Marché obligataire : les investisseurs dans l’expectative

Le marché obligataire poursuit son réajustement dans un contexte de normalisation progressive des conditions de liquidité et de prudence budgétaire. Selon l’analyse de BMCE Capital Global Research (BKGR), la semaine passée a été marquée par une levée significative du Trésor sur le long terme, une détente des taux sur le marché secondaire et une réduction du déficit de liquidité bancaire.
Le marché de la dette a connu une semaine contrastée au 31 juillet 2025, marquée par une poursuite de l’allégement du déficit de liquidité bancaire, une levée significative du Trésor sur le long terme, et une tendance baissière sur le marché secondaire. Dans son dernier rapport Fixed Income Weekly, BKGR (BMCE Capital Global Research) décrypte les dynamiques à l’œuvre, dans un contexte attentiste avant la prochaine décision de politique monétaire de Bank Al-Maghrib.
Un déficit de liquidité qui continue de s’alléger
Le déficit de liquidité bancaire moyen s’est réduit de 3,22%, atteignant -126,3 MMDH. Cette évolution s’est accompagnée d’une hausse des avances hebdomadaires de la Banque centrale, qui sont passées de 49,49 à 51,4 MMDH.
En parallèle, les placements hebdomadaires du Trésor ont reculé, avec un encours quotidien maximal de 13,8 MMDH, contre 21 milliards lors de la période précédente. Le taux moyen pondéré (TMP) interbancaire reste stable à 2,25%, tandis que le MONIA (Moroccan Overnight Index Average) enregistre une légère baisse, s’établissant à 2,233%.
Pour les analystes de BKGR, cette configuration traduit une «poursuite de l’allégement du déficit budgétaire» tout en maintenant une politique monétaire relativement accommodante, dans un contexte où Bank Al-Maghrib devrait intensifier ses interventions dans les semaines à venir.
Une levée de dette publique orientée long terme
Sur le marché primaire, le Trésor a procédé à une levée de 5 milliards de dirhams, soit 65% du montant initialement proposé. Cette levée s’est concentrée sur des maturités longues, notamment 10 et 20 ans, avec des taux limites allant jusqu’à 3,3548% pour l’échéance 2045.
Les hausses de taux primaires constatées, +6 points de base sur la ligne à 10 ans et +2 points sur celle à 20 ans, traduisent une certaine tension sur la dette longue. Le papier à 2 ans a vu son taux passer à 2,2496%, en progression de 2 points de base également, tandis que la maturité à 26 semaines s’est légèrement détendue de 1 point.
Cette orientation vers le long terme confirme la volonté du Trésor de sécuriser des financements dans un contexte de taux encore modérés. BKGR note une «forte levée du Trésor sur le LT», avec un intérêt notable des investisseurs pour les maturités longues malgré un environnement macroéconomique encore incertain.
Une perspective haussière à court terme
Le marché secondaire a connu une détente globale, particulièrement sur les maturités les plus courtes. La ligne à 26 semaines enregistre la plus forte baisse avec 24,04 points de base, suivie de la ligne à 52 semaines (-13,82 pb).
Sur la courbe longue, les variations sont plus modérées, 1,06 pb sur le 10 ans, -0,95 pb sur le 20 ans et une stabilité relative sur les autres maturités. La ligne à 2 ans est l’une des rares à enregistrer une légère hausse (+0,77 pb). BKGR qualifie cette configuration de «tendance baissière sur le secondaire», reflétant une certaine prudence des investisseurs, dans l’attente des prochaines annonces de politique monétaire et des orientations du projet de loi de finances 2026.
En matière de prévisions, BKGR anticipe une remontée progressive des taux sur le marché obligataire à court terme. Deux éléments justifient cette projection : d’une part, un besoin de financement du Trésor «davantage soutenu», d’autre part, une posture prudente des investisseurs en amont de la prochaine intervention de la Banque centrale. Si la politique monétaire reste globalement accommodante, les premières orientations du PLF 2026 pourraient introduire de nouveaux paramètres dans les arbitrages des investisseurs institutionnels.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO