Éco-Business

CDG. Consensus autour de la réorientation stratégique

La réforme de la caisse portera principalement sur le recentrage de son activité, un point sur lequel se retrouvent le board du groupe, les parlementaires et les recommandations de la Cour des comptes.

Éprouvant passage de Abdellatif Zaghnoun, DG de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), devant la Commission de contrôle des finances publiques, mercredi 6 mars. En présence du ministre de l’Économie et des finances, Mohammed Benchaâboun, les débats faisaient suite au rapport de la Cour des comptes publié le 7 janvier dernier, dans lequel les magistrats financiers avaient relevé des dysfonctionnements majeurs dans le cadre de la gestion de l’institution de dépôt. Ainsi, le chantier principal concernera la réorientation stratégique de la caisse. Un point qui fait consensus puisque Zaghnoun explique que la grande majorité des recommandations de la Cour des comptes rejoignent parfaitement les orientations stratégiques de la CDG à horizon 2020, ainsi que les nouveaux positionnements adoptés par l’institution. La CDG démarrera donc la «Branche Investissement», nouvelle structure organisationnelle entrant dans le cadre de la mise en œuvre de son plan stratégique 2022. Pour rappel, la stratégie 2022 du Groupe CDG privilégie les modes d’intervention en tant qu’«Expert», «Co-Financeur» et «Investisseur» par rapport au mode «Opérateur» longtemps adopté par le groupe. Ces nouveaux modes permettent à la CDG de mieux répondre aux enjeux économiques du royaume – notamment ceux liés à l’évolution de son modèle de développement, à la régionalisation avancée, à la transition énergétique et au développement durable – tout en lui permettant de consolider son modèle économique, d’accroître significativement ses capacités d’intervention et de mieux gérer ses risques… La création de la Branche Investissement a pour but de permettre au Groupe CDG de développer son positionnement «Investisseur» tel que défini dans le cadre de son plan stratégique 2022, dans les meilleures conditions de moyens, de cohérence et de lisibilité. La Branche Investissement est portée par la holding «CDG Invest», et comprend dans son périmètre les filiales suivantes: Fipar-Holding, Acacia Participations, CDG Capital Private Equity et CDG Capital Infrastructures. C’est dans cette logique que deux branches avaient vu le jour en octobre 2017, à savoir la Branche Développement territorial, portée par CDG Développement, et la Branche Tourisme, portée par Madaëf.

Quid du tourisme ? 
Le retrait de certaines activités apparaît donc de plus en plus inévitable. Si les activités liées à l’immobilier ou au bois sont en voie de liquidation, la question du tourisme reste posée. Elle est même fondamentale puisqu’elle constitue le talon d’Achille stratégique du groupe. S’il est de notoriété publique que l’intervention de la CDG a permis de contribuer à sauver une grande partie de l’industrie hôtelière, la Cour des comptes pointe néanmoins du doigt des défaillances structurelles en la matière. De 2008 à 2017, l’activité touristique enregistre des résultats négatifs et une participation structurellement négative au résultat de la caisse.

En l’absence d’une vision claire en matière de stratégie et de gouvernance de cette activité, il a été relevé une faible rentabilité malgré l’importance des investissements engagés. L’analyse des états financiers d’un échantillon de 10 entités pendant la période 2007-2012 corrobore ce constat. Plusieurs filiales, présentant des difficultés pour créer de la valeur pour le groupe, ont été jugées comme présentant un risque compromettant la continuité de leur exploitation. Ainsi, plusieurs entités affichaient des résultats nets déficitaires, générant des pertes cumulées importantes et une capacité d’autofinancement négative, grevant significativement les capitaux propres. De même, les capitaux investis n’ont pas été couverts par des ressources stables dénotant d’une situation financière déséquilibrée.

En outre, les sociétés objets d’analyse sont surendettées. Le total des dettes représente en moyenne 90% du total bilan, ce qui risque de les empêcher d’avoir recours au financement par crédit bancaire et encore moins distribuer des dividendes. D’ailleurs, aucune remontée de dividendes n’a eu lieu par ces sociétés pendant la période analysée. Par ailleurs, plusieurs entités enregistrent une trésorerie nette négative montrant que le besoin de financement global est important. Dans le cas particulier des hôtels achetés auprès du CIH, CDG a entamé une action d’assainissement de leur situation sur les plans foncier, juridique, fiscal et social. Toutefois, elle rencontre des difficultés à rentabiliser ces hôtels malgré les actions de redressement menées et les ressources importantes engagées sous forme de prêts (19 prêts octroyés pour un montant total de 211 MDH). Par ailleurs, l’analyse des business plans de ces sociétés de 2013 à 2020 fait ressortir des résultats négatifs. Ainsi, le total de pertes prévisionnelles s’élève à 70,2 MDH. 



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