Carburant. Pas de flambée en août
Une série d’indicateurs particulièrement défavorables a récemment déçu les attentes concernant les performances économiques de la Chine. Ceci n’a pas manqué d’alimenter les inquiétudes quant à la consommation d’intrants, laquelle demeure déterminante pour la demande mondiale, notamment de pétrole. Avec un baril désormais à 77$, la tendance baissière semble bien partie pour s’installer tout au long du mois d’août.
Tous les indicateurs laissaient présager une période estivale assez houleuse pour le cours du baril de Brent, affichant une tendance à la hausse, observée dès le mois de juin, et principalement engendrée par l’anticipation d’une forte demande internationale. Or, à la grande surprise des observateurs, les pronostics ne se sont pas avérés justes.
En effet, la tendance haussière qui était enregistrée au début du mois de juillet a basculé. Dès lors, le cours du pétrole n’a cessé de fluctuer. Alors qu’il caracolait à 87 dollars il y a près de 2 mois, il se situe actuellement à un niveau ne dépassant pas les 77$.
Volatilité
À en croire les professionnels du secteur, cette situation est bien partie pour durer, du moins durant la prochaine quinzaine du mois d’août. Un constat corroboré par Mostafa Labrak, expert en énergie et directeur général d’Energeysium Consulting. «La situation géopolitique actuelle reste marquée par la montée en puissance des tensions au Moyen-Orient et en Ukraine, ce qui perturbe la stabilité du pétrole et influe sur le prix du carburant. S’ajoute à cela la demande chinoise qui demeure en retrait, alors qu’il était prévu qu’elle décolle durant la période estivale, laquelle connaît habituellement une hausse. De plus, le lundi noir des bourses internationales a créé une réticence auprès des investisseurs, qui redoutent de nouveaux soubresauts. Ainsi, tout à porte à croire que la tendance baissière se poursuivra, engendrant une baisse des prix du carburant au Maroc, aussi bien pour le gasoil que l’essence», commente-t-il.
En termes de demande dont dépend fortement l’évolution du cours du baril de Brent, le recul est tel que l’organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) a revu à la baisse les prévisions de croissance de la demande, de 135.000 barils par jour, principalement en raison des incertitudes qui touchent l’économie chinoise. L’OPEP table désormais sur une demande de 104,32 millions de barils par jour (mb/j) pour 2024, et de 106,11 mb/j pour 2025.
Par ailleurs, la réduction de la demande mondiale prévue par l’organisation a mis en évidence le dilemme auquel est confronté le groupe élargi de l’OPEP+ en ce qui concerne l’augmentation de la production à partir d’octobre. À noter que la réduction des prévisions de l’OPEP pour 2024 est la première depuis juillet 2023 et fait suite à la multiplication des signes indiquant que la demande en Chine est inférieure aux attentes. Ceci est dû à la baisse de la consommation de diesel et à la crise du secteur immobilier qui entrave l’économie du pays et se répercute, en conséquence, sur les prix du pétrole.
Consommation en berne
Pour des raisons similaires, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a réduit son estimation de la croissance de la demande de pétrole pour 2025, évoquant l’impact de l’affaiblissement de l’économie chinoise sur la consommation. Au total, pour l’année 2024, l’AIE prévoit une consommation mondiale de 103,06 millions de barils par jour, contre 102,09 mbj en 2023 et 100,6 mbj en 2019.
Toutefois, cette baisse est survenue bien qu’une augmentation inattendue des stocks de pétrole brut aux États-Unis ait été enregistrée. En effet, les stocks de brut américains ont augmenté de 1,4 million de barils, alors que les estimations tablaient sur une baisse de 2,2 millions de barils, selon les données de l’Administration américaine d’information sur l’énergie (U.S. Energy Information Administration). Cette augmentation est la première après six semaines consécutives de baisse. Dans un autre registre, les analystes misent sur la probabilité d’une baisse du taux d’intérêt, ce qui pourrait stimuler la demande.
Les marchés monétaires ont même parié sur une réduction de 25 ou 50 points de base (pbs) des taux d’intérêt américains en septembre, s’attendant à un assouplissement total de 100 pbs d’ici la fin 2024. Les baisses de taux ont tendance à stimuler l’activité économique, ce qui augmente l’utilisation de sources d’énergie telles que le pétrole.
«La situation géopolitique actuelle reste marquée par la montée en puissance des tensions au Moyen-Orient et en Ukraine, ce qui perturbe la stabilité du pétrole et influe sur le prix du carburant. S’ajoute à cela la demande chinoise qui demeure en retrait, alors qu’il était prévu qu’elle décolle durant la période estivale, laquelle connaît habituellement une hausse. De plus, le lundi noir des bourses internationales a créé une réticence chez les investisseurs qui redoutent de nouveaux soubresauts. Ainsi, tout à porte à croire que la tendance baissière se poursuivra, engendrant une baisse des prix du carburant au Maroc, aussi bien pour le gasoil que l’essence.»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO