Digitalisation : les banques marocaines à la pointe
La digitalisation des services bancaires est en marche. Pour être au plus près du quotidien des entreprises et des particuliers, les banques rivalisent d’offres de gestion optimisées de leurs flux et transactions.
Sous la pression de la crise sanitaire de la Covid-19, laquelle a accéléré les usages numériques, et conscients de l’évolution des comportements, les établissements bancaires n’ont eu autre choix que de sacrifier à la mode de la digitalisation. Cette ruée vers le digital s’est d’abord matérialisée par le déploiement de dispositifs d’ouverture des comptes en ligne. D’autres services, plus complexes, sont aujourd’hui proposés par les banques. La Société générale, un des acteurs majeurs dans le secteur bancaire au Maroc, et qui met en avant la consultation de comptes et l’accès au conseil en ligne, n’accepte plus, d’ailleurs, les dépôts de cash dans certaines de ses agences, dites digitalisées. Elle ne devrait pas rester l’exception. Aujourd’hui, au Maroc, grâce à la dématérialisation des titres d’importation via Portnet et les outils d’e-banking, une opération d’importation de biens peut être traitée de manière complètement dématérialisée, de la domiciliation de l’opération jusqu’à son règlement. Mieux, dans le cadre d’un contrat d’affacturage, une demande de financement de remises de factures peut se faire via les outils de web-affacturage, avec accès aux reportings sur les règlements des clients de l’entreprise et les financements, selon une experte du digital. D’ailleurs, on constate, aujourd’hui au Maroc, une accélération du phénomène de fermeture d’agences bancaires.
Disparition des guichets bancaires
En effet, le nombre de guichets bancaires dans le pays s’est réduit de 29 agences, pour ressortir à 6.510 en 2020. Cette évolution résulte d’une baisse du nombre d’agences, pour les banques conventionnelles et participatives. Selon un récent rapport de la banque centrale, cette évolution s’inscrit dans un contexte de digitalisation du secteur bancaire, les banques recourant de plus en plus aux canaux digitaux. La densité bancaire, mesurée par le nombre d’habitants par guichet, ressort à 5.500 contre 5.400 une année auparavant. Pour sa part, le nombre d’agences pour 10.000 habitants s’est établi à 1,8 guichet bancaires, ce ralentissement étant lié à l’évolution du réseau des agences bancaires. Parallèlement, le nombre de cartes bancaires en circulation a augmenté de 6,3% à 17,2 millions à fin 2020, dont l’essentiel continue d’être utilisé pour des opérations de retrait en cash. En outre, le parc des guichets automatiques bancaires (GAB) a progressé de 1,6% contre 4,4% l’année précédente, pour s’établir à 7.734 unités. Les GAB étant généralement situés au niveau des agences bancaires, ce ralentissement est lié à l’évolution du réseau des agences bancaires. Sur la base des données recueillies par la BAM auprès des 13 établissements de paiement opérationnels, le nombre de comptes de paiement ouverts a cumulé, au terme de 2020, un total de 2.687.586 contre 526.063 une année auparavant, dont 99% sont détenus par des particuliers. Ces comptes sont répartis entre 43% pour les comptes de niveau 1, 39% pour les comptes de niveau 2 et 17% pour les comptes de niveau 3. Pour leur part, les commerçants acceptants et les agents détaillants ont ouvert 30.202 comptes, dont 98% sont détenus par les premiers, contre 11.236 comptes ouverts une année auparavant. Sur ces comptes, 236.259 sont considérés comme actifs, soit 8,8% des comptes ouverts à fin 2020.
Hausse des transactions effectuées via mobile
Mieux encore, renseigne BAM, les établissements de paiement ont collecté 1,2 MMDH par versement sur les comptes de paiement, contre 173,1 MDH à fin 2019, dont près de 73% ont fait l’objet d’un retrait ultérieur. Toujours selon la même source, le solde des comptes de paiement s’est établi à 74,8 MDH, contre 9,7 à fin décembre 2019. Il faut noter qu’en 2020, 91% des opérations réalisées sur ces comptes ont consisté en des versements et/ou retraits d’espèces. Autre détail important, les opérations d’exécution de paiement via mobile représentent 5% des transactions effectuées, contre 4% pour les opérations réalisées via d’autres moyens de paiement (Internet, carte, virement et prélèvement). Pour leur part, les banques ont ouvert 730.050 comptes électroniques (m-wallets), adossés à des comptes bancaires, contre 371.116, à fin décembre 2019. La quasi-totalité de ces m-wallets est détenue par des particuliers, les comptes détenus par des commerçants acceptants représentant environ 1%, soit 9.512 comptes contre 1.151 en 2019. Il faut noter que Bank Al-Maghrib a joué un grand rôle dans ce grand virage opéré par le système bancaire.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO