Croissance : la Banque mondiale reste optimiste pour le Maroc

La croissance au Maroc devrait s’accélérer pour atteindre 3,6%, en 2025, selon les dernières perspectives de juin de la Banque mondiale alors que les prévisions de l’économie mondiale sont en fort retrait. Pour 2026 et 2027, l’institution de Bretton Woods estime que le PIB national croîtrait respectivement de 3,5% et 3,6%.
La Banque mondiale a dévoilé ses nouvelles perspectives de croissance dans le monde au titre de l’année 2025. Fait marquant, ces prévisions ont été revues à la baisse pour 70% des économies de la planète. Un lot où on retrouve le Maroc, dont la croissance devrait s’établir à 3,6%, soit 0,3 point de moins par rapport aux prévision de janvier.
La Banque mondiale souligne qu’une amélioration de la situation météorologique permettrait une bonne performance du secteur agricole. Cependant, l’activité industrielle pourrait s’affaiblir, en partie à cause de la baisse des prix du phosphate dans un contexte de demande extérieure réduite. Le déficit du compte courant devrait aussi se creuser cette année, toujours selon le rapport de la Banque mondiale.
En cause : l’augmentation de la demande intérieure. Les prévisions pour les deux années à venir restent optimistes. L’institution de Bretton Woods table ainsi sur un léger fléchissement à 3,5% (0,1 point de moins par rapport aux prévisions de janvier) en 2026 avant un retour à 3,6% en 2027.
La sécheresse, un facteur de risque
La Banque mondiale relève plusieurs risques pour l’économie marocaine. Si les vulnérabilités liées à la dette publique élevée restent une préoccupation, l’un des principaux facteurs de risque demeure la sécheresse qui affecte irrémédiablement les économies dotées d’importants secteurs agricoles, notamment le Maroc et la Tunisie, détériorant le niveau de vie et augmentant la pauvreté.
Des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus étendus pourraient provoquer des flambées des prix alimentaires et aggraver la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Ils pourraient entraîner des déplacements de population et réduire les opportunités d’emploi, tandis que les perturbations de la scolarité dues à de tels événements pourraient compromettre l’apprentissage, réduisant ainsi le capital humain sur le long terme.
D’autres catastrophes naturelles, notamment les séismes, pourraient également entraîner des pertes humaines et en capital physique massives et durables, en particulier dans les économies dont les capacités budgétaires et institutionnelles sont insuffisantes pour maintenir les infrastructures.
La croissance mondiale ralentira à 2,3 % en 2025
Toujours selon le rapport de la Banque mondiale, l’intensification des tensions commerciales et l’incertitude entourant les politiques publiques devraient faire chuter la croissance mondiale cette année à son rythme le plus faible depuis 2008 (à l’exception des récessions caractérisées).
Les experts de la Banque mondiale prévoient un ralentissement de la croissance mondiale à 2,3% en 2025. Une performance inférieure de près d’un demi-point de pourcentage à celle qui avait été projetée au début de l’année. Pas de récession mondiale pour autant.
Néanmoins, si les prévisions pour les deux prochaines années se confirment, la croissance mondiale moyenne sur la période 2020–2026 sera la plus basse enregistrée depuis les années 1960. En dehors de l’Asie, le monde en développement entre de plus en plus dans une ère de stagnation. Cette menace plane depuis plus d’une décennie.
La croissance dans les économies en développement a progressivement marqué le pas depuis trente ans, pour passer de 6% par an dans les années 2000 à 5% dans les années 2010, avant de tomber à moins de 4% dans les années 2020.
Cette évolution suit la trajectoire de la croissance du commerce mondial, qui a baissé de 5% en moyenne dans les années 2000 à environ 4,5% dans les années 2010, puis chuté à moins de 3% dans les années 2020.
La dette a atteint des niveaux qualifiés de record
La croissance des investissements s’est également tassée, tandis que la dette a atteint des niveaux qualifiés de record. Quant à la croissance, elle devrait ralentir dans près de 60% des économies en développement cette année, pour s’établir à 3,8% en 2025 avant de remonter légèrement à 3,9% en 2026 et 2027. Des taux inférieurs de plus d’un point de pourcentage à la moyenne enregistrée dans les années 2010.
Les pays à faible revenu devraient afficher une croissance de 5,3% cette année, soit 0,4 point de pourcentage de moins que le taux projeté au début de 2025. Le relèvement des droits de douane et le resserrement des marchés du travail engendrent également des pressions inflationnistes : selon les projections, l’inflation mondiale se situera à 2,9% en moyenne en 2025, soit un taux qui reste supérieur aux niveaux d’avant la pandémie.
Le ralentissement de la croissance va entraver la capacité des pays en développement à stimuler la création d’emplois, réduire l’extrême pauvreté et combler le fossé qui les sépare des niveaux de revenu par habitant des économies avancées.
Faible croissance du revenu par habitant
La croissance du revenu par habitant dans les économies en développement devrait s’établir à 2,9% en 2025, soit 1,1 point de pourcentage de moins que la moyenne enregistrée entre 2000 et 2019. En supposant que les économies en développement (hors Chine) soient en mesure de maintenir une croissance du PIB de 4% (ce qui correspond aux projections pour 2027), il leur faudrait environ deux décennies pour retrouver leur trajectoire d’avant la pandémie.
La croissance mondiale pourrait rebondir plus rapidement que prévu si les grandes économies parviennent à atténuer les tensions commerciales, ce qui réduirait l’incertitude politique générale et la volatilité financière.
Selon le rapport, si les différends commerciaux actuels étaient résolus par des accords qui réduisent de moitié les droits de douane par rapport à leur niveau de la fin du mois de mai, la croissance mondiale gagnerait 0,2 point de pourcentage de plus en moyenne sur la période 2025-2026. Alors qu’elles sont confrontées à une multiplication des obstacles aux échanges, les économies en développement devraient privilégier une plus grande libéralisation en nouant des partenariats commerciaux et d’investissement stratégiques avec d’autres économies et en diversifiant leurs échanges, notamment dans le cadre d’accords régionaux.
Compte tenu des ressources publiques limitées et des besoins croissants de développement, les décideurs devraient s’attacher à mobiliser les recettes intérieures, donner la priorité aux dépenses en faveur des ménages les plus vulnérables et renforcer les cadres budgétaires.
Pour accélérer la croissance économique, ces pays devront améliorer, selon la Banque mondiale, le climat des affaires et promouvoir l’emploi productif en dotant les travailleurs des compétences nécessaires et en créant les conditions d’une rencontre efficace entre travailleurs et entreprises sur le marché du travail.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO