Éco-Business

Déploiement du très haut débit : l’infrastructure laisse encore à désirer !

Le sujet du Très haut débit est, aujourd’hui, au cœur des dynamiques de développement. Si le Maroc est l’un des pays leaders dans la région dans le classement Doing business, il lui reste encore beaucoup à faire sur ce plan. À commencer par le développement de synergies à l’échelle locale.

Que ce soit la Direction générale des collectivités territoriales, la CDG, ou encore le gouvernement, tous s’accordent à dire que l’accès à Internet, notamment le développement du Très haut débit, est un catalyseur de l’inclusion économique et de la compétitivité, au même titre que l’eau, l’électricité et le gaz, dans un contexte où le digital est devenu une réalité.

Au-delà d’être une thématique stratégique pour la sphère des télécommunications et un levier important pour le développement numérique et celui des régions, le Très haut débit se positionne comme une technologie à part entière, et occupe une place importante dans la configuration des offres territoriales des opérateurs télécoms, mais aussi des régions du Royaume.

Il y aurait une insuffisance des synergies

Cependant, le développement de synergies entre les opérateurs, tant privés que publics, et les villes et communes, figure parmi les défis à relever pour un déploiement optimal de l’infrastructure du Très haut débit.

Décrivant brièvement les problèmes observés en marge du déploiement de l’infrastructure dans la ville de Casablanca, notamment la réalisation de tranchées dans les voies bitumées, «qui ne sont ni propres ni jolies pour notre ville», Abderrahim Outass, vice-président à la commune de Casablanca, souligne que «tout ceci montre qu’on n’est pas en phase de réussir cette opération.

«À mon avis, il faut revoir la copie, pour mettre en place une stratégie et une vision convergente afin d’aller de l’avant dans la mise en place de l’infrastructure Haut débit dont nos villes ont besoin».  «Il n’y a pas, aujourd’hui, une vraie synergie entre les opérateurs, publics ou privés, et les villes. On doit y travailler. J’en appelle aux opérateurs privés, à la CDG, aux ministères, pour se mettre autour d’une table afin de discuter de l’infrastructure et de son plan de mise en place.

Pour la ville de Casablanca, nous ne sommes pas satisfaits de la situation du Haut débit. L’infrastructure y laisse vraiment à désirer. On parle de 2025, pour donner l’accès à tous les citoyens. Sans être pessimiste mais simplement réaliste, je vois mal comment on pourra y arriver, avec le niveau actuel de l’infrastructure », souligne Outass.

La fracture et l’équité numérique reviennent au devant de la scène, exacerbés par la crise du Covid-19
Le secteur des télécommunications est mû, aujourd’hui, par la croissance exponentielle de la Data et du développement des nouvelles technologies. Ce qui «appelle à un renouvellement très important des infrastructures, et donc un investissement massif dans le déploiement des réseaux Très haut débit», selon Germain Breugnot, spécialiste intervenant dans les problématiques liées au débit dans les télécoms et Associé de Titane Conseil.

Une équation pas aisée à résoudre, dans un contexte de compression tous azimuts des budgets. Soulignons que le Royaume compte à peu près 330.000 abonnés au FTTH (Fiber to the home) et à peu près 1,6 million d’abonnés à l’ADSL, pour une population d’abonnés fixe haut débit représentant à peine 5% des connexions totales à Internet.

Quand on sait que la première étape à franchir pour la digitalisation de l’économie est d’avoir un accès à un Internet de qualité et abordable sur l’ensemble du territoire, on voit qu’il reste encore beaucoup à faire et une accélération des chantiers à opérer. L’un des enjeux étant d’éviter la fracture numérique. Avec la pandémie du Covid-19, la transformation digitale de l’économie s’est accélérée.

«Du coup, la question de la fracture et de l’équité numérique reviennent au devant de la scène», explique Lotfi Lebbar, principal investment à la BERD. Si le Maroc est l’un des pays leaders dans la région dans le classement Doing business, il accuse du retard dans le Très haut débit. Il se situe autour de 4% de taux de pénétration sur la fibre optique, très loin derrière des pays comme l’Égypte ou la Tunisie.

Que dit la note d’orientations générales, à l’Horizon 2023, pour répondre aux défis du développement du Très haut débit ? Elle souligne l’importance de l’ouverture du secteur, à travers, notamment, les infrastructures filaires, comme tremplin du développement du Très haut débit au Maroc.

Tout le monde sera  aligné sur le partage  des infrastructures

Pour Hicham Chiguer, président de l’AUSIM, «le développement du Très haut débit est un prérequis pour pouvoir, non seulement lancer la digitalisation et se prévaloir d’être une digital nation, mais aussi, pour pérenniser de nombreux business et gagner en compétitivité».

Citant le rapport sur le Nouveau modèle de développement, qui encourage à «stimuler la mise en place d’une infrastructure numérique de Haut et de Très haut débit, à la fois accessible sur l’ensemble du territoire et abordable financièrement», Mustapha Lahboubi, directeur du pôle stratégie et développement du Groupe CDG, souligne que le rapport a «planté le décor des enjeux à relever.

L’autre aspect à souligner est le partage et la mutualisation des infrastructures. C’est une dimension cruciale à prendre en compte pour atteindre les objectifs fixés. Ce sera probablement un enjeu économique et financier dans le déploiement de cette infrastructure». Il souligne que «tout le monde est aligné sur le partage des infrastructures», y compris le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

«Ce qui nous reste à faire, c’est de concrétiser l’essai. En tant que pont entre l’État et les opérateurs privés, la CDG sera là, au moment venu, pour le déploiement du plan stratégique du Très haut débit», annonce-t-il.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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