Conjoncture : sans emploi, pas de reprise durable
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Le Maroc affiche une croissance économique résiliente, soutenue par des réformes structurelles et une demande intérieure solide. Toutefois, la pérennité de cette dynamique dépendra de la capacité du pays à approfondir ses réformes, à maintenir un cadre budgétaire et monétaire équilibré et surtout à renforcer son marché du travail.
L’économie marocaine connaît une accélération notable de sa croissance. C’est le constat du Fonds monétaire international (FMI) dans sa dernière analyse. Selon l’institution de Bretton Woods, cette évolution est soutenue par une forte demande intérieure et un nouveau cycle d’investissements dans plusieurs secteurs stratégiques. Une dynamique qui s’inscrit dans un contexte de réformes structurelles et fiscales visant à renforcer la résilience budgétaire et à soutenir la compétitivité des entreprises.
D’ailleurs ces réformes ont permis de réduire le déficit budgétaire en 2024. Celui-ci s’est établi à 4,1% du PIB, contre une prévision de 4,3% dans la Loi de finances. L’institution internationale recommande, à ce titre, de rediriger l’excédent de ces recettes fiscales pour accélérer le rythme de la réduction de la dette à des niveaux plus proches de ceux d’avant la pandémie.
En outre, la poursuite du financement des réformes structurelles pourrait nécessiter des efforts supplémentaires pour élargir l’assiette fiscale et rationaliser les dépenses, notamment en réduisant les transferts aux entreprises publiques dans le cadre de la réforme en cours du secteur et en étendant l’utilisation du Registre social unifié à tous les programmes sociaux.
Une croissance plus robuste
Force est de constater que l’activité économique devrait croître de 3,2% en 2024 et s’accélérer pour atteindre 3,9% en 2025, en raison de la reprise de la production agricole après les récentes sécheresses et de la poursuite de l’expansion du secteur non agricole à un rythme soutenu, toujours dans un contexte de forte demande intérieure. Des prévisions qui vont à l’encontre de celles annoncées par Bank Al Maghrib, laquelle s’attend à une décélération de la croissance en 2024 pour se limiter à 2,6%.
Toutefois, l’augmentation de la croissance devrait accroître le déficit de la balance courante vers sa norme estimée à moyen terme à environ 3%, tandis que l’inflation devrait se stabiliser autour de 2%.
Le FMI indique également que les risques qui pèsent sur les perspectives sont globalement équilibrés, avec une incertitude importante concernant l’impact économique des tensions géopolitiques et des conditions climatiques volatiles. S’agissant de l’inflation, le FMI estime qu’avec un taux d’inflation maîtrisé autour de 2%, BAM maintient une politique monétaire neutre, en adéquation avec la stabilité macroéconomique.
Ainsi, les deux institutions s’accordent à dire que toute future modification des taux d’intérêt devra rester dépendante de l’évolution des données économiques. Par ailleurs, la banque centrale continue à préparer la transition vers un cadre de ciblage de l’inflation, qui devrait renforcer la transparence et l’efficacité de la politique monétaire à moyen terme.
L’emploi, l’épine dorsale
Malgré cette reprise économique, la création d’emplois reste un défi majeur. Une approche renouvelée des politiques du marché du travail est nécessaire pour accompagner la reconversion de la main-d’œuvre issue du secteur agricole, particulièrement affecté par les épisodes de sécheresse successifs. Pour le FMI, l’accent doit être mis sur le développement des petites et moyennes entreprises et leur intégration dans les chaînes de valeur sectorielles.
Dans ce cadre, le Fonds d’investissement Mohammed VI joue un rôle clé en facilitant l’accès des entreprises aux financements en fonds propres. Par ailleurs, la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l’investissement et le renforcement des Centres régionaux d’Investissement (CRI) sont des mesures essentielles pour encourager la croissance du secteur privé.
Enfin, la réforme du cadre réglementaire, fiscal et du Code du travail est nécessaire pour éliminer les distorsions qui freinent l’essor des entreprises et les incitent à rester informelles. La modernisation du secteur des entreprises publiques est également un enjeu stratégique afin d’assurer une concurrence équitable avec le secteur privé.
Ainsi, les réformes structurelles devraient se concentrer sur le renforcement de la création d’emplois, notamment en ciblant mieux les politiques actives du marché du travail, en consolidant les programmes de soutien aux petites et moyennes entreprises et en supprimant les distorsions réglementaires qui entravent la croissance des entreprises.
Pour y parvenir, le FMI souligne que la coopération avec les institutions internationales permettra de consolider les avancées réalisées et d’adopter les meilleures pratiques en matière de politique économique.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO