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Conjoncture : BMI table sur une croissance forte pour le Maroc en 2025

Porté par une demande intérieure vigoureuse, des investissements en forte progression et une politique budgétaire expansionniste, le Maroc devrait connaître une accélération notable de sa croissance en 2025 et 2026. Selon les dernières prévisions de BMI, filiale de Fitch Solutions, le PIB réel progresserait de 4,8% en 2025, puis de 5,5% l’année suivante, malgré des incertitudes persistantes autour de la production agricole et de la conjoncture européenne.

Après une année 2024 marquée par une croissance modeste, le Maroc s’apprête à franchir un nouveau palier économique.

Selon les prévisions de BMI, filiale de Fitch Solutions, l’activité nationale devrait s’intensifier en 2025 pour atteindre une croissance de 4,8%, avant de s’établir à 5,5% en 2026.

Ces projections, supérieures à celles du consensus et du gouvernement, traduisent une dynamique de reprise soutenue par la consommation, l’investissement et une amélioration progressive de la balance commerciale. Elles s’inscrivent dans un contexte de politique budgétaire expansionniste, de taux d’intérêt en baisse et de regain d’attractivité du Royaume pour les flux d’investissements étrangers.

Une reprise timide en 2024
L’année 2024 s’est achevée sur une croissance du PIB réel de 3,2%, légèrement en deçà des attentes initiales. Le ralentissement observé au quatrième trimestre (3,7% en glissement annuel) est imputable à une faible performance des secteurs non agricoles, ainsi qu’à une contraction persistante du secteur agricole, affecté par des conditions de sécheresse prolongées. Le repli de l’activité agricole, évalué à -4,9%, marque ainsi le quatrième trimestre consécutif de baisse.

Parallèlement, la croissance de la production manufacturière a ralenti, passant de 7,5% au troisième trimestre à 3,7% au quatrième, sur fond de base de comparaison élevée et de recul de la production automobile. À l’inverse, les secteurs de la construction (+7,0%) et de l’administration publique (+3,9%) ont montré une certaine résilience, portés notamment par la relance des dépenses publiques.

La demande intérieure, un moteur retrouvé
BMI anticipe une reprise plus vigoureuse en 2025, tirée en grande partie par la consommation privée. Dans un contexte d’inflation contenue, malgré des tensions ponctuelles sur les prix alimentaires liées au Ramadan, et de baisse des coûts d’emprunt, la consommation des ménages progresserait de 4,1%, après 3,2% en 2024. Elle contribuerait ainsi à hauteur de 2,2 points de pourcentage à la croissance du PIB.

Cette embellie serait favorisée par plusieurs facteurs convergents, à savoir une amélioration de l’approvisionnement alimentaire, des transferts des Marocains résidant à l’étranger soutenus par l’activité économique européenne, ainsi que l’augmentation des salaires minimums et des dépenses publiques de personnel.

L’investissement en pleine expansion
L’investissement productif s’imposera comme un autre levier déterminant de la croissance. BMI prévoit une progression de 7,1% des investissements en 2025, ce qui représenterait une contribution équivalente à celle de la consommation privée dans la croissance globale (2,2 points de pourcentage).

Cette dynamique sera stimulée par l’assouplissement monétaire enclenché par Bank Al-Maghrib, après une baisse cumulée de 50 points de base en 2024, l’institution a de nouveau abaissé son taux directeur de 25 points de base en mars 2025, et pourrait le ramener à 2% d’ici la fin de l’année. Le maintien de conditions de financement favorables incitera les entreprises à accroître leurs investissements, d’autant plus que le taux d’utilisation des capacités industrielles se situe à des niveaux historiquement élevés.

Cette tendance sera renforcée par l’essor des investissements directs étrangers, en hausse de 55,4% en 2024, notamment dans les filières de l’automobile, de l’aéronautique et des énergies renouvelables. L’échéance de la Coupe du monde de la FIFA 2030, coorganisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, agit également comme un catalyseur pour les grands projets d’infrastructure.

Une politique budgétaire résolument proactive
Côté public, la stratégie budgétaire adoptée par le gouvernement s’inscrit dans une logique volontariste. En 2025, les dépenses courantes, hors service de la dette, devraient connaître une nette augmentation, selon les prévisions de BMI.

Cette orientation est rendue possible grâce à une mobilisation accrue des recettes fiscales et à l’appui des partenaires internationaux. Le Maroc bénéficie notamment du programme Résilience et Durabilité du Fonds monétaire international et d’un prêt de 500 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement, approuvé en octobre 2024.

BMI estime que la consommation publique contribuera à hauteur de 0,5 point à la croissance du PIB en 2025. Elle devrait continuer de soutenir la demande globale, même si son impact sera légèrement atténué en 2026 (0,4 point).

Une reprise progressive du secteur agricole
Malgré les revers enregistrés en 2024, le secteur agricole devrait entamer un redressement progressif. Cette reprise, encore fragile à court terme, pourrait néanmoins contribuer à freiner l’exode rural et à réduire le chômage dans les zones les plus affectées.

À mesure que la production alimentaire augmente, les besoins d’importations devraient reculer, ce qui atténuerait le déficit commercial et soutiendrait la contribution des exportations nettes à la croissance. Celle-ci, négative en 2024 (-1,2 point), deviendrait marginalement positive en 2025 (+0,1 point), avant de s’amplifier en 2026 (+1,1 point).

Un atterrissage maîtrisé des risques
BMI rappelle toutefois que les risques à court terme demeurent orientés à la baisse. Une persistance des mauvaises récoltes en 2025 fragiliserait les gains attendus en matière de consommation et d’équilibre commercial.

De même, une croissance plus molle que prévu en Europe, en partie en raison des tensions commerciales internationales, limiterait les débouchés des exportations marocaines, notamment dans les secteurs du textile et de l’automobile. Mais dans l’ensemble, la trajectoire reste favorable.

Comme le souligne BMI dans son récent rapport, «la croissance va s’accélérer dans les années à venir, le Maroc devenant un pôle régional pour les investissements étrangers».

Portée par une demande soutenue, des fondamentaux stables et une montée en puissance de ses capacités productives, l’économie nationale entre dans une phase d’expansion dont l’ampleur dépendra, en grande partie, de sa résilience agricole et de la solidité de ses partenaires commerciaux.

S.R. / Les Inspirations ÉCO



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