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Bientôt des boîtes noires dans vos voitures

Votée par un organe subsidiaire des Nations Unies, une norme contraignante obligera les constructeurs automobiles à installer des systèmes automatisés de maintien de trajectoire, ainsi que des systèmes de stockage des données destinés à cette conduite autonome. Explications.

Après l’airbag conducteur, le contrôle électronique de stabilité (ESP) et le freinage automatique d’urgence, une autre sophistication sécuritaire est en passe de devenir obligatoire sur toutes les voitures neuves vendues en Europe. Il s’agit des systèmes automatisés de maintien de trajectoire ou ALKS (pour «Automated Lane Keeping Systems» qui correspond à un module de conduite semi-autonome de niveau 2. C’est ce que prévoit un règlement sur les voitures autonomes, voté le mois dernier à l’ONU par plus d’une cinquantaine de pays dont le Japon, la Corée du Sud et les membres de l’Union européenne. Plus précisément, ce texte a été adopté par le «Forum mondial pour l’harmonisation des règlements concernant les véhicules» qui n’est autre qu’un organe subsidiaire des Nations Unies rassemblant 53 États d’Europe, d’Asie et d’Afrique.

Toute une liste d’exigences
Cette loi, qui entrera en vigueur dès 2021, sera logiquement contraignante pour les constructeurs automobiles et imposera également l’intégration d’une boîte noire appelée «système de stockage des données pour la conduite automatisée». Cette boîte noire prendra la forme d’un disque dur de grande capacité de stockage de données, qui sera niché dans la boîte à gants ou ailleurs dans les entrailles du véhicule. Ledit règlement exige de façon stricte que ces dispositifs dits ALKS soient capables de contrôler le véhicule lorsque le conducteur est au volant et que sa ceinture de sécurité est attachée. En outre, il est exigé des constructeurs que ces systèmes ne fonctionnent qu’à une vitesse maximale de 60 km/h et qu’ils ne puissent être activés que sur les routes où les piétons et les cyclistes sont interdits, mais aussi les voies dotées d’une séparation physique entre les deux sens de la circulation. Il est également prévu de rendre obligatoire l’introduction des systèmes de reconnaissance de la disponibilité mentale du conducteur qui doivent être capable de déceler si celui-ci est vigilant, non somnolent et apte à prendre le contrôle de son véhicule. Autre exigence, la déconnexion automatique des fonctions Internet, vidéo, divertissement sur les écrans multimédia (à l’avant) lorsque le conducteur prend le volant. Une obligation à laquelle se soumettent déjà les grands constructeurs comme BMW, dont l’interface multimédia de l’écran central n’autorise le visionnage de vidéos qu’à l’arrêt complet du véhicule.

En vigueur au Japon dès 2021
Il est intéressant de noter que l’Allemagne et le Japon sont les seuls pays à avoir co-dirigé la rédaction de ce règlement. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise lorsqu’on sait que ces deux pays sont aujourd’hui les plus avancés dans l’industrie automobile et dans le développement de la conduite autonome, dont Nissan est le chef de file local. Il n’est pas non plus surprenant d’apprendre que le Japon mettra en application ce règlement dès son entrée en vigueur. En revanche, la Commission européenne a annoncé que ce règlement s’appliquerait dans l’Union européenne «à une date ultérieure», sans toutefois la préciser. Quant aux États-Unis, qui ne font pas partie dudit forum mondial, leurs constructeurs automobiles n’auront d’autre choix que de se conformer à ce nouveau règlement afin de pouvoir vendre leurs véhicules dans des pays comme le Japon. Au-delà de l’adoption de cette norme contraignante, la question de l’éventuelle généralisation de la voiture autonome restera suspendue en raison d’autres difficultés non encore définitivement surmontées. Il y a le risque de piratage des données et, avec lui, la prise du contrôle du véhicule autonome, mais aussi la responsabilité en cas d’accident ainsi que le manque d’infrastructures, plus particulièrement dans les pays pauvres comme ceux du continent noir. Parmi les plus graves carences en la matière, citons une défaillance de la signalisation routière, et surtout un marquage au sol irrégulier et généralement incomplet. Enfin, en se conformant à cette nouvelle norme, les futures voitures verront leurs prix grimper d’un cran, puisque les technologies de pointe ont souvent un coût non négligeable. Le surcoût se répercutera donc sur le client final qui devra se résigner à admettre que sa sécurité -ou plutôt sa vie- n’a pas de prix.

Jalil Bennani / Les Inspirations Éco


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