Économie circulaire : une nécessité pour le Maroc de demain
Pour le CESE, il est nécessaire d’intégrer les principes de l’économie circulaire aux traitements des déchets ménagers et des eaux usées qui impactent négativement le PIB national. Pour ce faire, il recommande d’intervenir sur 4 axes.
L’économie circulaire n’est plus une option, mais plutôt une obligation pour le Maroc s’il veut affronter les défis de demain. Un constat qui a été confirmé, une nouvelle fois, par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), à l’occasion de l’émission de son avis, mercredi dernier à Rabat, sur l’économie circulaire, en particulier les volets liés aux traitements des déchets ménagers et des eaux usées.
En filigrane, selon les chiffres exposés en présence de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau, et devant les membres du CESE, la facture économique issue de la dégradation de l’environnement en raison du déversement des eaux usées non traitées a atteint 11,7 MMDH en 2014 selon la Banque mondiale citée par le CESE, repésentant 1,26 % du produit intérieur brut (PIB) en se référant au rapport de janvier 2017 de cet établissement.
De même, les dégâts causés à l’environnement par les déchets au Maroc avoisinent l’équivalent de 0,5% du PIB national au titre de l’année 2003, soit 3,7 MMDH. Ce qui est considéré comme l’un des taux les plus élevés dans la région MENA, sans compter la perte des opportunités d’emplois qui devraient être générés par la valorisation des déchets.
Au total, le Maroc produit annuellement 8 millions de tonnes de déchets ménagers dont environ 6 millions de tonnes au niveau urbain, où plus de 65% des déchets sont évacués dans des décharges non contrôlées, et près de 2 millions de tonnes au niveau rural. «Le NMD a insisté sur l’économie circulaire afin qu’il soit présent dans les différentes transitions, notamment, écologique et circulaire.
Le développement de cette économie s’inscrit dans le programme gouvernemental. Cette question nécessite l’adhésion de toutes les parties prenantes avec une prise de conscience collective de ce sujet», a expliqué Nizar Baraka, lors de son intervention.
En ajoutant que «l’économie circulaire est une fatalité pour le Maroc qui doit faire appel aux ressources non conventionnelles pour affronter l’ensemble des défis».
Économie circulaire : Réda Chami prône une stratégie nationale
Dans ce sens, 26 décharges contrôlées accueillent à peine 32% des déchets ménagers alors qu’elles peuvent, dans le futur, recevoir près de 46% dans la perspective d’aménager six autres décharges contrôlées de première classe dédiées au traitement des déchets ménagers et assimilés.
De surcroît, selon le CESE, le déversement des eaux usées, durant les dernières décennies, est passé de 48 millions de m3 à 600 millions de m3 entre 1960 et 2005 pour se situer à 700 millions de m3 en 2010 alors les prévisions d’évolution, à l’horizon 2030, avoisinent 900 millions de m3.
Selon la présentation faite par le CESE, ainsi que les principales conclusions et recommandations de son avis, les efforts consentis et surtout l’arsenal juridique a démontré sa limite en vue de garantir une transition vers l’économie circulaire puisque le modèle actuel est basé sur une économie linéaire. D’où la nécessité d’actualiser cet arsenal conformément aux spécificités du Nouveau modèle de développement.
«Le modèle actuel de production et de consommation a un impact négatif sur l’environnement et la qualité de vie, d’où la nécessité d’opter pour un modèle durable basé sur l’économie circulaire qui est une alternative à l’économie linéaire», explique Ahmed Reda Chami, président du CESE, lors de son allocution d’ouverture.
Selon lui, «Il est primordial d’adopter une stratégie nationale de transition vers l’économie circulaire en raison des acquis économiques, sociaux et environnementaux que cela peut gépour notre pays».
Faire de l’économie circulaire un choix étatique
Pour ce faire, le nombre de recommandations émises dans le cadre de l’avis du CESE témoigne de l’espoir placé sur ce chantier. Il va sans dire que ces recommandations sont articulées autour de quatre axes présentés en détail par Mohamed Benkaddour, membre du CESE et rapporteur de ce sujet, et prononcées succinctement par Reda Chami.
Dans le détail, pour le premier axe, il s’agit de faire de l’économie circulaire un choix étatique avec la mise en place d’un cadre institutionnel tout en instaurant un modèle de gouvernance propre à l’économie circulaire afin d’activer les modalités et les mécanismes liés à la mobilisation de l’ensemble des secteurs.
Pour Reda Chami, «il s’agit aussi de mettre en place une entité de coordination relevant de l’autorité gouvernementale pour assurer la convergence et la synchronisation entre les différentes parties prenantes pour assurer cette transition vers l’économie circulaire à travers une approche sectorielle et territoriale».
Il est question aussi de mettre en place une loi-cadre régissant l’économie circulaire et révisant la loi 28.00 pour faciliter cette transition de l’économie linéaire à l’économie circulaire. De surcroît, il est nécessaire de lancer une stratégie nationale liée à l’économie circulaire et l’activation du principe pollueur-payeur sur le terrain, ainsi que le dispositif de la responsabilité élargie du producteur (REP).
Il faudra également mettre en place un mécanisme national et régional pour le suivi et le pilotage de ladite transition entre les différentes parties prenantes. En ce qui concerne le second axe, il vise à changer la perception que les différents acteurs et citoyens ont vis-à-vis des déchets notament en parlant de la notion de ressources tout réorientant les politiques de gestion d’un modèle linaire à un autre circulaire.
S’agissant du troisième axe, il englobe le renforcement des capacités techniques des opérateurs à travers la mobilisation des moyens techniques et financiers pour assurer cette transition concernant la gestion des déchets ménagers, à travers l’intégration de la valorisation dans les contrats de gestion déléguée et la condition de l’appui étatique par l’adoption de l’économie circulaire.
A cela s’ajoute le fait d’éviter d’importer des solutions technico-financières coûteuses sans prendre en considération le contexte national, régional et local. Pour sa part, le quatrième axe a mis l’accent sur l’investissement dans la recherche et développement et l’innovation pour concrétiser cette transition.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO