Journée internationale de l’arganier, initiée concomitamment avec les travaux de la 6e édition du Congrès international de l’arganier, à Taghazout, l’ensemble des intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de maintenir l’équilibre entre l’aspect marchand suffisamment développé durant cette dernière décennie et l’aspect non marchand couronné par la récente proclamation par les Nations Unies du 10 mai comme Journée internationale de l’arganier.
En plus de l’enjeu de capter la valeur ajoutée générée par la filière dans sa zone de production, le défi aussi est de poursuivre l’effort de réhabilitation et de régénération de l’arganier surtout face à la pression exercée par le changementsclimatique et la refonte en cours de la loi forestière.
184.503 ha réhabilités, soit 46% de l’objectif tracé
Dans ce sens, le programme de réhabilitation de l’Arganeraie constitue l’un des principaux axes du contrat-programme de la filière de l’arganier, mis en œuvre par le Département des Eaux et forêts, en partenariat avec la Fifargane.
La convention de partenariat entre le ministère de tutelle, le Département des Eaux et forêts et l’ANDZOA, signée en octobre 2013, a permis de renforcer l’engagement de l’État pour la réalisation de cet objectif. Selon Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, «entre 2012 et 2020, le Maroc a réhabilité plus de 164.000 ha sur 200.000 ha, en plus de la domestication de l’arganier avec la plantation de 10.000 arganiers dans le cadre du projet de l’arganiculture financé par le Fonds vert pour le climat».
Dans le détail, la superficie réhabilitée dans le cadre du programme de réhabilitation (2012-2021) est de 184.503 ha, soit 46% de l’objectif à atteindre en 2030. Par ailleurs, les réalisations du programme d’arganiculture ont permis la plantation d’une superficie de 7.370 ha, tandis que 2 000 ha sont en cours de travaux et 800 ha sont en cours de lancement d’appels d’offres, selon l’Agence nationale de développement des zones oasiennes et l’arganier (ANDZOA).
«La chaîne de valeur de l’arganier sera également renforcée à travers la mise en place d’un nouveau programme qui va préserver les acquis tout en donnant l’importance aux facteurs humains régissant cette filière qui vont permettre d’améliorer les conditions économiques et sociales des populations.
L’objectif aussi est de maintenir le rythme de plantation sur 50.000 hectares en 2030 et la réhabilitation de 400.000 ha sur le même horizon», ajoute Mohammed Sadiki. Ces deux objectifs sont prévus dans le cadre de la stratégie de Génération Green et forêts du Maroc.
Les travaux du Centre national de l’arganier lancés
«Depuis l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies de sa résolution sur la Journée internationale de l’arganier, le Maroc et les Nations Unies se mobilisent autour de la sauvegarde de cet arbre, source de vie et de résilience.
Le Royaume s’attache à maintenir et développer les pratiques communautaires de gestion durable de cet écosystème naturel, en particulier dans un contexte de stress hydrique aigu et de changement climatique croissant», a annoncé Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies.
Par ailleurs, l’ANDZOA compte officiellement lancer les travaux du Centre national de l’arganier (CNA) à Agadir, en tant que plateforme consultative et participative pour soutenir la recherche scientifique, capitaliser les connaissances et faire découvrir ce patrimoine.
Le Centre national de l’arganier, mis en œuvre par l’ANDZOA, a concrétisée les engagements de l’État avec l’interprofession dans le cadre du contrat-programme pour la mise en place d’un pôle de compétences dédié à l’arganeraie. Il permettra de canaliser les efforts de tous les acteurs scientifiques et professionnels de la Réserve de biosphère arganeraie. Cette structure se positionnera comme pôle de promotion du patrimoine culturel de l’arganier et d’appui à une recherche d’excellence.
Le centre aura pour mission d’identifier les priorités et de développer le financement de programmes d’interprétation du patrimoine et de recherche et d’assurer la capitalisation et le partage des connaissances en partenariat avec les différents acteurs et parties prenantes.
Ce centre disposera aussi des compétences spécialisées pour dispenser un service de proximité au profit des différents partenaires de la filière et jouera par conséquent un rôle catalyseur des initiatives publiques et privées visant la promotion et le développement de toutes activités liées à l’arganier.
Le CNA sera composé d’une unité d’interprétation du patrimoine de l’arganeraie, une autre unité d’encouragement de la recherche scientifique et unité de gestion des connaissances
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO